I. Ils exagerent le nombre & la grandeur de leurs pechez; mais ils fe diffimulent à eux-mêmes les défauts de leur efprit, ils ne le fauroient croire foible & aifé à fe renverfer. Ils ne font pas affez humbles pour fe perfuader qu'ils prennent des illufions & des fonges pour des veritez. De forte, qu'on leur peut appliquer juftement ce que notre Seigneur dit aux PhariJoan 9 fiens: Si cæci effetis, non haberetis peccatum : nunc vero dicitis: Quia videmus, peccatum veftrum manet. Il feroit à defirer que vous fuffiez tellement aveugles que l'on pût vous conDeut. vaincre de l'être. Mais parce que malJob.s.gré votre aveuglement vous vous glo19. & rifiez de votre lumiere, & que vous сар. 12. N. 25. prenez la nuit pour le jour, vous demeurez dans la nuit & dans le trouble, & rien ne vous en fera fortir tant que vous ferez dans cette bonne opinion de vous-même. 28. 29. XI. i. JHIC Neceffité de devenir enfant pour Ette fervir à nous, faire comprendre cette autre pa Matth. 18.3. notre efprit, & le danger qu'il y a que Prov .18. 2. XII. La plus grande maladie de ceux qui font dans le trouble, c'eft d'être attachez à leur propre Sens. O N ne fauroit nier que ceux dont nous parlons ne fachent très bien qu'ils font malades. Les peines dont ils font continuellement tour mentez ne leur permettent pas d'en douter, & c'est même une partie de leur mal d'y être trop fenfibles. Mais ce qu'ils ne connoiffent point, c'eft que leur plus dangereufe maladie vient de l'attache à leur propre fens. Car elle eft telle qu'ils fouffrent avec peine qu'on leur dife qu'ils ne fauroient guérir, qu'en fe foumettant aux avis de quelque perfonne éclairée, ou au moins s'ils fouffrent ce langage avec quelque forte de patience, ils n'en confervent pas moins dans leur cœur uns amour fecret de leur propre opinion, & une difpofition de réfifter aux avis qu'on leur donne ; ce qui les éloigne entierement de faire les efforts necef faires pour les pratiquer. Ils voyent peut-être un grand nombre de raifons qui les contraignent de reconnoître qu'ils n'ont pas fujet de fe préferer aux autres, & qu'ils en ont beaucoup de fe mettre à la derniere place. Mais nonobftant tout cela, s'ils ne fe préferent aux autres, ils préferent au moins le jugement qu'ils font d'euxmêmes, à celui que les autres en portent; ce qui fuffit pour les rendre coupables d'orgueil, & pour rendre l'état où ils font très-dangereux, parce qu'ils s'y tiennent volontaire ment. XIII. Ils defirent d'être delivrez, mais felon leur volonté, & non felon Pordre de Dieu. CE E n'eft pas qu'ils ne voulussent mais ils voudroient que ce fût en leur maniere, & que Dieu s'accommodat à leur defir & à leur inclination, & qu'il les guérît de même; qu'il ne |