fance, & que nous en avons autant & plus de regret qu'ils n'en ont. Saint Paul dit de quelques fideles de fon Gal. 430 tems, qu'ils étoient prêts de lui don- 15. ner leurs yeux, c'eft-à-dire, de fe priver de ce qui leur étoit le plus néceffaire & le plus cher pour le fecourir dans fes befoins. Tel étoit auffi cet Apôtre à l'égard de ceux dont il difoit Rom. g. qu'il étoit à eux, à la vie & à la mort. 38. Phi lip. 1. 29. Nous devons procurer entre nos 20. freres la même union que nous defirons nous-mêmes avoir avec eux.Comme donc la charité doit nous empêcher de rien faire qui les puiffe éloigner de nous, & de ne rien omettre pour les rapprocher s'ils en étoient éloignez; nous ne fommes pas moins obligez de nous employer tout entier pour maintenir l'union entr'eux, & nous devons être fi fages, fi circonfpects en toute notre conduite, que nous ne leur donnions jamais aucune occafion de fe plaindre, ni de nous,' ni les uns des autres; nous ne devons jamais rien dire, ni rien rapporter qui puiffe leur donner des foupçons,ou leur faire croire que tels ou tels ne les eftiment pas affez, ou qu'ils parlent d'eux defavantageufement, ou qu'ils les trai tent avec quelque mépris, ou enfir qu'ils les defobligent en quelque maniere que ce foit. Bien loin d'inventer des fauffetez qui pourroient rompre la paix ou au moins affoiblir la bonne intelligence qui doit être entre eux; nous devons fupprimer tout ce qui eft capable de les bleffer, quelque vrai qu'il foit: nous devons adoucir tout ce qui peut aliener les efprits, & expliquer le plus favorablement qu'il nous eft poffible les chofes qu'ils fçavent les uns des autres: nous devons demander nous-mêmes pardon des chofes que nous ne pouvons excufer; & porter ceux qui ont tort à rentrer dans leur devoir. Prions Dien. Délivrez - moi, Seigneur, de la multitude infinie de pechez que j'ai commis par mes penfées, par mes pa roles & par mes actions. Prions Dieu. Ayez pitié de moi, Seigneur, car je fuis coupable d'une infinité de penfees & de paroles vaines & stériles, telles que vous connoiffez que font celles des pecheurs. Faites que toutes les pensées de mon cœur, que toutes les paroles de mes lévres, que toutes les œuvres de mes mains forment un langage qui annonce vos louanges, & faites taire en moi tout ce qui ne s'accorde pas avec ce langage. Faitesmoi cette grace, qu'on n'entende jamais de moi aucune parole d'iniquité, de vanité, de legereté, & qu'en me rendant fidéle à obferver un double filence interieur & exterieur, je fois en état de m'approcher de vous, & d'écouter en telle forte votre Verbe éternel, que je demeure en lui, & par luj en vous & dans le faint Esprit. Prions Dieu. Delivrez-moi, Seigneur, de tout le bruit qui fe fait dans mon cœur, & qui paffe fouvent au-dehors par une multitude de paroles vaines & inconfiderées. Purifiez mon cœur & ma bouche; délivrez-moi de l'inclination que j'ai de parler plus que je ne dois & que vous ne voulez, ce qui fait que mes paroles deviennent des pechez; je me condamne par ma propre bouche. Faites que mon cœur ne penfe rien que de conforme à votre efprit, & mettez fur mes lévres toutes les paroles que je prononce que ma voix ne me ferve plus que pour gémir de mes pechez, & pour chanter vos louanges. Que tout foit calme dans mon ame & qu'on n'y entende aucun fon, finon celui de votre efprit & de mes prieres : C'eft ce que vous demande, ô mon Dieu, un miferable pecheur qui a recours à vos miféricordes. EXAMEN DE L'ETAT DE NOTRE AME ENVERS DIEU. ENVERS NOUS-MÊMES 2 ET ENVERS LE PROCHAIN. Envers Dieu. I. N ne doit compter pour véritables chrétiens, felon S. Auguftin, que ceux qui ont affez de foi, d'efperan ce & de charité, pour ne commettre plus aucun peché mortel. Or à mesure. que ces vertus prennent de plus profondes racines dans notre ame, nous nous éloignons davantage de toute for te de pechez. Afin donc de connoître |