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rii, dum temperat? Proprium eft enim princi pis munus, continere in officio liberos homines; quod is affequatur facillimè, qui arte inftructus dicendi, ac præftantium inter paucos oratorum ufu perpolitus, ita fciat agere cum hominibus, ut benevolentiam acquirat, neque amittat dignitatem; orationis fuavitate atque illecebris rapiat animos, quò ratio vocat; impetretque, ut quod fieri neceffitatis eft, voluntate fufcipiatur. Noli igitur, SERENISSIME DELPHINE, in curfu inftituto defatigari. Ne committas ut hoc defit tibi tantulum, quod ftudio ac labore abfolvendum, tuæ relictum eft induftriæ. Nam quibus in labellis feffitare malit Suada, quàm tuis? Proinde ut neceffariis animum præceptionibus excolas, cognofce optimos dicendi artifices, Demofthenem ac Ciceronem ; quos videtur efformaffe natura, ut quid in eo genere poffet, feculis omnibus oftenderet, Vale.

Parifiis, Id. April. M DCC XLIV

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PREFACE.

On a beaucoup à lire

pour deve nir favant: mais pour fe former le goût, il faut lire peu, & bien lire. Car, avant que le jugement foit mûr, la multiplicité des Auteurs ne peut que produire une confufion d'idées, qui ne fe guérit jamais, & qui même, par rapport au goût, ne vaut pas l'ignorance accompagnée du fens commun.

Quintilien (1) nous enseigne à bien lire un Orateur. « Il faut « obferver, dit-il, comment dans «< l'exorde on se rend les auditeurs « favorables: Quelle clarté il y a dans la narration, quelle briè- « veté, quel air de fincérité, & «

(1) Liv. 11. ch. 8. Je cite, presque mot pour mot, conformément à la belle Traduction de M. l'Abbé Gédoyn.

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» cependant quel art quelquefois » à déguiser fon véritable but : » Quel ordre enfuite, & quelle » jufteffe dans la divifion : Com» ment dans les preuves l'Orateur » eft fubtil, vif, ferré, tantôt véhément, tantôt doux & infi» nuant: Quelle force il met dans fes invectives, & quel agrément, » quel fel dans fes railleries: Com»ment il remue les paffions, fe rend >> maître des cœurs tourne les efprits à fon gré : Quelle eft la » propriété, l'élégance, la nobleffe » des expreffions: En quel cas ( l'amplification eft louable

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&

quelle eft la vertu oppofée: La » beauté des métaphores, & les » différentes figures: Enfin ce que » c'est qu'un ftyle coulant, & périodique, mais pourtant mâle &

» nerveux.

Aux chefs-d'œuvre qui nous reftent des Anciens, il fera bon (2) Voyez là-deffus Quintilien, VIII, 4.

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quelquefois, continue Quintilien, d'oppofer certaines pièces, que « le mauvais goût du fiecle fait « qu'on admire, & de remarquer « combien il y a de chofes impro- » pres, obfcures enflées, baffes, « rampantes, puériles, affectées, qui non-feulement ont une ap- « probation prefque générale, mais «< qui ne l'ont que parce qu'elles «< font mauvaises. Car un difcours «< fenfé, & qui n'a rien que de natu- «< rel, n'eft d'aucun mérite; on n'y « trouve point d'efprit. Mais ce qui eft recherché, détourné, & hors « de la droite raison, voilà ce qu'on admire aujourd'hui.

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<< J'avoue cependant, ajoûte « ce fage Rhéteur, qu'il y a eu « de nos jours & qu'il y a encore «< d'excellents écrivains. Je le fou- « tiens même. Mais de favoir ju- « ger quels ils font, c'est ce qui n'appartient pas à tout le monde. « Il eft plus für d'imiter les Anciens «

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» dont le mérite n'eft plus douteux, » Ainfi je confeille de ne point » s'attacher de fi bonne heure aux » Modernes, de peur qu'on peur qu'on ne les » imite avant que de bien connoî» tre ce qu'ils valent.

Qui voudra donc fe former le goût pour l'Eloquence, prendra néceffairement fes modèles dans l'Antiquité, & dès-lors fon choix ne peut tomber que fur Démofthène, ou fur Cicéron, dont le parallèle n'eft nulle part mieux détaillé que dans Quintilien.

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»Je trouve, dit-il, qu'ils fe refsemblent (3) en tout ce qui eft » de l'Invention. C'est dans l'un & » dans l'autre la même maniere d'envifager un fujet; de divi» fer; de préparer les efprits; de » prouver. Quant au ftyle, il y a quelque différence. L'un eft plus précis, l'autre plus abondant. » L'un ferre de plus près fon ad(3) Voyez Quintilien, liv. X, chap. I.

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