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» avec

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dont jufque-là tous les Rois de Ma» cédoine avoient été fi jaloux ? Dans » un temps où déclaré contre nous en » leur faveur il leur donnoit Potidée toutes les terres qui en dé>> pendent, après en avoir chaffé no» tre colonie? Auroient-ils craint alors » une révolution ou écouté qui l'eût » prédite? Point du tout. Les voilà ce» pendant, après avoir peu jouï du bien » d'autrui , dépouillés du leur propre » pour long-temps : & non - feulement » ils ont été fubjugués & honteufement » chaffés par Philippe, mais ils fe font » trahis & vendus eux-mêmes les uns » les autres. Tant il eft peu fûr à des Républiques de fe familiarifer avec des » Tyrans !

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» Aux Theffaliens, que leur eft-il at rivé? Quand Philippe leur donnoit Nicée & Magnéfie, & qu'il chaffoit » leurs Tyrans, fe figuroient-ils qu'un » jour, comme en effet nous le voyons,

il les afferviroit à des (8) Tétrarques? » Quand il les rétabliffoit dans leurs

(8) Tétrarque, Gouverneur, Commandant, qui a toute autorité dans la quatrième partie d'un Etat, Je fuis la leçon d'Harpocration,

droits (9) d'Amphyctions, croyoient- < ils qu'un jour il s'empareroit chez eux « des deniers publics? Voilà pourtant ce «< qui s'eft fait, & aux yeux de toute << la Grèce.

Vous donc, ajoutai-je,
ajoutai-je, qui favez «<

(9) On appeloit Amphytions les Dépu tés que les divers peuples de la Grèce en voyoient à une affemblée générale, qui fe tenoit deux fois l'année en Automne dans le Temple de Cérès, tout près des Thermopyles au Printemps, dans le Temple de Delphes. Aujourd'hui nous appellerions cette affemblée, les Etats généraux de la Grèce, Ils traitoient de toute affaire concernant la Religion & l'Etat, avec plein pouvoir.

Or les deux Temples où ils s'affembloient, étant, pour ainfi dire, fous la main des Phocéens ceux-ci, pendant la guerre facrée dont j'ai déja parlé, n'y laifferent point ve nir les Theffaliens, unis contre eux avec les Thébains. Philippe n'eut pas plutôt réduit la Phocide, qu'il fit rétablir les Theffaliens dans leurs droits d'Amphyctions; & c'eft ce que Démosthène dit ici. Mais en même temps, Philippe ne s'oublia pas. Il fe fit auffi donner droit de féance dans cette affemblée, & parlà il en devint le maître. Jufqu'alors la Macédoine n'avoit point été comprise dans la Grèce, c'étoit un gouvernement, des mœurs une langue toute différente : & Démosthène tranche le mot, il traite Philippe de Barbare,

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» ce que

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c'est que Philippe, lorsqu'il don»ne & qu'il promet; évitez fi vous » êtes fages, de favoir ce que c'est, » lorsqu'il trompe & qu'il trahit.

» Pour mettre les villes hors d'infulte, » on a inventé des remparts, des mu» railles, des foffés, toute forte de for

tifications, qui exigent de grands tra» vaux, & des frais immenfes. Aux gens » fages, la nature elle-même leur don» ne une arme défenfive, qui eft à tous » d'un grand fecours mais principale»ment aux villes libres, pour fe défen »dre des Tyrans. Quelle eft cette ar» me? La défiance. Portez la toujours » avec vous jamais ne vous en déf » faififfez & jamais vous ne courrez » de péril.

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» Votre but enfin, n'eft-ce pas la li»berté Mais ne fentez-vous donc point qu'il n'y a pas même jufqu'aux noms » que porte Philippe, qui ne foient incompatibles avec elle? Car tout Mo»narque, tout Tyran, eft ennemi de » la liberté, & des lois. Prenez garde qu'en cherchant à n'avoir point la guerre, vous ne trouviez un maître. Après ce difcours, qui parut fenfé les Mefféniens m'applaudirent fort; ils

entendirent les autres (1) Députés leur tenir plus d'une fois le même langage en ma présence, & vraisemblablement encore depuis mon départ : ils ne ceffèrent pourtant, ni de compter fur l'amitié de Philippe ni d'ajouter foi à fes pro

meffes.

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Que des Mefféniens des que " gens du Péloponnèfe faffent le contraire de ce qu'ils approuvent, il n'y a rien là d'étonnant. Mais vous-mêmes, qui, & par vos propres lumières, & par les confeils de vos Orateurs, voyez comme on vous tend des piéges, comme on vous investit de toutes parts: vous allez par votre inaction, à ce que j'en crois, vous laiffer conduire, fans y penfer, dans le même gouffre. Ainfi l'indolence ainfi le plaifir préfent l'emporte fur l'utilité à venir. Vous verrez donc, fi vous êtes fages, quelles méfures il vous conviendra de prendre.

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Quant aux réponfes qu'on attend de vous, & fur lesquelles vous avez présen

(1) Athènes voyant qu'après la Guerre facrée ,Philippe fongeoit à envahir le Pélopon. nèse : Démosthène avec d'autres Députés alla ordre de la République, à Argos & à Meffène, pour les avertir de fe tenir fur leurs gardes.

par

tement à vous déterminer, voici (2)

mon avis.

[On lit l'avis de Démosthène, & après il reprend fon difcours. ]

Vous devriez, ATHENIENS, citer ici ceux qui fur les promeffes dont ils

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(2) Aucune édition ne porte qu'il y ait ici un Mémoire à lire. Aucun Traducteur allcun Scoliafte n'en a fenti la néceffité. Ainfi ce n'eft pas fans une très-grande & très - jufte défiance de moi-même, que je propofe une idée qui m'est particulière.

Je crois donc qu'en cet endroit, quoique les Copiftes ayent négligé d'en avertir, Démofthène produit fon Memoire; & voici fur quelles raifons je me fonde.

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Premièrement il dit dans les termes du monde les plus clairs: Pour ce que vous avez à répondre préfentement, je vais à l'heure même vous le dire, Taut' ÿdy λé§w. Or il n'en dit pas un mot dans le refte de fa Harangue. Peut-on raisonnablement le foupçonner d'avoir tout d'un coup oublié l'effenciel ?

Mais de plus, fi l'on ne fuppofe pas que fon difcours eft coupé ici par la lecture d'un Mémoire on y trouvera un hiatus affreux qui nous obligera de fuppofer une lacune.

Enfin, fans un Mémoire instructif, qui renferme un détail pratique on aura raifon de fe figurer avec M. de Tourreil Harangue eft une invective vague, du moins en apparence.

, que cette

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