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que ce

capables que de tomber. Mais foit la lumiere que produit en nous la préfence de Dieu qui nous faffe craindre ; & nous craindrons fans inquiétude. Ayons une crainte fage & prudente, qui nous faffe toujours veiller fur nous-mêmes; & elle nous prefervera des pieges de nos ennemis, & de toute autre chûte. Craignons, puifque nous ne pouvons rien de nousmêmes. Mais que notre efperance furmonte notre crainte; puifque nous philip. pouvons tout en Jefus-Chrift. Nous 4. 13. fçavons que notre vie eft une tenta- Job.7. I. tion continuelle. Mais fi la lumiere de la foy nous montre que celui qui a triomphé de toutes les tentations de fatan, eft avec nous, nous ne douterons point qu'il ne nous délivre de tous les dangers où nous fommes; comme il nous en a délivré plufieurs fois, & comme il en délivre tous les jours ceux qui ne craignent que lui: Eripuit, eripit, eripiet. David crai-2 Cor. gnoit fes ennemis, quand il se voyoit 1. 10. environné de leurs troupes, & prêt de tomber entre leurs mains. Mais fa crainte fe changeoit en efperance, quand il voyoit fon Dieu proche de lui: Si confiftant adverfum me caftra, Pl. 26.37

non timebit cor meum. Lorfque les hommes & les démons nous attaqueront, ayons feulement foin de mettre Dieu de notre côté: & quand nous ferions au milieu de l'ombre de la mort, nous ferions à couvert de tous Pf. 22.4. leurs efforts: Si ambulavero in medio

18.

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umbra mortis, non timebo mala, quoniam tu mecum es. Craignons, de peur S. Aug. de tomber dans la préfomption; Time 1. Joan. ne tumeas; puifque nous fommes encore bien éloignez de cette charité parfaite qui chaffe toute crainte. Mais fi cette crainte vient de l'efprit de Dieu, elle ne produira que de bons effets. Elle fervira à nous faire veiller exactement fur nous-mêmes, à nous rendre Rom. fimples dans le mal, n'efant faire aucune action qui en ait la moindre apparence; & prudens dans le bien, en nous appliquant à tous les devoirs de pieté où nous fommes engagez par notre condition. Enfin, fi nous ne craignons que Dieu feul, cette crainte falutaire nous délivrera de toutes les autres craintes elle éloignera de nous toute inquiétude, & paffera peu à peu en cette confiance parfaite, qui chaffe

16. 19.

toute crainte.

XXXV.

XXX V.

Dieu reçoit à mifericorde tous les
pecheurs qui fe convertissent.

LA feule vie de nos

peut aifément porter à nous croire fi miferables, que nous ne méritons que d'être rejettez de Dieu; que c'eft inutilement que nous nous efforcerons d'aller à lui, & que nous devons au contraire le prier qu'il fe retire de nous: Exi à me quia homo peccator Luc 5.8. fum, RETIREZ-vous de moi, Seigneur, qui êtes la fainteté même; car un auffi miferable pecheur que je fuis, ne fçauroit fubfifter en votre préfence. Mais fi à cette connoiffance de notre indignité, nous joignons celle de la bonté de Dieu, fi nous confiderons que ce Ezech n'est pas la mort du pecheur qu'il de- 33. IIv mande, mais fa converfion & fon falut; fi nous nous fouvenons que le fauveur du monde, non feulement ne rejette pas ceux qui retournent à lui, mais qu'il les cherche dans leur égarement, qu'il les prévient de fa charité, qu'il les preffe & les force Tome I.

S

Matth. d'entrer en fon royaume ; que ce bon 18.12. Pafteur n'épargne aucun travail pour trouver la brebis égarée, & qu'il daigne la charger fur fes épaules, pour la ramener au troupeau : il n'y a rien qui nous empêche d'efperer tout de lui, & de croire qu'il ira même au-delà de nos efperances. Nous fommes aveugles, foibles, malades. La feule vûë de ces miferes feparée de la vûë de Dieu, ne fert qu'à nous troubler & à nous rendre encore plus miferables. En nous occupant de nos maux d'une maniere toute humaine, nous en demeurons plus accablez: & quelque peine que nous prenions, d'en confiderer la grandeur & le nombre, elle ne nous fert de rien pour en fortir. Nous ne le pouvons faire qu'en nous quittant nous-mêmes, en nous oubliant, & en nous avançant vers Dieu.

X X X V I.

Il faut chercher Dieu dans le plus fort de nos miferes, pour en être confolé

CH

Herchons-le donc de tout notrę, cœur, pendant que nous le pouvons encore trouver. C'eft Jefus-Chrift lui-même qui nous donne cet avis fi important. Il ne confeille pas à ceux, qui font chargez & laffez de demeu rer dans le chemin où ils font, pour examiner avec foin, avec curiofité & follicitude combien leur fardeau eft pefant, quelles font les chaînes qui les y attachent, combien elles font dures & ferrées, de quelle nature eft leur laffitude, quelles en font les causes, & combien les fuites en peuvent être funeftes. Il y a dans nos maux, fi nous nous y amusons, de quoi occuper notre efprit inutilement toute notre vie. Il y a de quoi former des inquiétudes à ne finir jamais, & à nous ôter pour toujours notre repos.

Mais qu'eft-ce que Jesus-Chrift veut que nous faffions? Que nous allions

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