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preffions, qu'elles ont reçûës dans feur efprit & dans leurs fens. Lorfque toute la conduite de leur vie eft irréprochable & uniforme qu'on les voit affermis dans la pieté depuis plufieurs années, on eft obligé de juger favorablement de leur cœur ; & loin de croire qu'elles ayent confenti au peché, à moins que cela ne paroiffe clairement, il ne faut pas fouffrir qu'elles le croyent elles-mêmes. Cependant, il eft quelquefois néceffaire , pour les raffûrer & pour les mettre en repos, de permettre qu' elles pratiquent en particulier les mêmes mortifications que fi elles étoient effectivement criminelles. Il y a d'autant plus de fûreté à le fouffrir, que la penitence convient à tout le monde; qu'elle n'eft pas moins utile aux juftes qu'aux pecheurs, & que ces ames en tirent un affez grand avantage, fi elle fert à diffiper leurs troubles, & à leur rendre la paix.

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IX.

Les differens degrez de la cupidité font la difference des pechez.

I

Ly a des pechez qui paroiffent af fez femblables dans ce qu'ils ont d'exterieur, mais qui ne le font nullement dans leur racine, & dans ce qu'ils ont de caché. Il faut faire une grande difference entre ceux que l'on commet avec une pleine volonté ou avec attache; & ceux où l'on fe laisse emporter par foibleffe & par une efpe

ce de contrainte.

Il n'y a perfonne qui ne s'amufe quelquefois, & qui ne perde du tems; mais il s'en trouve qui cherchent les compagnies pour le perdre, & qui loin d'éviter celles où ils s'amufent inutilement, font même bien aifes de les rencontrer. Prefque tout le monde fe porte à parler plus qu'il ne faut : & c'est une perfection extraordinaire d'avoir affez de pouvoir fur fa langue, pour la refferrer dans les bornes d'une jufte retenuë. Car la plûpart des hommes en ont tant d'éloignement,

& ont même un tel empreffement de produire au-dehors les bagatelles & les vaines pensées dont leurs efprits font remplis, qu'ils en cherchent par tout les occafions. Dès qu'ils en trouvent quelqu'une, ils ne manquent pas de répandre tout ce qu'ils fçavent, & ce qu'ils ne fçavent point. Ils fe fervent de leur langue pour vuider leur cœur, mais elle ne le vuide que pour au gmenter la malheureuse abondance dc fes legeretez, de fes menfonges, de fes jugemens témeraires, & de fes fentimens d'amour propre & d'orgueil puifque l'on échauffe & l'on augmente autant ces paffions en parlant, que le filence les affoiblit & les diminuë.

Il y a des actions qui font indifferentes par elles-mêmes, mais que certaines circonftances rendent criminelles; comme le peché qu'on y commet eft plus grand ou plus petit, felon le degré de la paffion qui y porte. C'est une action indifferente, de jouer à un jeu innocent,& les gens du monde le peuvent faire quelquefois: mais s'ils s'y appliquent trop longtemps, ce jeu commence à devenir un peché : & fi le plaifir qu'ils y trouvent les y

&

applique avec une grande attache feur peché devient plus important. Que diroit-on d'une perfonne qui y pafferoit fouvent plufieurs heures, même les jours & les nuits? Combien feroit coupable celui qui préfereroit cet amusement à des affaires ferieufes, à la priere & à fes autres devoirs? Nous fommes obligez de ne donner notre cœur qu'à Dieu feul; & toute paffion qui y occupe la place de fa divine charité, fait regner le peché en nous contre la défenfe de faint Paul : Rom. 6. Non regnet peccatum in veftro mortali corpore; Car l'Apôtre nous avertit par ces paroles, non feulement de ne commettre aucun des crimes qui détruisent tout d'un coup la grace de Jefus-Chrift, mais encore de ne nous pas abandonner en telle forte aux occupations du fiecle, qu'elles empêchent Jefus-Chrift de regner en nous.

12.

On peut vivre très-innocemment dans la plupart des emplois de la vie civile. Il eft permis, par exemple, de fe faire avocat, marchand, peintre, &c. mais que jugerons-nous d'une infinité de gens qui fe livrent avec tant d'ardeur aux affaires temporelJes qu'ils oublient entierement celles

de leur falut; Ils s'engagent dans un fi grand nombre d'emplois, ou par le defir du gain, ou par le mouvement de leur ambition, ou par une humeur inquiete & remuante, qui les rend incapables de demeuer en repos, qu'à peine leur refte-t-il quelque moment pour prier Dieu, pour faire penitence, pour exercer la charité, & enfin pour s'acquitter des obligations les plus importantes & les plus indifpenfables de la religion. Ne peut-on pas dire de ces fortes de pecheurs, que des étrangers confument toutes leurs richeffes, & toutes leurs forces, fans qu'ils s'en apperçoivent: Comederunt Ole.7.9€ alieni robur ejus,& nefcivit? Si ceux qui vivent dans la retraite & dans l'éloignement du monde, ont besoin de veiller continuellement fur leur cœur, pour en éloigner ce que la corruption naturelle y produit malgré eux; quel peut être l'état de ceux qui ne font rien pour fe purifier, mais qui cherchent ce qui eft plus capable d'exciter leur convoitife, & de les engager de plus en plus en des affections terreftres, qui ne produifent que de nouveaux pechez?

L'amour est toujours le maître de

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