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traduire que de rendre mot à mot, un homme de Macédoine? n'eft-ce pas comme fi l'on difoit pour marquer que le Roi dispose du fort de tous les Princes de l'Europe, un homme de France fait la loi à toute l'Europe?

P. 9. 1. 2. Les diffenfions d'un interregne tumultueux mettront à votre difpofition la couronne de Macédoine, fi elles vous retrouvent maîtres des places, &c.] Affurément ce n'eft pas là le fens de cette phrafe, & ce ne peut l'être. Je crois l'avoir rendu affez fidélement,

P. 9. 1. 7. La conjoncture vous eût-elle ouvert les portes de la Macédoine. ] Il est rare de perfonnifier ce mot de conjoncture. On diroit bien; la fortune, l'occafion, ou, quelque heureuse conjoncture, &c. ouvre les portes d'une ville; mais non pas fimplement, la conjoncture.

P. 9. 1. 11. Je défavoue ce foupçon à la vue de la noble ardeur qui vous anime. ] Ni ceci, ni le refte de la page n'eft traduit fur le Grec : comme il est évident par la comparaison que l'on peut en faire. Démosthène met ici une transition bien marquée, qui fait voir clairement que c'est la feconde partie de fon difcours. Voyez l'Analyse que j'en ai faite.

P. 10. 1. 10. Que votre contenance lui annonce votre retour à vous-même. On ne dit pas, ce me femble, retourner à foi, pour dire, rentrer en foi-même, prendre des réfolutions plus vigoureufes : & quand on le diroit, je trouve que le fubftantif, retour à foi, a quelque chofe de dur. Mais enfin la contenance peut-elle annoncer ce retour? quelle maniere de parler!

P. 1. 1. 9. Régler le nombre de vos Trou pes.] Le Grec explique ce détail fort au long & avec un air d'autorité, & tout ensemble d'exactitude, qui aide à faciliter le projet que P'Orateur propofe, & à engager les Auditeurs à Fexécution. Le traducteur paffe légèrement fur tout cela, ne prenant du texte que ce qu'ik lui plaît, & abandonnant tout le refte. C'eft affez fon ordinaire.

P. 12. 1. 17. Je mêle le citoyen avec l'étranger fur la foi de nos peres. ] Il ne s'agit point ici de parole & de foi, mais il s'agit d'exemples & d'actions.

P. 13. 1. 2. Leur chef marche à leur fuite, juftement dégradé par l'impuiffance de payer la folde. Démosthène est toujours grand, même lorf qu'il s'abaiffe au détail & aux plus petites particularités, comme on peut le voir dans cet endroit, qu'il releve par des fentiments & par des figures inféréos à propos, mais qui font omifes dans le françois. Qu'est-ce que, dégradé par l'im puiffance de payer la folde? Démosthène n'eft point guindé, ni outré, comme le Traducteur le fait voir fouvent.

P. 14. 1. 2. N'auriez-vous point confulté vos fculpteurs, &c.] Tout cet endroit n'eft point affez naturel. Pourquoi confulter ces Sculpteurs? en quoi cette décoration imite-t-elle leurs: ouvrages? Que veut dire, fe fignaler au miliew des facrificateurs? s'expofer pour le spectacle? Je ne fais fi ce mêlange & cette tranfpofition de métaphores fait tout l'effet que l'Auteur prétend. Démosthène affurément en eft fort innocent : il n'y a rien de plus fimple & de plus naïf que les termes dont il fe fert. Pourquoi cette li

berté de lui donner plus d'efprit qu'il n'en veut

avoir ?

P.

15. 1. 19. J'attends de votre décision d'autres fleches & d'autres dards que vos lettres & vos décrets.] N'eft-il pas bien plus naturel de dire avec notre Orateur, qu'il faut faire la guerre à Philippe par de véritables effets, & non plus par des arrêts & par des lettres? On diroit que le Traducteur auroit envie d'être le Mathon de Martial: Omnia vis bellè, Matho, dicere, ou le Triffotin de Moliere, de l'efprit par-tout!

P. 16. 1. 1. Une place d'armes.] Elle ne fe trouve point dans le Grec. C'eft une invention du traducteur, & un préfent qu'il fait à Démosthène, qui s'en pafferoit volontiers.

P. 16. 1. 4. Il gourmande les faifons. ] Je ne fais comment appeler cette expreffion. Rien n'en approche dans l'original, dont la grandeur & la majefté confiftent dans les penfées, & non pas dans les mots.

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P. 16. 1. 21. Je le répete.] Démofthène ne l'a point encore dit. Le Traducteur a cru apparemment que ce tour étoit capable de perfuader plus vivement.

P. 17. l. 3. L'objet importun de vos conti 1. nuelles, de vos infructueufes délibérations. ] Quel eft-il cet objet? Il y a dans le Grec, deux ou trois figures fort belles, qui ne pareiffent point dans le françois. Cependant il faut qu'en traduifant un Auteur, on fe ferve, dit Cicéron, fententiis iifdem, & earum formis, tamquam figuris.

P. 17. 1. 18. Tragiques événemens ] A force de vouloir être pathétique, on est froid &

languiffant. Démosthène n'a rien de fi tragique ou plutôt de fi déréglé, ni de fi emporté. Toujours fimple avec énergie.

P. 18. 1. 6. Le contre-temps feul équippe & conduit vos armées. ] Voilà un nouveau & méchant conducteur que ce contre-tems. Quel perfonnage!

P. 18. 1. 13. Cet efprit d'émulation. ] Il ne s'agit nullement de cela en cet endroit. Démofthène ne reprend pas le défaut d'émulation dans les Athéniens, mais le manquement d'ordre, de règle, d'exécution.

P. 18. I. 15. Athènes paroît unanimement conjurée contre le fuccès de fes armes.] Cela n'eft point dans Démosthène, & n'y doit pas être.

Que le Traducteur trouve cela beau, je ne m'y oppofe pas mais enfin cela n'eft point dans le Grec. Et c'est ainsi que fans aucun égard pour fon texte, il change, substitue, allonge, retranche.

P. 19. 1. 1. Nous nous réfervons à les relever quelque jour (ces foldats étrangers) quand il ne reftera plus que nous pour nous défendre. Cette penfée eft belle, & à propos. C'est dommage que Démosthène l'ait oubliée.

P. 10. 1. 6. Quelle ftupidité de ne pas fentir, &c.] Cela eft doux & engageant. Démofthène eft véhément, il n'eft pas groffier & brutal.

P. 22. Tenir contre l'appareil manifefte de votre fervitude....... Si un lâche désespoir ne vous enchaine déjà..... Nouvelliftes vagabonds, qui pour fe foulager du poids de leur inutilité, répandent dans le public les fruits d'une fpéculation frivole, ou mal dirigée.] Toutes ces ex

preffions, & une infinité d'autres (car je me laffe d'en copier) font éloignées de la pureté & de la netteté du Grec, qui n'a rien de fanfaron, rien d'affecté, rien de forcé. Il feroit à fouhaiter que nos écrivains imitaffent tous cette fimplicité fublime, & ces beautés naturelles , que le fiècle de Démosthène & celui de Cicéron reconnoiffoient feules pour de vraies beautés. L'enflure & la tumeur reffemblent à l'embonpoint & à la fanté; mais il y a une différence infinie entre l'un & l'autre.

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