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s'arrêtera qu'à l'uniformité de la matière, fans prendre garde à la diverfité des tours. Mais fouvenons-nous premiérement, que ces quatre Difcours furent prononcés de loin à loin, puifqu'il y a, entre le premier & le dernier, un intervalle de fept années; & fecondement, qu'ils font faits pour le peuple d'Athènes. Or le peuple fe corrigetil? & ne fait-on pas qu'il faut cent & cent fois lui rappeler la même idée, fi l'on veut qu'elle puiffe lui entrer dans l'efprit!

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Où les trois Olympiades qui font à compter de la première à la dernière Philippique, font réduites à des calculs plus connus.

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PREMIERE

PHILIPPIQUE,

Prononcée la premiere année
de l'Olymp. 107.

ATHENIENS, Si l'objet de cette dé

libération étoit quelque chofe de nouveau, j'aurois attendu que plufieurs (1) de mes Anciens euffent parlé ; & alors, s'ils m'avoient paru ouvrir un bon avis j'y aurois foufcrit par mon filence: ou, penfant autrement qu'eux, j'aurois cherché à vous faire entendre mes raisons.

un

(1) Quand le Peuple étoit affemblé Héraut crioit: Quelqu'un au-deffus de cinquante ans veut-il parler ? Et qui encore? Chacun à fon tour. Après quoi, felon la loi de Solon, c'étoit aux plus anciens à parler les premiers. Mais du temps de Démosthène cette loi ne s'obfervoit plus à la rigueur. Il n'étoit que dans fa trentième année, lorsqu'il prononça cette Harangue, qui, à beaucoup près, ne fut pas fon coup d'essai.

Mais puifqu'il s'agit d'une affaire déja rebattue tant de fois, vous ferez, je m'en flatte, affez équitables pour me pardonner d'avoir faifi la parole. Car enfin, fi jufqu'ici l'on vous avoit bien confeillés, vous n'en feriez pas réduits à confulter

encore.

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Premiérement donc, ATHENIENS ne vous découragez point, quelque mauvais que vous paroiffe votre état présent. Car de la même cause qui vous a perdus, on doit en tirer des motifs d'efpé

rance.

Que veux-je dire? Que fi vous êtes dans une fituation fâcheufe, c'est uniquement parce que vous n'avez pas fait ce que vous deviez.

Vous auriez fujet de ne rien efpérer s'il étoit bien vrai que pour prévenir vos difgrâces, vous euffiez fait en vain tous vos efforts.

Aujourd'hui, & vous qui l'avez entendu conter, & vous qui l'avez vu de vos reffouvenez-vous de ce haut dégré où (2) Lacédémone avoit porté sa

yeux,

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(2) Lacédémone ou Sparte, car c'est la même République fous ces deux noms alloit à fubjuguer tous les autres peuples de la Grèce. Elle avoit rafé les murs d'Athènes, & pris la

puiffance, il n'y a pas long-temps, & avec quel courage, avec quel foin de votre honneur, vous fûtes, les armes à la main, la contenir dans les bornes de la juftice.

Pourquoi en rappeler la mémoire ? Pour vous montrer, ATHENIENS, pour vous faire bien fentir que la vigilance peut vous mettre au-deffus de tout danger; mais que l'inaction vous perdra toujours.

&

Vous avez ici un exemple de l'un & de l'autre de ce que fait la vigilance puifqu'alors elle vous rendit fupérieurs aux plus grandes forces des Lacédémoniens : de ce que fait l'inaction, puifqu'aujourd'hui elle donne lieu à d'infolents procéCadmée, qui étoit la citadelle de Thèbes. Elle avoit réduit les Argiens & les Corinthiens à fe faire honneur d'être fes alliés de nom fes fujets en effet. Thèbes pour fecouer le joug, excita la guerre appelée Béorique, où les Athéniens eurent la meilleure part, & contribuêrent le plus à la défaite des Lacédémoniens. La Cadmée avoit été prife * la troifieme année de l'Olympiade 99. Quatre ans après elle fut reprife. De là, jufqu'an temps où parle Démosthène, il n'y a donc que vingtcinq ans ; & par conféquent une bonne partie de fes auditeurs pouvoit avoir vu la guerre Béotique.

Petav. Rat. Temp. part. 1, lib. 3, c. 10.

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