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Mais fi

renfermés dans vos murailles, vous n'avez d'attention que pour des Harangueurs qui fe déchirent perpétuellement les uns les autres Vous ne ferez jamais rien d'utile.

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Quelque part que marchent nos Troupes, fi elles font je ne dis point toutes composées mais du moins mêlées de citoyens , je m'affure que la bien

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veillance des Dieux & de la Fortune combattra pour nous. Mais quand il n'y a d'Athénien que le Général; & quand on le fait partir avec un décret frivole, & avec des espérances dont il n'a pour garant que la Tribune; rien de ce qui doit fe faire, ne fe fait.

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Autant que ces fortes d'armements excitent la rifée de vos ennemis autant ils confternent vos alliés. Car un homme feul ne fauroit non, il ne fauroit porter tout le faix, dont vous le chargez. Il ne pourra que donner de belles paroles & quand il aura été battu, rejeter la faute fur l'un ou fur l'autre.

en

Tollius, dans fes Notes fur Longin, rapporte ce paffage de Tacite, Liv. II. Aperiet & recludet contecta & tumefcentia viftricium partium vulnera bellum ipfum. Mais le ftyle de l'Historien vaut-il celui de l'Orateur ?

Toutes vos entreprises ont échoué par-là. Et devez vous effectivement vous promettre un autre fuccès ? Vous donnez à de pauvres étrangers un Chef, qui n'a pas de quoi les payer; il fuccombe; auffi tôt on vient hardiment vous en faire ici de fauffes relations; & vous, fur des ouï dire, vous l'abfolvez, ou le con damnez au hafard.

Or le remede quel eft-il? Que vous mêmes, ATHENIENS, vous alliez fervir en perfonne; & qu'après avoir été les infpecteurs de vos Généraux durant la campagne, vous foyez leurs juges au

retour.

Vous ne devez point vous fier à de fimples rapports, il faut voir de vos yeux ce qui fe paffe dans vos armées, & furtout aujourd'hui qu'il ne refte nul honneur parmi ceux qui les commandent. Trop lâches pour expofer une feule fois leur vie dans les combats ils ne craignent point de l'expofer deux & trois fois dans vos jugements, & ils préfèrent à une fin glorieufe, le fort d'un brigand & d'un fcélérat. Car à des fcélérats, c'est une fentence qui leur ôte la vie, mais à des guerriers, ce doit être l'épée de

l'ennemi.

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Quelques-uns de vos nouvelliftes répandent, que Philippe travaille avec Lacédémone à ruiner Thèbes, & à changer le gouvernement de nos Républiques d'autres, qu'il a envoyé un Ambaffadeur au (5) Roi: d'autres, qu'il fortifie des places en Illyrie chacun de nous invente fa fable, & la promène. Pour moi de par les Dieux, je veux bien croire, ATHENIENS, qu'enivré de fes grands exploits il fe laiffe aller à de pareilles rêveries d'autant plus que dans toute la Grèce il ne voit perfonne qui lui faffe tête. Mais, de par Jupiter, je ne croirai point qu'il mène fes projets, de telle forte que nos plus fottes gens les pénètrent. Or nos plus fottes ce font nos faifeurs de nouvelles. Mais fi laiffant leurs fonges à part, nous confidérons que Philippe eft notre ennemi; qu'il s'empare de nos biens; que depuis long-temps il nous outrage; que tous les fecours dont nous nous étions flattés ont tourné contre nous qu'il ne nous refte d'efpérance qu'en nous-mêmes; que pour différer à porter

gens,

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(5) Ainfi nommoit-on tout court, le Roi de Perfe; ou quelquefois on difoit, le Grand Roi.

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la guerre au loin, nous nous expofons à l'avoir dans l'Attique ; fi nous faisons, dis-je, toutes ces réflexions, alors nous connoîtrons nos véritables devoirs & nous fermerons l'oreille à de vains dif cours. Car il ne faut point que de frivoles conjectures nous arrêtent, quand il eft clair que fi nous manquons de prévoyance & d'activiré, nous périrons. Pour moi, qui jamais ne cherchai à vous plaire fi ce n'eft autant que vos intérêts me l'ont permis, je viens de vous dire librement, & fans adouciffement, ma penfée. Heureux fi, comme il vous eft falutaire de recevoir les meilleurs confeils, il l'étoit de même à l'Orateur de vous les donner. J'en aurois redoublé ma confiance, fi je l'avois cru. Mais enfin, de quelque manière que vous preniez mon opinion, il m'a fuffi de la croire avantageufe, pour me fentir obligé à vous la dire. Puiffe l'emporter celle qui doit vous être la plus utile à tous !

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SECONDE

PHILIPPIQUE,

Prononcée la premiere année
de l'Olymp. 109.

QUAND

UAND on invective devant vous contre Philippe, qui tous les jours, au mépris de la (1) paix qu'il vous a jurée, fe porte à de nouveaux attentats : je vois, ATHENIENS , que l'Orateur ne manque point d'être applaudi, & que fes difcours vous paroiffent l'équité la raison même; mais qu'au fond ils n'opèrent rien d'utile, aucun fruit digne de l'attention que vous leur prêtez.

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Tel eft même l'état de nos affaires, que plus on vous montre clairement, & la mauvaife foi de Philippe à l'égard d'Athènes en particulier particulier, & les pièges qu'il tend à la liberté de tous les Grecs en

(1) Philippe avoit fait fa paix avec Athè nes la feconde année de l'Olympiade 108....

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