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de faire tous les jours de nouveaux efforts pour fe purifier, puifque toute la vie d'un Chrétien doit être, felon les conciles, une continuelle penitence. Quant à ceux qui fe fentent chargez d'un grand nombre de pechez, & que les pechez réduïfent à un état de langueur & de foibleffe, ils ont d'autant plus fujet de craindre à toute heure la mort de leur ame, qu'ils fe voyent toujours très-malades, & que la moindre chute peut les perdre entierement, dans le danger où ils font de ne s'en pouvoir relever & d'y trouver le commencement de leur derniere ruine.

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I V.

Combien les peines & les frayeurs des juftes au fujet de l'impureté qui

fe mêle dans leurs bonnes œuvres nous obligent de craindre celle de nos pechez.

Q

Uelle crainte ne devons nous point avoir de nos pechez, puifque nous devons trembler pour nos

bonnes œuvres, à caufe de l'impureté, qui s'y mêle continuellement fans que nous nous en appercevions ? Ce qui a Ifai. 64. fait dire à un prophete, que fou

v. 6.

vent les bonnes œuvres des hommes, & celles mêmes qui ont plus d'éclat, reffemblent à un linge fouillé. C'eft auffi en fuivant cette penfée d'Ifaïe, que faint Augustin a dit, que toute la juftice des perfonnes les plus faintes difparoît comme une ombre, fi on en fépare la mifericorde de Dieu; non feulement parceque fi nous avons quelque bonne œuvre, c'eft la main de Dieu qui nous l'a fait faire, mais encore parce que nous ne fçavons pas fi nous en avons fait une feule comme il faut. En effet, nous voyons bien que nous nous mettons quelquefois en état de prier Dieu; mais oferons-nous dire que nous le prions avec toute l'ardeur & avec tout le refpect que fa fainte & adorable majefté exige de nous ? Pouvons-nous dire que nous y apportons la foy, l'humilité, la confiance, & les autres difpofitions qui font néceffaires, pour rendre nos prieres dignes de Dieu & utiles à notre falut?

Nous faifons peut-être quelques au

mônes

aux pauvres mais qui de nous les fait affez abondantes pour racheter fes pechez? Nous ne voudrions pas ravir le bien de notre prochain;. mais qui eft affez exact pour ne rien garder pour foi, de ce qu'il doit donner à fes freres? Il y a peu de perfonnes qui puiffent dire avec faint Paul, qu'ils châtient leur corps. Mais ceux mêmes qui le châtient en quelque maniere, le traitent-ils avec affez de rigueur pour le réduire en fervitude, pour retrancher entierement d'eux le corps du peché, pour faire mourir le vieil homme avec fes convoitifes, pour continuer & achever en eux-mêmes les fouffrances qui ont commencées en Jefus-Chrift, & pour fe rendre dignes d'être membres d'un chef couronné d'épines?

V.

Nous avons fujet de craindre que nos bonnes œuvres ne foient pas telles, ni en fi grand nombre, que Dieu les demande de nous.

ENfin, quelque chofe que nous

ayons faite, n'avons-nous pas fufaite, jet d'apprehender qu'on ne nous dife cette parole fi terrible: Nondum fatis eft: & qu'on ne nous reproche, que -nous n'avons pas fait affez de bonnes œuvres pour fatisfaire à nos pechez, que notre penitence eft ftérile, que nous n'avons pas rempli tous les devoirs d'un véritable Chrétien: Non Apoc. 2. invenio opera tua plena? Qui fçait fi notre fouverain juge, après avoir examiné toutes nos actions au poids du fanctuaire, ne nous declarera point dans fon dernier jugement, que nous avons beaucoup moins qu'il ne faut pour mériter une vie bienheureufe Daniel dans le ciel, Inventus es minus ha5.27. bens?

C'est ce qui nous doit faire craindre

,

que nos meilleures œuvres ne foient indignes de paroître devant Dieu qui eft la fainteté même & que toute notre justice, fi Dieu la mefure à la perfection de la fienne, n'ait plus rien de jufte, felon cette parole de faint Gregoire : Juftitia noftra, juftitia Dei comparata, injuftitia eft. Ce n'eft pas que ce faint Pape ne fût perfuadé, que nous pouvons, avec le fecours de Dieu, faire de bonnes œuvres. Mais il s'exprime ainfi, parce qu'il fçavoit que pour l'ordinaire nous mêlons dans ce que nous faifons, même pour Dieu, tant d'orgucil & d'amour propre, que quelques bonnes que nos actions paroiffent aux yeux des hommes, nous avons fujet d'apprehender qu'elles ne méritent d'êtie condamnées par celui qui, étant la fouveraine verité, ne voit les chofes que comme elles font.

s'af

Après cela, qui ofera fe confier à la pureté de fon cœur, & mettre fon efperance en foi-même ? Qui peut Prov.145 furer au milieu de la nuit qui nous 11. environne, que la voie qui lui femble bonne ne le conduit point au précipice? Qui n'a pas fujet de croire avec l'Apôtre, que quand fa con-4. 4.

1. Cora

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