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HISTOIRE

DU RENOUVELLEMENT

DE

L'ACADEMIE

ROYALE

DES SCIENCES

En M. DC. XCIX.

ACADEMIE Royale des Sciences établie en 1666. avoit fi bien répondu par ses travaux, & par fes découvertes aux intentions du Roi, que plufieurs années après fon établiffement, Sa Majefté voulut bien l'honorer d'une attention toute nouvelle, & lui donner une feconde naiffance, encore plus noble,' &, pour ainfi dire, plus forte que la premiere.

Cette Academie avoit été formée, à la vérité, par les ordres du Roi, mais fans aucun acte émané de l'autorité Royale. L'amour des Sciences en faifoit prefque feul toutes les Loix; mais quoique le fuccès eût été heureux, il est certain que pour rendre cette Compagnie durable, & auffi utile qu'elle le pouvoit être il faloit des regles plus précises, & plus fe

veres.

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C'eft ainfi qu'en jugea le Roi lorfqu'après la Guerre terminée par le traité de Rifwic, il tourna particulierement les yeux fur le dedans de fon Royaume, pour y répandre de fes propres mains, & felon les vuës de fa fageffe, les fruits de la Paix.

L'Academie des Sciences ne lui parut pas un objet indigne de fes regards. Ses faveurs pour elle non interrompues pendant les plus grands befoins de l'Etat avoient empêché les Sciences de s'appercevoir parmi-nous du trouble qui agitoit toute l'Europe; il crut cependant n'avoir pas affés fait, parce qu'il pouvoit faire encore plus, & il conçut que ce qui n'avoit pas été endommagé par une fi cruelle tempête

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devoit s'accroître & fe fortifier dans le calme.

Il chargea Monfieur de Pontchartrain, alors Miniftre & Secretaire d'Etat, & depuis Chancelier de France, de donner à l'Academie des Sciences la forme la plus propre à en tirer toute l'utilité qu'on s'en pouvoit promettre. Monfieur de Pontchartrain, qui, en qualité de Secretaire d'Etat, ayant le Département de la Maifon du Roi étoit chargé du foin des Academies avoit établi Chef de cette Compagnie depuis quelques années Monfieur l'Abbé Bignon fon neveu, & par là il avoit fait aux Sciences une des plus grandes faveurs, qu'elles ayent jamais reçûës d'un Miniftre.

Monfieur l'Abbé Bignon, qui ayant long-tems préfidé à l'Academie des Sciences, en connoiffoit parfaitement la conftitution, & avoit beaucoup penfé de lui-même aux moyens d'en faire quelque chofe de plus grand, & de plus confiderable, communiqua fes vûës à Monfieur de Pontchartrain, qui de fon côté voulut bien y joindre ces mêmes lumieres qu'il employoit fi uti

Tome V

C

lement aux plus importantes affaires de l'Etat.

De là fe forma une Compagnie prefque toute nouvelle, pareille en quelque forte à ces Republiques, dont.le Plan a été conçu par les Sages, lorfqu'ils ont fait des Loix, en fe donnant une liberté entiere d'imaginer, & de ne fuivre que les fouhaits de leur raifon.

Le nouveau Réglement pour l'Academie dreffé par Monfieur de Pontchartrain, fut approuvé par le Roi. L'affaire avoit été conduite avec affés de fecret, & ce fut une furprise agréa→ ble pour la Compagnie, lorfque le 4. Fevrier 1699. Monfieur l'Abbé Bignon étant venu à l'Affemblée, y fit faire la lecture fuivante.

REGLEMENT

ordonné

par

le Roi pour

L

l'Academie Royale des Sciences.

EROI voulant continuer à donner des marques de fon affection à l'Academie Royale des Sciences, Sa Majesté a réfolu le préfent Reglement, lequel Elle veut, &entend être exactement observé. I.

L'Academie Royale des Sciences demeurera toujours fous la protection du Roi, & recevra fes Ordres par celui des Secretaires d'Etat, à qui il plaira à Sa Majefté d'en donner le foin.

I I.

Ladite Academie fera toujours composée de quatre fortes d'Academiciens, les Ĥonoraires, les Penfionnaires, les Affociés & les Eleves; la premiere Claße compofée de dix perfonnes, & les trois autres chacune de vingt; & nul ne fera admis dans aucune de

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