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comme une fuite néceffaire des réflexions & des agitations d'efprit qu'excite en nous notre amour propre. Il eft donc vrai que nos troubles font toujours non-feulement vains & ins commodes, mais dangereux & nuifibles à notre falut, puifqu'ils nous empêchent, ou d'exécuter la volonté de Dieu ou de la chercher, & que nous devons toujours faire l'un ou l'autre.

XXII

Les réflexions de ceux qui fe troublent trop, viennent de la malice du dé& par conféquent il y faut

mon,

réfifter.

Our achever de convaincre ceux

P qui fe laiffent aller à ces impor

tunes réflexions, de l'obligation qu'ils. ont de s'en détourner, il eft bon de leur faire confiderer qu'elles ne font pas feulement des effets de leur propre efprit, mais que le demon y a beaucoup de part. Car dès le moment que nous tâchons de quitter nos pechez, de nous convertir à Dieu, &

de rompre les liens où nous tenoit captif notre ennemi invifible; nous ne devons attendre de fa part qu'une guerre ouverte. Son envie & fa rage contre les ferviteurs de Dieu eft telle, qu'il ne manque jamais de leur faire tout le mal qu'il peut : & lorf que par la mifericorde de Dieu il fe trouve trop foible pour les faire fortir de la voie où ils font entrez, il ne lui refte que de leur rendre cette voie dure & pénible, de leur y faire trouver des précipices & des montagnes, de les y troubler, de les y tenir dans une agitation continuelle, de leur ôter le fouvenir de la bonté de Dieu, & l'efperance de fes graces; de les environner d'épaiffes tenebres & de vaines frayeurs, en leur faifant paroître leurs pechez fi grands & en fi grand nombre qu'ils en demeurent accablez, Mais tous ces artifices lui font inutiles, quand une foi auffi forte que lumineufe nous les découvre. Car alors elle applanit les montagnes, & remplit les vallées; elle éclaire les nuits les plus obfcures, elle affermit nos pieds fur la pierre qui eft Jefus-Christ même. L'efperance qui l'accompagne toujours quand elle eft vive, change

notre trifteffe en joïe, & notre foibleffe en force: elle nous donne la paix & nous fait oublier tout ce qui peut faire nos troubles. La charité qui eft l'ame de notre foi & de notre efperance adoucit ce qui nous paroiffoit difficile ; elle nous remplit de courage, & nous fait courir fans peine dans les voies les plus étroites. En cet état nous ne pouvons avoir que du mépris du démon, & ce feul mépris fuffit pour rendre inutiles tous fes efforts & pour diffiper toutes les images affreufes dont il fe peut fervir pour nous troubler. Et quelques foibles que nous foyons, nous fortirons aifément de tous fes pieges, quelque induftrie qu'il ait pour nous y embaraffer, fi nous nous portons à juger plus équitablement de nous-mêmes & de la bonté de Dieu. Car que ne pouvons-nous point contre un ennemi déja vaincu, fi nous nous appuyons fur le fecours d'un Dieu tout-puiffant ? Si-tôt que l'efprit fera remis dans la paix, on fera convaincu que tout le mal n'eft venu que de trop de réflexions fur foimême. Si ces perfonnes travaillent ferieufement à s'en délivrer, on peut dire qu'ils en font déja délivrez. Car

ces

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ces inquiétudes devenant involontaires, & n'étant plus entretenues par l'amour propre, elles ne feront plus pour eux qu'un exercice qui fervira à les affermir dans la vertu, étant certain que nos forces croiffent contre le démon, à mesure que nous lui réfiftons. Il eft indifferent que nous foyons dans la trifteffe, ou dans la joie, troublez, ou tranquilles. Mais il eft de la derniere importance que nous obéiffions à Dieu, & que nous tâchions d'accomplir ce qu'il veut de nous. Or felon l'état où il nous met il exige de nous diverfes chofes; & fa volonté eft à l'égard de ceux dont nous parlons, non qu'ils ne foient point troublez, mais qu'ils ne s'abandonnent point à leurs troubles, qu'ils travaillent avec fidelité à y réfifter, dans l'attente que Jefus-Chrift les en délivrera entierement & leur donnera fa paix.

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XXIII.

Il eft difficile de guérir les troubles
de l'efprit.

Ais afin qu'ils ne fe laffent point
de combattre, il eft bon qu'ils
ne croyent pas qu'il leur feroit facile
d'obtenir une fi grande victoire. Car
encore que Dieu puiffe tout, il y a
néanmoins des graces plus rares les
unes que
les autres; & nous voyons
par expérience, qu'il arrive peu fou-
vent qu'avec fon aide même on se
corrige pleinement & abfolument des
défauts qui ont leur fource dans la na-
ture, & principalement s'ils font for-
tifiez par une longue habitude. Or
cette pente aux réflexions inquiétan-
tes, eft proprement de ce genre-là.
Il y a de certaines perfonnes qui y
font naturellement difpofées. L'habi-
tude augmente encore ce penchant :
ainfi l'imagination s'étant accoutumée
à propofer à l'efprit certaines images,
lors qu'elle y eft excitée par de cer-
tains objets, il est très-difficile de fe
défaire entierement de ces images, &

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