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Ezech.

leurs défordres, que le scandale en re tombe même fur nous, & qu'il fait de notre direction un fujet de raillerie. Nous devons certainement nous rendre à la conviction d'une experience fi claire, & nous condamner nous-mêmes comme tout le monde nous condamne. Nous devons reconnoître que non feulement nous n'avons pas une vertu & une lumiere extraordinaire, mais même que nous n'en avons pas affez pour conduire ces perfonnes: & n'y ayant aucune apparence que notre conduite leur foit plus utile dans la fuite qu'elle ne l'a été auparavant, il nous refte de conclure que nous ne fçaurions leur rendre un plus grand fervice, que de nous détacher d'elles, afin qu'elles fe détachent de nous. Car comme leur attache pour nous eft la fource de leurs foibleffes, il y a fujet d'efperer qu'elles feront penitence de leurs fautes après qu'elles en auront arraché la

racine.

XXII.

On fait affez les reproches du pro

1. v.18. phete Ezechiel, à ceux qui mettent des couffinets fous les coudes des pe

,

cheurs; mais on ne prend pas garde que quand les penitens s'appuyent fur nous, & & que nous n'avons pour eux que de la condefcendance & de la molleffe, notre conduite eft à leur égard de ces couffinets où ils fe repofent à leur aife, & où s'endormant ils oublient entierement l'obligation qu'ils ont de changer de vie, de fe convertir à Dieu & de faire penitence. Ils fe repofent avec affûrance fur nos paroles, parce qu'ils les croyent veritables; & ils s'y répofent doucement, parce qu'elles n'ont rien que d'accommodant & de doux ; ou fi elles ont quelque chofe de fort, on fe donne la liberté de les expliquer felon fes defirs.

XXIII.

Outre l'attache que les directeurs ont pour leurs penitentes, il y a encore une autre chofe qui les trompe; c'est que ne confiderant que ce qu'ils doivent à ces perfonnes, ils oublient ce qu'ils doivent à la verité, au pu-, blic & à leur réputation. Lorfque leurs devotes ont fait des actions im

prouvées de tout le monde, non feulement les gens du fiecle s'en fcanda-. lifent, mais le scandale retombe même fur les directeurs. On leur fait d'abord la juftice de croire que leurs penitentes n'ont pas fuivi leur confeil & qu'ils n'ont aucune part à ce défordre, ou qu'elles ont abufé de leur fimplicité. Mais quand on voit qu'après des actions fi déreglées, ils continuent à les traiter comme auparavant; on croit avoir droit de juger qu'ils font trompez, qu'ils ont d'autres interefts que ceux de Dieu, & qu'il n'y a qu'une paffion humaine qui les empêche de quitter des perfonnes, dont ils ont de fi grandes raifons de s'éloigner.

Les directeurs commencent alors à être l'opprobre & le jouet des gens du monde. Comme on ne remarque rien dans la vie de leurs penitentes qui les diftingue de ces pecheurs qui fe confeflent tous les jours, & qui retombent tous les jours dans les mêmes crimes, on ne les diftingue point auffi eux-mêmes des directeurs les plus relâchez: & s'ils fe font rendus celebres dans l'Eglife, ou par leurs

,

prédications, ou par leurs livres, tout ce qu'ils ont dit & écrit, n'ayant plus aucune autorité ni aucune force lés veritez les plus faintes de leurs inftructions & de leurs difcours deviennent un fujet de profanation & de blafphême.

DE LA DIRECTION,

ET DES

PECHEZ VENIELS

I.

Combien eft dangereuse la liberté que la plupart des chrétiens prennent, de commettre fans crainte toute forte de pechez, pourvû qu'ils ne foient pas mortels.

Ly a fujet de déplorer avec beaucoup de gémiffement & de larmes, la dureté & l'infenfibilité des hommes envers Dieu lorf

qu'on leur voit témoigner par leur conduite, qu'ils n'ont pas pour fa divine majesté, de laquelle ils tiennent toutes chofes, la confideration qu'ils ont pour des hommes, à qui ils font infiniment moins redevables.

Nous

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