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n'appartenoient pas même à tous les Grecs il nous en a fruftrés, nous les Theffaliens les Doriens, tous les autres Amphictyons. Il réforme à fon gré le gouvernement de la Theffalie. Il envoie des troupes, & dans Porthmos pour en chaffer les Erétriens ; & dans Orée, pour la faire plier fous (3) un Tyran.

Voilà ce que fouffrent les Grecs. Voilà ce qu'ils voient du même œuil qu'on regarde tomber la grêle : chacun pour la détourner de deffus fes terres, faisant des voeux, & rien de plus. Telle eft l'infenfibilité de la Grèce, que non. feulement les injures faites à la nation en général ne trouvent point de vengeur, mais que perfonne même ne venge les injures qu'il reçoit perfonnellement. Ambracie & Leucade, villes qui appar tiennent aux Corinthiens, Philippe ne les a-t-il pas envahies? Celle de Naupacte, ne l'a-t-il pas enlevée aux Achéens & promife aux Etoliens? Thèbes ne l'a-t-elle pas laiffé s'emparer d'Echine? les Phocéens, maîtres du Temple, de confulter l'Oracle les premiers. J'ai évité d'être ici trop littéral, de peur d'être obfcur. (3) Philiftide, nommée dans le Texte.

Actuellement ne marche-t-il pas contre Byzance de qui alliée ? d'Athènes. Je fupprime le refte. Mais Cardie, la principale ville de la Cherfonèse n'eft-elle pas entre fes mains?

Outragés au point que nous le fommes tous en général & en particulier, nous temporifons: la molleffe nous endort: nous en fommes de part & d'autre à nous regarder un efprit de défiance règne par-tout. Mais enfin. fi cet hom me traite avec tant de hauteur la Grèce entière, que fera-ce, quand il nous aura tous affervis les uns après les autres ?.

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Quel est donc ATHENIENS, la

fource de tout ceci? Car les Grecs n'ont

pu, fans y être déterminés par quelque puiffant motif, passer de ce violent amour qu'ils eurent autrefois pour la liberté, au goût qu'ils marquent aujourd'hui pour l'esclavage.

Autrefois il y eut dans le cœur de nos peuples, il y eut ce qui n'y eft plus; ce qui alors brava l'opulence des Perfes; ce qui maintint la Grèce libre, ce qui nous rendit invincibles & fur terre. & fur mer. Depuis que cela n'eft plus, tout a changé de face parmi nous. Qu'étoit-ce donc Rien de mystérieux, point

d'artifice

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con

ou à

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mais une haine universelle & implacable contre tout mercenaire, tre tout homme capable de fe prêter à qui eût cherché à nous affervir nous corrompre. Accepter un préfent c'étoit alors un crime capital, puni avec la dernière rigueur, & irrémiffiblement. Alors ni vos Orateurs ni vos Généraux ne vendoient ces occafions heureuses; qui fouvent refufées aux plus vaillants & aux plus attentifs, font accordées par la fortune aux lâches & aux négligents. Alors on ne vendoit ni la concorde qui doit régner entre les Grecs, ni la défiance où ils doivent être des Barbares ni l'horreur dufe aux Tyrans, ni enfin aucun des appuis de notre liberté. Aujourd'hui tout cela ce négocie, comme en plein marché. Tout eft facrifié à un fordide intérêt. On porte envie à ceux qui reçoivent s'ils l'avouent, on ne fait qu'en rire s'ils en font convaincus, on leur pardonne : & c'eft fe rendre odieux, que de s'élever contre de tels abus, principe de tous nos maux. Car du refte nous fommes aujourd'hui plus puiffants que nous ne le fûmes jamais, en vaiffeaux en troupes, en revenus, en tout. Mais le trafic de nos mercenaires détruit, ren

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verfe, anéantit toutes nos forces.

Pour juger du préfent, vous n'avez qu'à ouvrir les yeux. Mais que nos pères ayent bien autrement penfé, c'eft ce que je prouve par l'infcription qu'ils gra vèrent fur une colonne de bronze, pofée dans notre citadelle, pour faire paffer jufques à nous une leçon fi néceffaire. Je dis, ATHENIENS, jufques à nous : car ils n'en avoient pas. befoin eux , pour apprendre leur devoir. Voici cette infcription: Qu'Arthmius de Zélie fils de Pythonax, foit tenu pour infâme, & pour ennemi des Athéniens & de leurs alliés, lui & les fiens. On ajoûte pour quelle raifon Parce qu'il a fait paffer de l'or des Médes dans le Peloponnèfe. On ne dit pas, ́dans Athènes. Je cite mot

pour mot.

Rentrez donc, au nom de Jupiter & de tous les Dieux, rentrez en vous-mêmes. Voyez avec quelle fageffe avec quelle dignité vos pères ont pensé. Un efclave du Roi de Perfe, tel que cet Arthmius qui étoit né à Zélie ville d'A

fie, ils le déclarent ennemi des' Athéniens & de leurs alliés, ils le notent d'infamie lui & fa race, pour avoir apporté de l'or, par l'ordre de fon maître,

non dans Athènes, mais dans le Péloponnèfe.

Qu'importoit à un Zélitain, direz-vous, d'être flétri dans Athènes ? Auffi n'étoitce pas une fimple flétriffure : car, fuivant nos Lois, c'étoit le juger coupable de mort " & mettre (4) fa tête à

prix.

1.

Vos pères, par conféquent, fe cravoient dans l'obligation de veiller au falut public. Autrement ils ne fe fuffent, ni embarraffés que la corruption fe gliffât dans le Péloponnèfe; ni portés à punir les féducteurs, & à graver leur infamie fur le bronze. Par-là ils faifoient que les Grecs imprimoreni 1 terreur aux Barbares, & non les Barbares aux Grecs. Aujourd'hui c'est le contraire, parce que vous avez dégénéré. Vous favez en quoi & comment. Mais faut-il que nos reproches tombent fur vous feuls? Tous les autres Grecs ne font pas moins condamnables que vous.

vement

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Je conclus que dans la conjoncture présente vous avez befoin, & d'agir vi& d'être bien confeillés. Vous dirai-je mon avis? Me l'ordonnez-vous? (4) Dans le Texte on cite le commencement de deux lois d'Athènes fur ce fujet.

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