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4.15.

des paffions qui nous font commettre des crimes ; mais tout amour que nous avons pour les chofes creces quand nous ne les aimons pas pour Dieu: çet amour eft mauvais parce qu'il nous eft défendu par par la loi éternelle, par ce commandement de Dieu, Non concu, Exod. pifces ; Vous n'aurez point de mauvais 20. 17 defirs, par ces paroles de l'Apôtre : 1. Joan. N'aimez ni le monde, ni les chofes qui font dans le monde. Nous devons tout Deut. 6 à Dieu qui nous a tout donné, mais £• fur toutes chofes, il nous commande : de l'aimer de tout notre cœur, de tou-.. te notre ame & de toutes nos forces, parce qu'il veut qu'il n'y ait rien ent nous qui foit vuide de cet amour ; que notre cœur n'ait de defir que pour lui, que notre ame n'ait de joye, de consolation, de repos qu'en lui feul ; que nous n'ayons de crainte que de l'offenfer, que toutes nos penfees lui foient confacrées, que tous nos deffeins fe réuniffent pour faire fa volonté, que nous ne travaillions que pour ac complir fes commandemens, que. nous ne parlions qu'autant qu'il nous y oblige; & enfin que nous foyons auffi prêts d'agir que de fouffrir pour lui dans toutes les occafions qu'il nous

en donne; afin que nous foyons tout à Jefus-Chrift, comme il eft tout à Cant. 2. nous: Dilectus meus mihi & ego illi.

16. Co

loff. 3.

37.

2. Quiconque comprendra bien qu'il eft obligé de rapporter toutes fes actions à la gloire de Dieu, & qu'il ne les doit faire que par le mouvement de fon efprit; qu'il doit fuivre dans tous fes pas le bon pafteur fans jamais fe feparer de lui; qu'il le doit imiter dans l'amour de la pauvreté, de l'humiliation, de la patience; qu'il doit marcher comme lui, dans la voye étroite parmi les fouffrances & les'. Croix, qu'il doit être obéiffant, mor- : tifié charitable & faint comme lui; comprendra aifément que tout mouvement intérieur ou extérieur qui n'eft pas conforme à cette parfaite regle, eft mauvais & oppofé à la loi divine, Il fera perfuadé que puifque nous ne devons defirer & faire que da volonté de Dieu, tout autre defir & toute autre action eft un effet du déreglement de notre ame: que nous devons refi-› fter à toutes les inclinations qui nous détournent de Dieu & nous portent vers les créatures, & nous défaire de ce poids qui nous entraîne vers la terre & qui nous retire du ciel,

20. 7.

3. Quand nous confiderons les gran des obligations que nous avons de veiller toujours fur nous-mêmes, de Levit nous renoncer, d'être faints & parfaits Matth. comme Dieu eft faint & parfait; c'eft. 5. 48. à-dire, d'avancer continuellement vers fa fainteté & fa perfection, & que d'ailleurs nous fentons notre extrême foibleffe; nous fommes agitez de toute part de tentations très-violentes & accablez fous le joug de nos convoitifes, nous fommes obligez de nous recrier avec les Apôtres, Domi- Matth's ne, falva nos, perimus; Seigneur fauvez-nous, nous periffons. O mon Dieu qui me délivrera du corps de cette mort qui a tant de puiffance fur moi, qu'il me fait faire le mal Ram. 7. que je ne veux pas, & qu'il m'empê- 24. 1·5. che de faire le bien que je veux ?

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4. Ayant une guerre continuelle avec une infinité d'ennemis puiffans & cruels, il eft impoffible que nous n'en recevions une infinité de playes, & c'est beaucoup fi nous n'en recevons point de mortelles; ayant en nous une fource inépuifable de corruption, nous devons reconnoître que depuis la tête jufques aux pieds il n'y a rien de in en nous, Totus homo morbus. Et S. Augi

notre feule efperance, c'eft de pou voir guérir par le fecours d'un medecin tout-puiffant, & à condition d'embraffer le remede d'une penitence qui dure toute notre vie.

S.. Nos yeux fe ferment malgré nous ou ils s'obfcurciffent. L'infirmité de notre chair nous jette fouvent dans L'affoupiffement, quand nous fommes plus obligez de travailler à l'ouvrage de Dieu; & alors des ennemis qui ne dorment jamais & qui ne fe laffent point de nous faire tout le mal qu'ils peuvent, ne manquent pas de jetter Matth. de l'yvroye dans le champ de notre 33. 25. ame; elle y croît malgré nous, & c'est beaucoup qu'elle n'y croiffe point: jufqu'à étouffer le bon grain ; & male gré tous nos foins, notre cœur produit plus de ronces & d'épines que nous n'en pouvons arracher...

Nous fommes obligez de courir fi nous voulons remporter le prix que Philip. Dieu nous deftine. Sic currite ut com Cor. 9. prehendatis.

3. 14. I,

24.

Mais comment courir quand mille chofes nous attachent à la terre, quand nous fommes liez très-fortement aux créatures, & que nous fommes fans force pour brifer nos liens. Quel

moyen de marcher toujours par des précipices, d'avoir affez de précaution pour n'y point faire de chûtes, & pour n'en pas faire même de très-fréquentes? Il n'y a perfonne qui puiffe fe glorifier de ne point tomber; mais ce que nous devons defirer, c'eft de nous relever de toutes nos chûtes avec cou rage.

2

7. Notre orgueil eft un mauvais levain qui fe répand dans notre cœur, comme fon aigreur dans nos actions. Quel moyen de nous en purifier entierement? Il faudroit s'hymilier en toute chofe, fe mettre audeffous de tout le monde, & ne fçavoir pas même que nous nous humilions: il ne faudroit jamais croire qu'il y eût rien en nous qui nous diftinguât du moindre de nos freres ; & ne rien voir dans nos freres de ce qui les peut abbaiffer au-deffous de nous; mais pour cela il faudroit n'avoir plus d'yeux charnels comme nous en avons: il faudroit ne rien voir dans un faux jour, & juger de toute chofe par la feule lumiere de Dieu. Il faudroit n'être plus du nombre des pecheurs, qui ne peuvent s'empêcher d'avoir trop bonne opinion d'eux-mêmes.

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