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XXIX.

Avoir recours à Dieu avec confiance.

C'E

'Eft ainfi que nous devons nous convaincre nous-mêmes, qu'en quelque état que nous foyons, il faut toujours avoir recours à Dieu avec confiance; & qu'il n'y a point de fi grand pecheur qui ne puiffe attendre fon falut de fa mifericorde, s'il l'invoque avec perfeverance. Dieu lui- Pf. 61.9 même commande à tous les hommes d'efperer, c'eft le devoir le plus certain & le plus indifpenfable de la religion chrétienne. La raifon nous y oblige auffi-bien que la foy; & fouvent c'eft le feul défaut de cette confiance. qui fait que nous n'obtenons pas ce que nous demandons. C'eft ce que nous marque faint Jacques dans fon Epître Si quis veftrum indiget fapien - Jacob. 1. tia poftulet à Deo ; Si quelqu'un de " vous a befoin de fageffe, qu'il la demande à Dieu. Mais comment la doitil demander à Dieu pour l'obtenir? Poftulet autem in fide nihil hafitans. Il· la doit demander avec foy, & fans

aucun doute qu'il ne l'obtienne. Il eft donc très-utile de méditer fans ceffe les effets de cette mifericorde, fur les autres & fur nous; de repaffer en fon efprit les funeftes engagemens dont elle nous a prefervez, les fecours qu'elle nous a procurez, les picges qu'elJe nous a fait éviter, & les tentations dont elle nous a éloignez. Car ce n'eft fouvent que l'oubli des graces de Dieu qui nous jette dans la défiance: & fi nous avions foin de remarquer en particulier les affiftances que nous avons reçûës de lui, il feroit impoffible que voyant tant de marques de fon amour envers nous nous n'euffions en lui une parfaite confiance : & nous aurions toujours dans le cœur cette excellente parole d'un ancien : Je fçai quelle eft la grandeur & le nombre de mes pechez, mais je sçai aussi quelle eft la bonté & la puiffance de celui qui eft venu au monde fouffrir & mourir pour les pecheurs.

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X X X.

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Pour rendre cette confiance utile il faut être fidele à s'acquitter de fes devoirs.

Pour attirer la mifericorde de Dieu

nous

il faut non feulement

l'implorer jufqu'à la fin de notre vie; mais auffi tâcher de fatisfaire aux devoirs particuliers de la condition où Dieu nous a mis, parceque nous ne pouvons les négliger fans nous mettre dans un extrême danger, de rendre notre priere inutile: & fi au contraire nous fommes fideles à nous en acquitter, à la joindre à nos autres bonnes œuvres, ils rendront notre priere plus puiffante & plus efficace, & ils nous feront un grand moyen pour obtenir de Dieu tout ce que nous lui demanderons.

Mais comme la vûë de ces devoirs, & la crainte que nous pouvons avoir de n'y pas fatisfaire, font fort capables de reveiller dans notre efprit nos défiances, & de nous rejetter dans les troubles, on les doit appaifer par ce

principe certain : que perfonne ne fçachant s'il fatisfait à fes devoirs en la maniere qu'il le faut, la volonté de Dieu, que nous devons fuivre comme notre regle, eft que nous nous appliquions à ce que nous fçavons certainement être nos devoirs, efperant qu'il nous pardonnera les fautes où notre fragilité nous a fait tomber, & que nous connoiffons, comme celles que nous ne connoissons pas, & où nos tenebres nous engagent.

XXX I.

Combien il eft important d'être
attentif à fes devoirs.

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Et avis s'étend plus loin que l'on ne penfe, car il y a bien des gens qui fe fatiguent inutilement, à connoître ce que Dieu veut leur cacher ̧ & qui ne font aucun effort pour pra tiquer ce qu'il leur fait connoître; ou pour s'informer de quantité d'autres devoirs, qu'ils n'ignorent que parce qu'ils ne veulent pas les connoître. Ils font remplis de préventions & d'opiniâtretez fecrettes, qui ferment l'en

trée de leur cœur à la verité, empêchent qu'ils ne la puiffent voir par euxmêmes, & qui ôtent à tous ceux qui les environnent la liberté de la leur dire avec ouverture de cœur, & de les avertir de leur obligation, parce que perfonne n'eft bien aife de fe rendre incommode inutilement ; & parce qu'on tire fi peu de fruit de ces fortes d'avances, on prend aifément le parti de n'en faire aucune & de laiffer vivre le monde en fa maniere. Si donc nous avons un defir veritable de connoître nos obligations, nous ne fçau rions trop demander à Dieu cette difposition humble & fincere, qui feule nous peut tenir le cœur ouvert à la verité. Nous ne fçaurions trop témoigner que nous defirons la connoître en recevant favorablement ceux qui veulent nous inftruire. Si la verité feule est tout notre tréfor & notre gloire, nous la recevrons, de quelque part qu'elle vienne, avec la même ardeur, que les gens du monde en font paroître pour l'élevation & les commoditez temporelles.

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