tie. mercan- des Negotians de Venise, & là, on les charge fur des chameaux, pour les conduire à Constantinople, & en Afie; cette Galere, qui charge sept, ou huit fois l'année, un nombre infiny de ballots, eft d'une utilité extraordinairepour la Republique, & pour les particuliers, qui y sont interesses. Le Commerce d'Allemagne, est le premier, & le plus ancien, qu'ait eu la Ville de Venise; & comme il n'est guére moins avantageux à l'Estat, que celuy du Levant, on n'a rien oublié, de tout ce qui pouvoit contribuer à l'entretenir: dans cette vevë, la Republique a accordéaux Marchands Allemans, un tresbeau, & tres-ancien Palais, proche le 11 Fon Pont de Rialte, où est le magazin des Allemands; les Negotians de cette Nation, y font tres commodément logés, à un prix fort mediocre, & joüiffent de plusieurs beaux Privileges, qui facilitent beaucoup le Commerce. Tudefchi. L Ce Palais est point au dehors, à frefque, par Ger geon, & par Titien; & bien que cette peinture soit beaucoup effacée presentement, il en reste, neannoins endre deb aux morceaux; mais ce qu'il y a de plus precieux, dans ce MagaMagazin est une tapisserie de cuir doré, avec des figures, toutes peintes par Paul Veronese, & c'est asseurément un des plus beaux Ouvrages, que ce Peintre ait jamais faits. L'on voit incessamment sur la rive de ce Palais, un grand nombre de ballots, qu'on envoye, partie par mer en Styrie, & partie par terre sur des chariots: C'est sur les revenus du Magazin des Allemands, que font affignez les appointemens que la Republique donne annuellement au Doge, pour l'entretien de sa maison, & pour les frais des repas publics, qu'il est obligé de donner, quatre fois l'année, aux Ambassadeurs, & aux Senateurs, qui assistent aux fonctions solemnelles de ces journées-là, comme je diray en son lieu. De la Bourse des Marchands, qu'on appelle la banque del Giro. ETTE Banqueest un depôt que les 11 Banco ont fait de leur argent, del Giro entre les mains du Prince, c'est ainsi qu'ils appellent ordinairement la Repu E blique, qui en demeure garant, & qui paye, outre cela les apointemens des Officiers qui en tiennent les Registres : La seureté inviolable de cette Banque est d'un admirable avantage pour les Marchands, & d'une singuliere commodité pour le commerce; car sans débourser aucune fomme, il s'y fait à tous momens des payemens, en changeant seulement les parties de nom, de forte que les sommes y roulent, & changent de main, sans fortir des coffres du Prince, qui joüit de ce fond, sans en payer aucun interest. Si quelqu'un des Interessez a besoin de son fond, ou d'une partie, il y a toûjours dans les coffres de la Banque, du comptant tout prest pour l'acquiter: Mais comme on estime beaucoup plus ces fortes d'effets que l'argent contant, à cause de la commodité qu'il y a de le negocier seurement, sans rien débourser; il se trouve des personnes tou jours prêtes à y acheter des sommes à interest; quoy que ce fond n'en produise aucun, & cela se fait, à cause que ce fond estant fixé à cinq millions de Ducats, tout le monde n'est pas receu à y donner son argent. L'on juge ordinairement d srichefses des Marchands, par les sommes qu'ils ont dans la Banque del Giro, ainsi appellée, à cause des tours que l'argent fait incessamment; & ceux dont les familles ne sont pas tout-à-fait connuës, n'ont ordinairement de credit, qu'autant qu'on leur voit de fondsur les Registres de la Banque, dont la seureté est si inviolable, & l'administration si fidele, que lors qu'ils'est trouvé quelque diffipation arrivée par la malversation des Offi ciers publics, le Prince en a fait le rem boursement de ses propres deniers. De la bonté de l'air de Venise. Na de la peine à se perfuader que l'air soit aussi bon à Venise, qu'il y est en effet; mais l'experience en convainc tous ceux qui y ont sejourné pen. dant les diverses saisons de l'année, quoy qu'il semble d'abord que la grande humidité du lieu, jointe à l'inconstance du tems, qui passe en un moment d'une extremité à l'autre, en hyver, comme en esté, devroit causer de frequentes in teite, troppo feste, disp ositions au peuple, qui respire un air de cette nature. Les broüillards, qui s'élevent ordinairement au commencement de l'hyver, & qui durent souvent plusieurs jours de suite, sont si épais, & fifroids, qu'en to ut autre pays que Venise, on ne pouroit pas les supporter, sans de fâcheuses Troppo incommodités; & en esté, les tempêtes sont si frequentes, & l'extréme chaleur est si souvent, & si subitement interrompuë par des vents froids, des pluyes, & des orages, qu'il y a sujet de s'étonner, que dans une ville, où l'on n'est pas accoûtumé d'avoir trois jours de suite un tems bien égal, on joüiffe cependant d'un air incomparablement plus doux, & plus benin, que celuy qu'on respire dans les climats les plus agreables, & les plus temperés. troppo tempe. c. Le serein, qui est pernicieux dans presque toute l'Italie, est tout-à-fait in. connu à Venise; les vieilles gens, & les petits enfans y vont également la teste découverte, en hyver, comme en esté & la nuit comme le jour, sans en estre incommodez en aucune maniere; & par un effet de la benignité de l'air, les fluxions, & les rheumes sont plus rares à |