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Joignons-y deux cents Cavaliers, dont pour le moins cinquante foient Athéniens. Ils ferviront aux mêmes conditions que l'Infanterie, & vous leur fournirez les bâtiments néceffaires pour embarquer leurs chevaux.

Que faut-il encore? Une escorte de dix vaiffeaux légers, afin que nos Troupes, en faifant leur trajet, ne foient pas inquiétées par la flotte de Philippe.

Mais ces troupes comment fubfifterontelles? C'eft un point que je toucherai, du moment que je vous aurai dit pour quoi je me borne à un fi petit nombre de foldats, & pourquoi je veux que des Athéniens fervent en perfonne.

Je me borne à ce petit nombre de foldats, dans l'impoffibilité où nous fomnmes de mettre actuellement fur pied une armée, qui ofe rifquer une bataille. Tout ce que nous pouvons, c'eft d'infefter le pays ennemi par nos courses. Pour cette espèce de guerre, par où il faut commencer; n'ayons point trop de Troupes, car elles manqueroient d'argent, & de vivres mais auffi n'en ayons pas trop peu.

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Je demande qu'avec les étrangers on mêle de nos citoyens, & qu'ils s'em

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barquent tous enfemble, parce qu'autrefois, quand vous aviez des Troupes étran gères à Corthe où Poliftrate, Iphicrate, Chabrias, & d'autres encore les commandoient en votre nom, plufieurs Athéniens joignîrent l'armée : & ainfi réunis, citoyens & étrangers, vous triomphâtes des Lacédémoniens.

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Mais depuis que des étrangers font employés feuls à faire la guerre pour vous il n'y a que l'ami, que l'allié, qui fouffrent de leurs hoftilités. L'ennemi cependant va toujours en fe fortifiant. Et ces étrangers, à peine voient-ils la guerre commencée qu'ils défertent. Ils vont chez (2) Artabaze, & par-tout ailleurs plutôt que de refter à votre fervice. Le Chef les fuit: avec raifon; car ne les payant pas, il n'a point à leur commander.

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Que veux-je donc ? Que pour ôter & au Chef, & aux foldats, tout pré

(2) Athènes avoit dans l'Hellefpont une armée toute compofée d'étrangers; ils n'étoient point payés; ils quitterent fans autre formalité pour aller joindre Artabaze, Satrape de Afie mineure, révolté contre fon maître le Roi de Perfet, & ils furent fuivis de Charès, Athénien, leur Général,

texte de mécontentement, il y ait tou jours de quoi payer; & qu'avec les étrangers on mêle des citoyens, qui ayent l'oeuil fur la conduite du Chef.

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Aujourd'hui en vérité notre Politique eft rifible. Car fi l'on vous demandoit: ATHENIENS, êtes-vous en paix ? Par Jupiter, non, diriez vous, nous fommes en guerre avec Philippe. Hé, n'avezvous pas effectivement nommé de vos citoyens, pour exercer toutes (3) les charges néceffaires dans une armée ?

Mais de ces Officiers, hors le feul que vous envoyez où eft votre armée tous les autres que font-ils ? Ils fervent ici à décorer (4) vos fêtes, avec vos Sa

crificateurs.

Tels que les Statiaires en argile, vous

(3) J'ai mieux aimé me fervir ici d'une expreffion vague, que d'employer les termes de la Milice moderne. Car, de les mettre dans la bouche de Démosthène, c'est tomber à peu près dans la faute que feroit un Peintre, qui fans avoir égard à ce qu'on appelle coftume peindroit Alexandre ou Céfar en perruque, & en juftaucorps brodé,

(4) Parce que ces Officiers y avoient un rang, & y paroiffoient avec les habits & les autres ornements convenables à leurs digni tés,

faites des guerriers pour la montre, non pour le fervice.

Quoi, pour pouvoir dire qu'une armée eft celle d'Athènes, ne faudroit-il pas que les principaux Officiers qui s'y trouvent fuffent Athéniens?

Pour aller au fecours de Lemnos, vous prenez le Général de votre Cavalerie: & au contraire, vous laiffez à Ménélas à un étranger, le commandement des Troupes deftinées à vous défendre vousmêmes. Je ne vous dis point ceci pour attaquer le mérite de (5) Ménélas. Je

(5) M. de Tourreil dit que ce Ménélas étoit le frere de Philippe. Mais quoique Philippe & Ménélas fuffent nés de meres différentes, & qu'ils ne vécuffent pas en bonne amitié, cependant il n'eft guère vraisemblable qu'Athènes eût voulu fe fier fi fort au frère de fon ennemi. J'aime donc mieux croire avec M. Lucchéfini , que le Ménélas dont il eft ici question, est un homme inconnu d'ailleurs.

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Voici, au refte, la pensée de Démosthéne elle n'a befoin d'éclairciffement que pour ceux qui n'ont pas devant les yeux la Carte de la Grèce. Quand il s'agit, dit-il, d'aller au fecours de Lemnos, qui eft une île fort éloignée de yous; yous y envoyez des troupes commandées par un Athénien; & aujourd'hui c'est à un étranger que vous confiez les troupes qui gardent vos frontieres, & qui défendent le pas

dis feulement que le Général de votre Armée, quel qu'il fût, devoit être pris d'entre vous.

Peut-être jugez-vous que j'ai raifon jufqu'ici mais vous êtes dans l'impatience de favoir où trouver des fonds, & ce qu'il en faut. Vous allez l'apprendre.

Toute l'armée que je vous propose de lever, vous coûtera pour les vivres feulement, un peu au de-là (6) de quatre vingt-dix talents: favoir, pour les dix vaiffeaux légers, quarante talents, à vingt mines par mois pour chaque vaiffeau autant pour les deux mille hommes de pied, à dix drachmes par mois pour

des Thermopyles. Il n'y a pas de raison à ne point prendre pour vous-mêmes, & pour ce qui vous touche de plus près, les précautions que vous prenez pour vos alliés.

Jai luici, ἀφ ̓ ὑμῶν ἔδει κεχειροτονημένον ειναί TTV, au-lieu que toutes les éditions portent, jo uv, &c. Un changement fi léger ne fera point blâmé, je m'en flatte , par ceux qui voudront prendre le fil du raifonnement. (6) Une Drachme felon M. Dacier 2 :: pe foit ce que nous appelons un Gros; & il met le gros d'argent à dix fous,

Une Mine valoit cent drachmes; & par conféquent cinquante livres Tournois.

Un Talent, valoit foixante mines, & par conféquent trois mille livres Tournois.

chaque

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