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teftent Philippe ; & actuellement lui font la guerre. Mais de plus le confident & le complice (5) de fes deffeins fur la Perfe vient d'être arrêté. Ainfi ce ne fera point par nous, qui pourions être foupçonnés de parler uniquement pour nos intérêts; ce fera par l'Agent même de Philippe, que le Roi apprendra ce qui se tramoit contre lui. Vos Ambaffadeurs, dans une circonftance fi favorable, feront agréablement reçus : & quand ils repréfenteront au Roi, que fi, faute de fecours, il nous arrivoit de fuccomber dès-lors Philippe, fans obftacle, fondroit fur la Perfe; le Roi ne poura qu'être charmé de la propofition qu'ils lui feront de joindre ces forces aux nôtres, pour accabler un ennemi commun. Voilà ce qui me fait dire qu'il faut lui envoyer une Ambassade, fans écouter ces vieilles maximes, Que c'est un barbare, Que c'est l'ennemi de tout le genre humain, & autres fembla

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(5) Selon Ulpian, dans fon Commentaire fur cet endroit, ceci regarde l'Eunuque Hermias, Gouverneur d'Atarne en Myfie, avec lequel Philippe entretenoit de fecrètes intelligences méditant déjà la conquête de l'Asie & ces grands projets qui furent exécutés par fon fils Alexandre le Grand,

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bles préjugés, qui vous ont déja nui plus d'une fois. Pour moi, quand je vois des gens qui veulent nous faire peur d'un Prince, dont le féjour eft (9) à Ecbataou à Suze, qui nous exhortent à nous en défier, après les marques certaines qu'il nous a données autrefois, & depuis peu encore, d'une bienveillance à l'épreuve; qui nous tiennent en même temps un tout autre langage de ce brigand, dont nous voyons la puiffance s'étendre dans le fein de la Grèce, & jufqu'à nos portes; j'admire ces gens - là, & qui qu'ils foient, je les crains, puifqu'ils ne craignent pas Philippe. Une autre chofe qui fait que la République n'eft point fervie, dont les citoyens mal intentionnés abufent, & qui eft parmi nous un fujet perpétuel de brouilleries & d'altercations, la voici. Je

(6) Les Rois de Perfe paffoient l'été à Ecbatane en Médie, & l'hiver à Sufe en Perfe. Celle de ces deux villes qui étoit la moins éloignée d'Athènes, en étoit à fix cents de nos lieues. Il eft dit ici dans le Texte, que le Roi de Perfe avoit fait depuis peu des offres à la République d'Athènes, qui les avoit refufées. C'eft un fait inconnu, & fur lequel on ne peut alléguer que des conjectures, qui feront employées ci-après, Rem. 2.

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me fais une peine de toucher cet article. Je m'y détermine cependant, parce qu'il n'y auroit, ce me semble, rien de plus utile que de concilier les pauvres avec les riches, & les riches avec les pauvres ; d'affoupir leurs querelles réciproques au fujet de l'argent qui fe diftribue (7) pour le Théâtre ; & de faire voir que cet usage bien loin d'être pernicieux à la République, lui donne au contraire une nouvelle

On fait quelle étoit la paffion des Athéniens pour le Spectacle. Mais comme elle auroit été ruineufe pour les pauvres, les riches ambitieux profitoient de cette occafion pour fe faire des créatures, dont le fuffrage leur étoit acquis. Rien de plus funefte dans une République. Pour empêcher cet abus il fut arrêté, du temps de Périclès, que l'on prendroit fur les revenus publics de quoi distribuer à tout citoyen pauvre deux oboles : qui eft ce qu'il falloit donner pour avoir place au Spectacle, comme nous l'apprenons dans l'Oraison pour Ctéfiphon. Il eft aifé de concevoir que cette diftribution, qui pouvoit n'être pas onéreufe en temps de paix faifoit murmurer les riches en temps de guerre, parce qu'ils auroient voulu que cet argent fût employé à payer les Troupes.

Une obole étoit la fixième partie d'une drachme, qui valoit dix fous de notre monnoie. Voyez ci-deffus, pag. 48.

force, & la met plus en état d'agir. Un peu d'attention, je vous prie.

Pour m'expliquer d'abord en faveur des pauvres, je vous ferai obferver que nos revenus, il n'y a pas long-temps, ne paffoient (8) pas cent trente talents. Perfonne alors, qui, fous prétexte que l'argent n'étoit pas commun, refusât d'équiper une galère, ou d'y contribuer. On fe portoit de foi-même à faire fon devoir. Alors nous avions toujours des vaiffeaux prêts à faire voile, toujours de l'ar

(8). Cent trente talents ne faifoient que trois cents foixante & dix mille livres de notre monnoie, suivant le calcul rapporté ci-deffus, pag. 48. Mais premièrement il faut confidérer que ceci s'entend uniquement des revenus, qui fe tiroient de l'Attique feule. Car les contributions des Alliés, fuivant la

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gent, rien n'arrêtoit nos projets. Aujour d'hui, grâce à la Fortune, nos revenus fe montent à quatre cents talents : & bien loin que les riches fouffrent de ceme augmentation, elle tourne à leur profe; car ils en ont (9) leur part, & cela eft jufte. Pourquoi donc nous reprocher de part ou d'autre, un avantage qui eft commun? Pourquoi feroit-ce une raiton anx riches, d'oublier ce que l'honneur exige d'eux ? Jugeons-nous les pauvres & nes ? d'envie, parce que la Fortune leur a envoyé ce foulagement Pour moi je ne crois point qu'on doive leur faire an cre me de leur indigence. Je ne vois pas que dans une famille les jeunes mépritent les vieux, & refufent inhumainement de tra à moins que chacun n'en falle Tout homme qui manqueroit d'af ns, pécheroit contre la nature la loi. Or la République n'eft ême famille, dont chaque cimembre. Ainfi n'otons point res ce que la République leur ; & fi elle ne leur donnoit pas crets. açon, elle feroit obligée à le trefens

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