Imágenes de páginas
PDF
EPUB

s'affujettiffent à la confeffion de leurs pechez, comme les plus grands pecheurs.

VII.

La conduite des ames eft un miniftere très-difficile & très dangereux à ceux-mêmes qui ont le plus de

vertu.

Na véritablement fujet de gémir, lorfque l'on confidere quun exercice fi faint, qui maintiendroit les chrétiens dans une grande pureté de confcience s'il étoit pratiqué comme il faut, devient inutile & même nuifible aux pecheurs par le mauvais ufage qu'ils en font.

Il n'en faut point chercher d'autre caufe que l'ignorance, & le peu depiété des Confeffeurs, qui ne peuvent que très-mal remplir les devoirs de leur miniftere, lorfqu'ils n'ont pas les qualitez néceffaires pour s'en acquitter. Ceux qui manquent de lumiere, ne peuvent être que des con-.. ducteurs aveugles; & ceux qui man

quent de pieté, ne font pas tant des Pafteurs que des loups, plus capables d'égarer ou de faire mourir les ames, que de les conduire à Dieu & de leur faire trouver la vie en lui.

Il faut avoir une lumiere toute divine, pour bien juger des maladies fpirituelles, pour connoître les remedes dont les ames ont befoin, & pour les feur appliquer utilement, apiès avoir confideré avec une attention toute particuliere leurs difpofitions & les diverfes circonstances. Quelque fageffe même & quelque expérience qu'on ait, elle eft fouvent inutile, fi elle n'eft appuyée fur la charité & fur une très-grande vertu.

Quel moyen de pénetrer affez le fond de tenébres & de corruption qu'il y a dans le cœur humain, le nombre infini de mauvaifes inclinations qui en naiffent, & là diverfité des monftres que produifent mille cupiditez differentes ?

Quiconque confidere bien la grandeur de fes maux, avec fon extrême foibleffe, ne croit pas avoir autre che fe à faire que de gémir fur les miferes de fon ame, comme le prophete Jeremie fur les ruines de la fille de

[ocr errors]

Sion. Comment oferoit-il donc fe rendre, ou fouffrir qu'on le faffe prince du peuple de Dieu, & entrepren dre de le gouverner? Comment s'eftimeroit-il affez riche pour revêtir du vêtement de falut,& pour nourrir d'u ne viande immortelle ceux qui font dans la nudité & dans la fair? Ne devons nous pas dire avec autant de raifon qu'un autre prophete, qu'il n'y a point de pain dans notre maison, que nous ne fommes pas medecins, que nous n'avons pas l'art de guérir les ma ladies fpirituelles, & qu'en étant nous mêmes remplis, il ne nous convient pas de remedier à celles des autres.

Il n'y a perfonne qui puiffe croire fans un extrême aveuglement, qu'il a tout le zele, toute la prudence, & toute la fageffe néceffaire pour un miniftere fi faint, qui feroit rédouta ble aux Anges mêmes. Mais quand nous aurions reçu tous ces dons avec plénitude, nous n'en devrions pas être moins perfuadez, que nous nous mettons en un extrême danger de nuire aux ames, & de ne rien contribuer à leur falur, fi nous n'avons un très-grand foin dans chaque occafion particuliere, de nous adreffer au fou

verain Pafteur, qui peut feul noús faire faire un bon ufage de ce que lui feul nous a pu donner.

[ocr errors]

Comme nous fommes appellez à travailler au plus important de. tous les ouvrages prions Jefus-Chrift de faire lui-même par fon efprit, ce qu'il nous oblige de faire avec lui. Reconnoiffons que nous ne fommes nous-mêmes que des inftrumens inutiles, & que nous n'avons de force qu'autant que nous fommes fideles à nous tenir entre ses mains toutes puiffantes. Car il faut que fon efprit divin nous fuggere tout ce que nous avons à dire qu'il nous anime & qu'il agiffe en nous & par nous, puifque fans lui nous ne pouvons rien faire.

,

En effet, c'est Dieu même qui fait tous les ouvrages de la grace comme ceux de la nature; celui qui laboure, qui feme & qui arrofe, n'eft rien, felon l'expreffion de l'Apôtre. Cela n'empêche pas néanmoins, que nous ne devions y travailler avec autant d'application & de foin que fi notre travail fuffifoit pour nous faire recueillir de riches moiffons. Quoique toutes nos connoiffances ne foient

que tenébres, fi Dieu ne nous éclaire

à chaque moment, il nous ordonne cependant de nous inftruire de fes veritez autant qu'il nous eft poffible. Et non feulement les Pafteurs chargez de la conduite des ames; mais encore tous les chrétiens, font obligez de s'appliquer ferieufement & continuellement à la recherche & à l'étude de la fcience de Dieu, afin de fe rendre véritablement enfans de lumiere.

,

VIII.

On s'engage facilement dans le peché, quand on ne prend pas affez de précaution pour l'éviter.

C

'Eft une verité conftante, qu'excepté le peché originel, nous ne pechons que par notre volonté, & que quelque preffante que foit la tentation, ou quelque effet qu'elle produife en nous, nous n'en fommes pas vaincus, fi nous n'y confentons point. Mais les gens du monde abufent beaucoup d'une maxime fi certaine ; parce qu'ils ne confiderent pas affez que leur volonté peut s'engager en Tome I. Hh

« AnteriorContinuar »