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qu'on abufe, comme a fait ce Traducteur, d'un nom tel que celui de Démosthène, pour autorifer une forte de ftyle, dont il n'y a pas l'ombre dans le Grec; n'est-ce pas vouloir que le premier des Orateurs, dans l'état où il eft montré aux François, marche à la tête de ceux qui corrompent l'Eloquence parmi nous ?

PHILIPPIQUES

PHILIPPIQUES

DE

DEMOSTHENE.

B

ARGUMENT

DES

PHILIPPIQUES.

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PH HILIPPE, Roi de Macédoine, & par conféquent voifin de la Grèce partagée en tant de Républiques, dont les intérêts étoient fi différents, fe propofa d'envahir les unes, d'affoiblir les autres, & de les gouverner toutes à fon gré. Celte ́ďAthènes étoit à juger d'elle alors fur ce qu'elle avoit été autrefois, la plus capable de traverser fon ambition. Mais ne confervant plus le même goût pour les travaux de la guerre, & ne s'étant pas oppofée, faute de vigilance, aux premières conquêtes de l'hilippe, elle commençoit à perdre toute efpérance de pouvoir lui réfifter, lorfque Démosthène entreprit de relever le courage des Athéniens, & de les porter à prendre enfin des réfolutions dignes d'eux, en leur faisant voir

I. Qu'ils pouvoient vaincre Philippe ; & il le prouve par des raifons tirées, ou de ce qu'ils ont fait autrefois eux-mêmes ou de ce que Philippe a fait,

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II. Comment ils pouvoient le vaincre: & il entre dans le détail des moyens. Une troisième propofition, Qu'ils devoient l'entreprendre, n'eft point prouvée. part elle n'en avoit pas befoin: mais Démosthène y revient toujours.

Tel eft le plan de la première Philippique. Quatre ou cinq ans après, Philippe figna un Traité de paix avec les Athéniens: traité captieux, & qui n'eut d'autre effet que de fufpendre le cours des hoftilités trop marquées. A quelque temps de-là Mefsène & Argos protégées hautement par Philippe, donnerent de l'ombrage à Lacédémone, qui réclama le fecours d'Athènes. On attendoit des Ambaffadeurs de part & d'autre il falloit délibérer fur la réponse qu'il y auroit à leur faire : & ce. fut à cette occafion que Démosthène fit la feconde Philippique, où il entreprend de prouver,

I. Que les Athéniens doivent fe défier de Philippe, comme de leur ennemi. II. Que Philippe a des raifons effencielles pour être leur ennemi.

III. Qu'il faut faire punir comme traîtres, ceux qui les ont engagés à faire la paix avec Philippe.

Philippe, dont le bon fens & le bon

goût font connus par bien d'autres endroits, dit ingénument, après avoir lu ce Difcours : J'aurois moi-même donné

ma voix à Démosthène pour me faire déclarer la guerre, & je l'aurois nommé

Général.

Je ne donne point l'analyse des deux dernières Philippiques; car elles ne contiennent que les mêmes vérités, mifes dans un nouveau jour : & d'ailleurs il est à propos que chacun faffe foi-même ces fortes d'analyfes, parce que c'est le feul moyen de bien découvrir l'art de l'Orateur. Il n'y a de bon Orateur que celui qui eft bon Logicien. Commençons par examiner qu'estce qu'on veut nous prouver, & quelles preuves on emploie ; fi elles font claires, folides concluantes. Voilà ce qui regarde la Logique. L'art de l'Eloquence confifte à mettre ces preuves dans l'ordre qui peut faire le plus d'impreffion, & à les expofer de la manière la plus capable de nous frapper, & de nous plaire. Démosthène gagnera beaucoup à être vu, non feulement comme Orateur, mais comme Logicien.

Peut-être qu'à le lire fuperficiellement, on croira trouver qu'il fe répète. On ne

* On peut voir l'Hiftoire de Philippe, par Olivier, Tom. II., pag. 156,

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