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Rom.. ne fentent comme les grands pecheurs .170. la loy du peché qui habite en eux; mais avec cette difference, que les premiers veillent beaucoup fur eux-mêmes, qu'ils s'efforcent de réfifter à leurs mauvaises inclinations, qu'ils prient fouvent Dieu, qu'ils gémiffent continuellement des maladies de leur ame,' & qu'ils fe fervent avec foin & avec une entiere foumiffion des remèdes qu'on leur prefcrit, en forte qu'ils ne tombent point dans de grandes fautes; qu'ils ne font pas long-tems dans cel les où ils tombent, & bien loin d'y contracter des habitudes, d'y demeu rer avec plaifir & de s'y attacher for tement, ils s'en relevent bientôt, ils s'en humilient, & ils les réparent en les puniffant fur eux-mêmes avec une jufte rigueur. Ils ne font pas fans concupifcence, mais ils la combattent & la diminuent journellement. Leur amour propre les rend encore foibles; cette foibleffe leur empêche de faire le bien auffi parfaitement qu'ils Rom. 7. voudroient, & leur fait faire le mat qu'ils voudroient ne point faire ; mais leur volonté fe fortifie peu à peu dans le bien & contre le mal. Leur con voitife eft un poids qui les fait fou

Vent tomber; mais par la mifericorde de Dieu leurs chûtes ne font pas mortelles, & par le fecours de la grace ils s'en relevent bientôt.

que J.

Matth.g

13.

1.

2. Nous devons gémir de tant de miferes qui nous environnent; & en même tems ce nous doit être une grande confolation de favoir C. eft venu pour les pecheurs & non i. Tim pour les juftes, & que Dieu veur 1. 15. bien nous fauver quelque foibles & imparfaits que nous foyons: mais cet te bonté & cette mifericorde, fi nous en avons une jufte idée, bien loin de favorifer notre pareffe, & de nous dif penfer de travailler ferieufement à no tre falut, nous ôtera la hardieffe que beaucoup de pecheurs prennent d'offenfer Dieu, dans la fauffe confiance qu'ils ont de fes mifericordes, fans confiderer qu'une fi mauvaise difpofi tion eft un obstacle aux graces de Dieu.

3. Nous devons être perfuadez que quand même nous aurions beaucoup de vertu, nous ne faurions nous fau ver fi nous ne fommes vigilans à combattre nos imperfections, fi nous ne tâchons d'avancer dans la voie étroi te, fi nous ne haïffons & fi nous ne fuions les moindres fautes, & fi nous

ne tâchons continuellement à nous ex purifier; c'eft ce que faint Auguftin nous apprend dans fon commentaire Pf. 148. des pfeaumes fur ces paroles, Imperfectum meum viderunt oculi tui & in libro tuo omnes fcribentur.

36.

4. Si nous fommes en cette maniere fideles à la grace de Dieu, c'est alors que nous pouvons mettre notre confiance en fa bonté & en sa mifericorde, quoique nous commettions encore beaucoup de fautes; & bien loin de nous en décourager, nous devons efperer que fi nous nous en humilions comme il faut, elles contribueront à accomplir les deffeins que Dieu a fur nous; car fouvent pour arrêter notre orgueil, pour nous humilier & pour nous convaincre que ce n'est que par

la

grace que nous fommes devenus victorieux des grands pechez, JefusChrift nous laiffe plufieurs années & quelquefois toute notre vie dans des fautes qui femblent faciles à corriger, & dont nous ne nous corrigeons pourtant jamais; afin que l'experience de notre foibleffe nous contraigne d'avoir recours au medecin tout-puiffant.

CHAPITRE XI I. Les tenebres où font encore les faints n'empêchent pas qu'ils ne foient des enfans de lumiere; & le peché qui habite en eux n'empêche pas qu'ils ne foient veritablement juftes.

Curde de Dieu ont une veritaEux mêmes qui par la miferible pieté & qui marchent dans la lumiere, ne font pas toujours affez fideles à Dieu pour ne s'éloigner jamais de lui, comme nous venons de voir. Ils pechent en ne résistant pas affez fortement à leur convoitife; ils s'aveuglent en s'appliquant trop aux objets que leur paffion leur préfente, & ils s'occupent quelquefois avec tant d'empreffement à des choses non néceffaires, qu'ils oublient une partie de leurs devoirs.

Quand leurs yeux perdent ainfi la vûë de la verité, il n'eft pas étrange qu'ils fe trouvent dans les tenebres & qu'ils faffent des œuvres de tenebres; mais leur bonheur, c'eft que Dieu les rappelle bientôt à lui,

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c'eft qu'ils ne vont pas bien loin fans retourner fur leurs pas, car ils on pour regle & pour pratique de rentrer fouvent dans leur cœur, de prier, de gémir, de fe reprefenter l'horreur du peché, l'approche de la mort, jugemens terribles de Dieu, & tour ce qui peut davantage fervir à les faire fortir de leur affoupiffement.

les

La jufte crainte qu'ils ont des tenebres dont ils fe voyent encore environnez, les preffe de demander tous 12.4. les jours à Jefus-Chrift qu'il éclaire leurs yeux, & de le demander inftam ment jufques à ce qu'ils obtiennent cette grace.

On peut dire que les tenebres de ceux qui vivent ainfi, n'empêchent pas qu'ils ne foient des enfans de lu miere; s'ils tombent quelquefois dans des fautes d'ignorance, leurs yeux ne s'obfcurciffent que parce qu'ils ne veillent pas affez pour prendre garde à tous les pas qu'ils font ; mais ils fe relevent bientôt, plus éclairez, plus humbles & plus forts qu'ils n'étoient avant leur chûte: car c'eft Fufage que les veritables chrétiens font de feurs fautes.

3. On peut dire de même, qu'ene

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