Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ELOGE

DE MONSIEUR

BOURDELIN

CLAU

LAUDE BOURDELIN, né d'honnêtes parens à Ville-Franche près de Lyon en 1621. perdit fon pere & fa mere étant encore très-jeune, & fut amené à Paris. Abandonné à fa propre conduite dans un âge & dans un Pays fort dangereux, il apprit de lui-même le Grec & le Latin, dans la vûë de s'attacher à la Pharmacie & à la Chimie

[ocr errors]

qui ont fait enfuite fon unique occupation pendant près de 56. années.

,

Il s'acquit en affés peu de tems une grande réputation non-feulement pour l'exacte & fidelle préparation des Remedes qu'il diftribuoit à tout le monde à un prix égal & très-modique, mais encore pour la connoiffance des maladies, fur lefquelles il donnoit fans aucune recompenfe des confeils modeftes, & fouvent heureux. Quoiqu'il ne promît jamais la fanté à un Malade

foit

pas

avec une certaine affurance, on ne laifd'avoir une extrême confiance en lui. Il n'approuvoit point la Saignée, hormis dans l'Apoplexie de fang, & on lui a vû guerir fans ce fecours quantité de maladies aiguës inflammatoires comme des Pleurefies, des Fluxions de poitrine, des Efquinancies, &c.

[ocr errors]

y

&

Quand l'Academie Royale des Sciences fut formée en 1666. par Monfieur Colbert, qui apporta tous fes foins au choix des Sujets, M. Bourdelin fut mis en qualité de Chimifte auffi-tôt il travailla avec M. du Clos à l'examen des Eaux Minerales du Royaume. Il fit enfuite un très-grand Rombre d'expériences fur les mélanges des fucs des Plantes, ou des Efprits & des Sels Mineraux, avec le Sang Arteriel, ou Veneux, ou avec la Bile, le Fiel, la Limphe des Animaux. Ila fuivi avec toute la diligence & l'exactitude poffible l'Analife de toutes les Plantes qu'il a pû recouvrer, & a beaucoup contribué à la perfection de cette Methode, dont l'Academie a voulu voir le fond.. Il a même tenté l'Analife des

Huiles par des moyens de fon invention, & qui peuvent beaucoup fervir Tome V,

E

à connoître cette partie des Mixtes. Enfin il a fait voir à l'Academie près de deux mille Analifes de toutes fortes de corps, & a exécuté ou inventé la plus grande partie des Operations Chimiques qui ont été faites dans cette Compagnie pendant plus de 3 2. ans.

Il mourut le 15. Octobre 1699. âgé de près de quatre-vingts ans. Il reçut la mort avec toute la fermeté d'un homme de bien.

Il a laiffé deux Fils, tous deux Academiciens; l'un de l'Academie des Sciences, l'autre de celle des Infcrip

tions.

ELOGE

DE MONSIEUR

U V R Y.

A U

TA

ANIEL TAUVRY, né en 1669. étoit fils d'Ambroife Tauvry. Medecin de la Ville de Laval. Son Pere fut fon Precepteur pour le Latin & pour la Philofophie, & il trouva dans

fon Disciple de fi heureufes difpofitions, qu'il lui fit foutenir problematiquement une Thefe de Logique à l'âge de neuf ans & demi. La These générale de Philofophie, problematique auffi, vint un an après. Enfuite M. Tauvry le Pere, qui étoit Medecin de l'Hôpital de Laval, enfeigna en même-tems à fon Fils la Theorie de la Medecine, &. la Pratique fur les Malades de cet Hôpital. Mais pour l'instruire davantage dans cette Profeffion, il l'envoya à Paris, âgé de 13. ans, & deux ans après le jeune Medecin fut jugé digne par l'Univerfité d'Angers d'y être reçû Docteur. Il revint à Paris, où il s'appliqua pendant trois ans à l'Anatomie; & ce fut alors qu'il donna au Public fon Anatomie raisonnée, âgé de 18. ans, car on ne peut s'empêcher de marquer tou jours exactement des dattes fi fingulieres. De l'Etude de l'Anatomie, il paffa à celle des Remedes, & compofa fon Traité des Medicamens vers l'âge de 21. an. Quelque tems après fur les deffenque le Roi fit aux Medecins étran gers de pratiquer, il fe préfenta à la Faculté de Paris, & y fut reçû Docteur. Il en redoubla fon ardeur pour une Pro

fes

feffion qu'il avoit embraffée prefque dès le berceau; & comme il avoit l'efprit fertile en réflexions, & que fes lectures & fes expériences lui en fournisfoient inceffamment des fujets, il compofa fa Nouvelle Pratique des Maladies aiguës, & de toutes celles qui dépendent de la fermentation des Liqueurs. Cet Ouvrage parut en 1698.

Je le connus en ce tems-là, & conçus beaucoup d'eftime pour lui. J'avois l'honneur d'être de l'Academie des Sciences, & j'étois en droit de nommer un Eleve. Je crus ne pouvoir faire un meilleur préfent à la Compagnie que M. Tauvry; & quoique ma nomination ne fût pas affes honorable pour lui, l'envie qu'il avoit d'entrer dans cet illuftre Corps l'empêcha d'être fi délicat fur la maniere d'y entrer.

En 1699. le Roi honora l'Academie d'un nouveau Reglement, & nomma en même-tems plufieurs Academiciens nouveaux, ou avança les anciens. Ce fut alors que M. Tauvry paffa de la place d'Eleve à celle d'Affocié.

Auffi-tôt après il s'engagea contre M. Mery dans la fameufe difpute de la: Circulation du Şang dans le Foetus, &

« AnteriorContinuar »