Mémoire fur les Charbons de terre, par M. Zimmerman. Es Charbons de terre font des LES Charbons corps fecs & durs, qu'on trouve dans la terre. Ils reffemblent par de terre. leur couleur noire au charbon ordinaire, ils font de même inflammables & brûlent pendant un long tems. Je ne puis étendre davantage cette définition, parce que nous connoiffons plufieurs efpéces de Charbons de terre toutes.comprises fous ce même nom, quoiqu'elles foient en effet toutes différentes ; & l'on peut dire en général qu'il regne encore beaucoup d'obfcurité dans la Minéralogie fur ces minéraux ignobles. Chacun n'a décrit que le Charbon de terre qu'il connoiffoit, fans l'avoir comparé avec d'autres efpéces. On a même donné fur leur nature & leur origine des vérités particulières. pour des propofitions univerfelles; d'où il s'eft formé mal-à-propos un mêlange de différentes opinions, qui feroient trop longues à examiner ici, Charbons de terre. Il fuffira de pofer pour base de ce que l'on peut dire fur cette matière un fentiment qui foit reçû de la plû part des Sçavans. Le célébre M. Anderfon, Bourgmeftre à Hambourg, penfoit que les Charbons de terre tirent leur origine du bois pétrifié répandu fous terre, & pénétré d'outre en outre d'une fubftance inflammable; que les morceaux où dominoit la fubftance pierreuife, étoient appellés Charbons de terre, & ceux où il reftoit le plus de fubftance de bois avoient reçû le nom de Charbons foffiles. Plufieurs fçavans Naturalistes font de ce même fentiment, ou croyent du moins qu'une pouffière de bois a engendré les Charbons de terre. On ne fçauroit nier en effet, qu'il ne s'en trouve en certains endroits ; mais comme il est évident que ces produtions fe font formées par le hafard qui a répandu du bois en ces lieux, on conçoit en même temps qu'elles font un ouvrage extraordinaire de la nature, qu'on doit regarder comme une rareté, & non comme une certaine efpéce déterminée ; & que par Charbons de terre. conféquent on ne peut pas dire la même chofe de tous les Charbons de terre. Ceux qui fe font rendus fçavans par leurs expériences, divifent les Charbons de terre en plufieurs efpéces, dont les dénominations différent felon les Dialectes de chaque pays. Je ne les citerai pas ici, puifque je me réserve d'en écrire un Traité particulier. La meilleure divifion, la plus conforme à la nature, & la plus claire que l'on puiffe faire, eft de les diftinguer en Charbons de poix & Charbons d'ardoi fe. Les Charbons de poix font ceux qui font fermes & compactes dans leur fexture, d'une belle couleur noire ou d'un brun noirâtre avec une furface luifante & unie comme la poix lorfqu'on la caffe. Ils font pefans, & en comparaison des autres, doux, fans fcories ni autres impuretés, & renferment beaucoup de matière combustible. On les appelle auffi Charbons de forge, parce qu'on les employe principalement pour les ouvrages que l'on forge. Les Charbons d'ardoife font de moindre valeur, leur texture eft caffante & faite en forme de couches. Ils ne font pas Charbons fi noirs que les autres, & ils ont un de terre. luifant clair. Ils demandent un feu découvert & léger, & laiffent beaucoup de fcories: c'eft pour cela qu'on ne s'en fert pas dans les forges, on les employe feulement pour les befoins du ménage. Ils font couchés au-deffus des Charbons de poix, & les Mineurs les appellent le Toit des autres ou Charbons du Toit. On en trouve encore une autre efpéce, mais qu'on feroit bien de n'appeller que Mottes de terre ou Charbons ufés & rongés par le temps & l'air. Ils font plutôt gris que noirs fort légers, & ne retiennent pas longtemps le feu. Ce font là les efpéces principales de Charbons dont ceux d'ardoife font les plus communs, les Charbons de poix les meilleurs, les Charbons de bois pétrifiés les plus rares, & les Mottes de terre inflammables les moindres pour la valeur. On pourroit amaffer quarante ou cinquante fortes différentes de ces Charbons, felon les divers cantons où l'on en trouve, fi l'on vouloit entrer dans un détail plus particulier. de terre. Cet examen des circonftances extrinfeques ne donne guère de fatis- Charbons. faction à un Naturaliste, & n'est même d'aucune utilité, tant qu'on ne confidere point la fubftance intrinfeque, qu'on ne connoît pas toujours par les apparences & les dehors. Pour parvenir à ce dernier point, il faut obferver 1° quelle eft la nature du corps des Charbons de terre ; 2o, quelle eft celle de la matière combustible qui a pénétré ce corps. Le corps des Charbons de terre a été fans contredit pris d'une terre qui en fe formant a été peu à peu pétrifiée. Cette terre n'eft pas une terre fubtile & tendre comme on fuppofe qu'est celle qui forme la bafe des métaux nobles, & qu'on ne fçauroit reconnoître que par la haute Chymie. C'eft plutôt une terre rude & crue, & qui n'eft pas fi douce que la terre des jardins & des champs. Il faut que cette terre fe foit laiffée fort aifément laver & emporter par l'eau, qu'en même temps elle ait fubfidé & fe foit affaiffée en forte qu'elle foit devenue compacte & confolidée elle doit avoir laiffé fort ai |