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Matth.

Jacob. I.

26.

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8. L'Evangile nous affûre que nous 13. 36. rendrons compte à Dieu de la moindre parole inutile ; & faint Jaques nous apprend que fi quelqu'un croft être religieux & ne retient pas fa langue comme avec un frein, que fa religion eft vaine; & cependant ce Jacob. 3. même Apôtre nous affûre que nul homme ne peut dompter fa langue'; que la concupifcence qui y réfide eft un feu qu'on ne peut éteindre entierement; que c'est un monde d'iniquité qui nous environne de toute part; que c'eft un venin mortel dont on ne peut arrêter le cours, & une fource d'eaux ameres qui fe répand par-tout. Or qui doute qu'on ne puiffe dire de toutes les autres convoitifes, ce que S. Jaques écrit de celles qui réfident dans la langue? Notre ame eft remplie de mille defirs des chofes du monde, de mille fauffes efperances,' de mille affections déreglées; il fau droit étouffer tous ces monftres avant leur naiffance: mais quelque réfolution que nous ayons d'exécuter un fi bon deffein, nous ne le faifons jamais; notre amour-propre nous défarme & nous ôte des mains la parole de Dieu, Ephef. qui eft la feule épée dont nous pou

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vons nous fervir, pour mettre à mort ces enfans de Babylone.

CHAPITRE IX.

Il y a des pechez qui font plus d'i gnorance que de convoitife, & il y en a qui font plus de convoitife que d'ignorance.

1.

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L eft certain que tout pecheur le trompe, ou ne fçachant pas que ce qu'il fait eft un mal, ou fe le diffimulant à foi-même en n'y faifant pas d'attention, ou n'en faisant pas affez. Mais il n'eft pas moins certain que tout pecheur fe rend coupable en defirant & en aimant quelque chofe qu'il ne lui eft pas permis de defirer ni d'aimer; qu'ainfi notre ignorance & notre cupidité concourent ensemble pour former les pechez; mais cependant il y en a qu'on appelle d'ignorance, parce qu'elle en eft la principale caufe, & c'eft de ceux-là dont nous allons encore parfer.

Il y a de certaines perfonnes fimples & groffieres, qui par ignorance

commettent un grand nombre de pe chez, fans prefque prendre garde que ce font des pechez: leur vie eft pleine de defirs des chofes du monde. Ils aiment leurs petites commoditez; ils fe réjouiffent des louanges qu'on leur donne; ils fupportent avec impatiente les contradictions; ils parlent autant qu'ils en ont envie ; ils tombenť én cent fautes femblables, dont jamais on ne les avertit.

3. Il est certain qu'ils fuivent dans eette maniere d'agir leur cupidité, & qu'ils ne font ces fautes que parce qu'ils y trouvent quelque fatisfaction & quelque plaifir: mais cette cupidité eft beaucoup moindre que leurs tenebres, & ne les tient pas fortement attachez; ce qui paroît fi elle ne leur fait pas commettre de grands pechez, fi elle n'empêche point qu'ils ne foient dociles aux veritez dont on les inftruit; & fi auffi-tôt qu'on les leur découvre, ils les condamnent, ils en gémiffent, & ils travaillent à s'en corriger.

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4. Mais ceux qui pechent plus par convoitife que par ignorance font ceux qui étant bien inftruits de leurs devoirs n'ont pas plus de fidelité à s'en

acquitter, que les ignorans dont nous venons de parler. Car quoiqu'ils n'ayent point de paffion qui leur faffe faire des crimes, celle qu'ils ont eft encore affez forte pour leur fermer les yeux & pour leur dérober en plufieurs rencontres ce qu'ils ont de lumiere. Ils ont l'efprit rempli des plus faintes regles de l'Evangile, & ils font affez fçavans pour en inftruire les autres; mais toute leur science n'empêche pas que leur cœur ne foit aifé à remuer, qu'ils ne s'irritent & ne fe fâchent quand on leur en donne les moindres occafions, & alors leur paffion eft comme un nuage qui obfcurcit toute la lumiere de leur raifon.

La fcience qui nous empêche de faire des fautes, n'eft pas celle qui nous rend fçavans, mais celle qui nous vient de l'attention que nous avons à Dieu, & que nos prieres font defcendre du ciel: c'est ce qui oblige également les fçavans & les ignorans d'avouer qu'ils ont befoin d'être éclairez de Dieu pour faire des œuvres de lumiere, & pour n'être pas furpris de cette nuit dans laquelle on ne peut rien Joan. faire de bien.

Philipu

CHAPITRE X.

Notre convoitife n'eft jamais détruite entierement pendant que nous vi vons, mais elle eft feulement affoiblie, & comme affoupie dans les ver ritables chrétiens

I.

C

'Eft une dangereufe illufion de nous imaginer que nous avons entierement fait mourir en

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nous la convoitife & que nous n'avons plus fujet de la craindre qu'il n'y a plus rien dans notre cœur de cette corruption que nous avons heritée de nos premiers peres, 8 que nous pouvons jouir dès ce monde d'une parfaite paix, & accomplir toute juftice. Quiconque croit avoir cette force ne fe défie pas de foimême ; il entre dans une pleine confiance, & il tombe bien-tôt dans les plus grands défordres : ce que Dicu permet pour punir fon orgueil & fa préfomption.

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2. Demeurons toujours perfuadez 2, 12. de notre impuissance & de notre ex

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