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X X X I I.

Deferer aux avis d'un ami fidele.

Pour trouver ces veritables amis

qui nous avertiffent de nos devoirs, & pour profiter de leurs avis, il les faut chercher & les defirer de tout fon cœur comme la perle pré-cieufe de l'Evangile, & les demander à Dieu inftamment. Il les faut recevoir de fa main, comme des dons d'un prix infini. Quand il nous les fait rencontrer, il faut nous rendre dociles à ce qu'ils nous difent, & les croire aussi éclairez, que nous fommes aveugles pour juger de nos actions, pour découvrir les principes qui nous font agir, & difcerner les paffions fecrettes d'où naiffent nos troubles.

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Il eft vrai pour l'ordinaire que perfonne ne connoît fi bien que nousmêmes, ce qui fe paffe dans notre cœur ; mais il faut excepter de cette regle ceux qui font dans le trouble, & qui fe laiffent aller à leur inquiétude. Car lors qu'ils fe trouvent en cet état, la nuit qui les environne eft

telle que ne voyant plus rien d'euxmêmes, il eft impoffible qu'ils puiffent bien juger de ce qui fe paffe en eux : & jamais ils ne fortiront de cette mifere, qu'en ceffant de croire à leur propre efprit, pour fe rendre au confeil d'un ami fidele, & d'un condu&teur éclairé. S'ils peuvent prendre cette réfolution & l'exécuter, ils fe trouveront bientôt dans une nouvelle voie. Elle eft dès fon entrée fure, droite, pleine de lumiere. Mais ceux qui ont le courage d'y marcher quelque tems, voyent par expérience qu'elle eft large, & aifée; & enfin en y marchant avec perfeverance, ils Y trouvent la verité & la paix, qu'ils n'ont jamais pû rencontrer en euxmêmes.

Je fçai que ceux qui fe font engagez bien avant dans une region de tenebres & de tempêtes, n'en fortent pas en un moment. Mais c'est déja beaucoup, qu'ils prennent la voie d'en fortir, qu'ils goûtent les confeils qu'on leur donne;que ces confeils leur foient toujours prefens, & qu'ils foient perfuadez que pour guérir furement, ils n'ont qu'à fouffrir avec patience tout ce qui fe paffe dans leur efprit malgré

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eux; & que tout ce qui leur fait pei ne, ne leur fçauroit nuire, fi au lieu de s'y arrêter ils n'en ont que du mépris. C'eft beaucoup qu'ils entrent avec joie dans la connoiffance de leur obligation, & qu'ils tâchent de s'en acquitter avec fidelité. Car quelque foibles qu'ils foient d'abord, ils ne manqueront point de fe fortifier, s'ils employent ce qu'ils ont de liberté de volonté & de force à faire tout le bien dont on les avertit ; & fi ceffant de fe regarder eux-mêmes avec trop d'empreffement, ils s'appliquent uniquement à confiderer la bonté de Dieu, fa douceur & fa mifericorde, où ils trouveront tout le fecours dont ils ont befoin.

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XXXIII.

Pour guérir de nos fautes il faut

St

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les voir dans la lumiere de la

verité.

I nous pouvons ainfi nous tenir tournez vers la lumiere de Dieu, cette divine lumiere fe reflechiffant fur nous, nous fera connoître plus effica

:

tement nos obligations, nos défauts, & les remedes à nos troubles, que ne fçauroient faire les hommes les plus éclairez & ce fera comme une récompenfe de la docilité avec laquelle nous les aurons écoutez. En confiderant la bonté de Dieu, nous verrons notre ingratitude. Sa fainteté nous ouvrira les yeux pour nous faire voir avec plus d'horreur notre corruption. Sa justice nous obligera de condamner nos injuftices. Cette fouveraine paix dans laquelle les trois divines perfonnes repofent en demeurant en elles-mêmes, nous fera defirer de fortir de nous-mêmes, pour trouver la paix dans ce lieu tranquille. Enfin, l'éternelle verité, fi nous avons foin de l'avoir toujours prefente, nous découvrira nos menfonges, nos erreurs & tous les autres déreglemens de notre vie. Nous ne ferons point troublez de cette connoiffance. Car quand nous ne voyons nos pechez que dans la lumiere de Dieu, elle nous humilie fans nous confondre ; & loin de nous jetter dans l'inquiétude, elle diffipe les vains phantômes de l'imagination, qui font les plus fécondes, & prefque les feules fources de toutes les

Matth. inquiétudes. Elle commande aux flots 8.26. & aux tempêtes de s'appaifer, pour nous rendre le calme. Elle diffipe les tenebres de notre cœur, elle l'affermit, elle le fortifie & nous fait marcher comme en plein jour dans les bonnes œuvres. C'eft cette lumiere qui diffipoit les troubles du prophete roi : & comme il témoigne lui-même, il n'avoit qu'à fe fouvenir de Dieu pour s'en voir délivré, & pour jouir P. 41.7. de la paix. Ad me ipfum anima mea conturbata eft, propterea memor ero tui.

XXXIV.

Que notre crainte foit fans trouble.

Omme pendant cette vie, nous Cne ne pouvons pas prétendre à une paix parfaite & affurée, qui ne fe trouve que dans le ciel, ayant beaucoup à craindre du corps de peché que nous portons, & de tout ce qui nous cnvironne; craignons puifque nous marchons au milieu des précipices, parmi de puiffans ennemis, & que nous fommes dans une fi extrême foibleffe, que de nous-mêmes nous ne fommes

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