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Les beftiaux, auffi-bien que les moutons, n'aiment pas tant l'herbe Bruyeres que les Navets mêmes. On ne con- fertiles. duit pas les premiers fur le terrein où font les Turnipes; mais lorfqu'on veut leur en donner, on les tire de la terre, & on doit les leur donner entiers, & non coupés, de peur qu'ils fe faffent du mal en les avalant ; mais il ne faut pas manquer de leur donner toujours en même tems un peu de foin ou de la paille; parce que la nourriture des Navets feuls feroit trop humide. Quelques economes commencent, avant de mettre leurs beftiaux à la nourriture des Turnipes, par leur donner du gaudron où du cambouis, autant qu'un œuf en peut tenir.

Les moutons au contraire font conduits fur le champ même ensemencé de Turnipes, où ils ont l'adreffe de creufer les Navets, enforte qu'ils en tirent le meilleur, & laiffent la croûte dans la terre. Des oeconomes bien exacts ne laiffent pas aller les moutons fur tout le champ ; ils en marquent un canton proportionné à leur nombre qu'ils entourent de

clayes, qu'on avance à mesure que Bruyeres les moutons consomment les Turnifertiles.

pes. Quand les moutons s'en font raffafiés, on les conduit dans un autre pâturage, & on ne les laiffe jamais paffer la nuit dans les champs de Turnipes.

6. On feme les Turnipes en Juin & en Juillet, comme il a été dit N° 3. On peut commencer à s'en fervir depuis le mois d'Octobre, & l'on continue tant qu'on peut fouiller dans la terre, puifque ces Turnipes ne font point fujettes à fe geler.

Lorfque dans le printems fuivant, on a fait pâturer les champs de Navets par les moutons, comme il a été dit No 5, on laboure ce champ pour la premiere fois dans ce printems auffi-tôt qu'on peut ; & ce qui refte de Navets & d'herbe, on le fait entrer en terre, afin que ce refte de plantes fe pourriffe dans la terre, & ferve de fumier au champ. Vers le tems ordinaire de la femaille, on laboure la terre pour la feconde fois on la prépare pour la femence, & on l'enfemence avec de l'orge ou de l'avoine. Certains bons oeconomes

Bruyeres

n'envoyent fur leurs champs de Tur-
nipes ni beftiaux, ni moutons, & ils
n'employent de ces Navets que le fertiles.
néceffaire pour leur menage & pour
les vaches à lait. Ils laiffent les au-
tres Turnipes dans la terre comme
ils font venus, jufqu'à ce qu'ils la-
bourent au printems, pour les faire
fervir de fumier.

7. Lorsqu'on veut faire de la femence de Turnipes, il faut choifir pour cet effet un canton du terrein enfemencé avec ces Navets, auquel on a foin que les beftiaux ne touchent point.

On tire les Turnipes de la terre le premier printems après avoir enfemencé, & on en choifit les plus ronds & les meilleurs qu'on plante dans un terrein bien remué & mou, à 12 pouces de distance d'une plante à l'autre.

Il est cependant néceffaire de faire venir de la femence d'ailleurs, tous les deux ou trois ans, parce qu'autrement les Turnipes dégénérent.

8. Pour rendre fertile le terrein aride au point qu'il porte du froment, on fe fert en Angleterre de la métho de fuivante.

On laboure dans le printems le ter

Bruyeres rein qu'on veut rendre fertile, & on fertiles. le prépare pour l'enfemencer. On y feme enfuite beaucoup de grand treffle rouge, & en même tems de l'orge ou de l'avoine, mais en très-petite quantité.

Quand l'orge & l'avoine font mûrs, on les coupe avec des faucilles à la main pour les moiffonner, & on laiffe le treffle jufqu'à la S. Jean d'enfuite. On le fait alors couper, & l'on en tire du bon foin pour les bêtes à corne & pour les chevaux.

Après cette moiffon on peut y laiffer paître les bêtes à cornes ou les chevaux pendant un ou deux mois. En Août on laboure le champ, enforte que fa croute fupérieure vienne en bas; on la prépare vers le tems ordinaire de la femaille (qui eft en Angleterre d'abord après la Saint Michel, vieux ftile) & l'on y feme du froment qui y vient fort bien : 10 à 12 livres de graine de treffle fuffifent pour enfemencer un arpent de ce pays.

9. Il fera fans contredit fort utile de mêler le terrein fabloneux des

Bruyeres avec de l'argile; mais cet ouvrage demande beaucoup de tems Bruyeres & de dépenfe, à moins qu'on n'ait fertiles. de la terre argilleufe près de la Bruyere, & qu'il ne faille pas la faire apporter de bien loin.

Q

MEMOIRE

Sur le Commerce de Ruffie.

UOIQUE la Ruffie fe foit éten

due avec le tems dans la Sibe- Commerce rie, dans les Royaumes d'Aftracande Russie. & de Cafan, dans l'Ukraine où elle

a bâti des villes, dans la Livonie & dans la Finlande; cependant elle n'étoit anciennement compofée que de quatre Gouvernemens qui étoient ceux de Novogorod, Arkangel, Nifgorod & Moskou. Ce dernier étoit le plus fertile & le plus peuplé. Les Ruffes ne faifoient alors de commerce que celui qui leur étoit indifpenfable: du refte ils vivoient prefque dans l'état de nature, comme vivent encore plufieurs nations Tartares.

Vers la fin du neuviéme fiécle un

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