Imágenes de páginas
PDF
EPUB

mes à Jefus-Chrift, s'il nous défend, dans fes mains toutes

s'il

nous porte

puiffartes, perfonne ne nous en pourra arracher. Nous triompherons en lui de toutes les puiffances de l'enfer; & quelques foibles que nous foyons, notre foibleffe ne pourra pas empêcher que les deffeins de Dieu ne s'accompliffent en nous, & que nous n'arrivions au degré de vertu & de gloire qu'il nous a préparé.

Mais l'unique moyen d'obliger Jefus-Chrift à nous faire part de fes grandes graces, c'eft de ne point ceffer de craindre; c'eft de gemir & de prier; car cette priere, fi elle eft ardente & perfeverante, nous obtient peu à peu toutes les graces que nous pouvons defirer: elle regle nos actions exterieures: elle calme nos paffions: elle éteint en nous tout l'amour du monde: elle éclaire & purifie notre cœur elle nous approche de JefusChrift: elle nous donne confiance en fes mifericordes: elle nous attire à aimer uniquement un Dieu, qui n'est pour nous que bonté & mifericorde : elle eft comme un canal divin par lequel la charité eft portée dans notre ame: & enfin fi nous prions avec la

ferveur que nous devons, notre confcience, & le Saint Efprit même, nous rendront témoignage que nous aimons veritablement Dieu, nous commencerons à le regarder comme notre Pere; nous nous glorifierons d'être fes enfans. Nous aimerons ce Pere de toute bonté, & cet amour croîtra jufques à ce qu'il ait rempli notre cœur.

par

Que fi cet amour divin domine en nous fur tous les autres amours, nous confefferons nos pechez dans une pleine confiance d'en obtenir le pardon. Car il n'y en a point qui ne foient donnez à ceux qui aiment Dieu plus que toutes chofes. C'eft pourquoi un ancien pere nous avertit, que fi nous voulons obtenir le pardon de nos péchez & de toutes nos iniquitez, il ne faut qu'aimer: Si vis absolvi, ama. Aimons Dicu, & alors le tribunal de la penitence nous fera un trône de bonté & de miféricorde.

524

DE LA

CONVERSION

DES MOEURS,

[ocr errors]

Ï.

N ne fauroit confiderer fans douleur & fans gémiffement qu'encore que, plufieurs perfonnes penfent à fe convertir, ils ne fe convertiffent neanmoins jamais, parce qu'ils n'ont pas même la veritable idée d'une converfion folide, & ils ne s'adreffent qu'à de mauvais directeurs qui les entretiennent dans leurs ténebres: & cela nous donne lieur de dire avec S. Auguftin, Va cacis ducentibus: Va cacis fequentibus. Malheur aux aveugles qui entreprennent de conduire les autres: malheur aux aveugles qui fuivent de tels guides.

[ocr errors][merged small]

nitence, ils n'y penfent qu'à leur mo de, & ils font fatisfaits de leur converfion pourvû qu'ils menent une vie exemte des deréglemens qué les honnêtes gens condamnent. Ils fe perfuadent fans peine qu'il ne leur eft pas permis d'avoir le bien d'autrui, de médire groffierément de fon prochain, de faire de grandes injuftices, de s'abandonner à des actions infâmes qu'on n'ofe nommer, & qui deshonnorent ceux qui les commettent; ils en demeurent là, fans prendre garda qu'il y a bien d'autres chofes à faire pour fe fauver.

[ocr errors]

Ils ont pour but d'éviter tout ce qui leur paroît peché mortel: & ils font contens d'eux-mêmes, quand ils font arrivez à ce but; mais ils ne fe croyent pas capables d'aller plus loin : ils cedent aux autres l'état de perfection; & ils prétendent affez faire s'ils fe fauvent avec les plus foibles: il leur fuffit d'être dans le ciel, quoiqu'ils y foient au dernier rang: & ce qui acheve de les tromper, c'est qu'ils trouvent des confeffeurs qui s'imagi

nent qu'en ce temps où les ames font dans la derniere foibleffe, il les faut traiter avec beaucoup de condefcendance, & fe contenter de les tirer de l'enfer, en refervant leur penitence au purgatoire.

IV.

pe

Cela fait qu'on voit dans le monde une infinité de devots & de devotes qui vivent prefque comme ceux qui ne le font point. Ce leur eft affez d'avoir oui dire, qu'il n'y a point de ché mortel à l'opera, à la comedie, aux bals, aux ballets, pour prendre la liberté d'y aller continuellement. Après avoir entendu une Meffe fort courte, ils paffent fans fcrupule tout le jour dans le jeu & dans d'autres amusemens. Ils n'ont pas moins de délicateffe dans leurs tables, ni moins de pompes dans leurs meubles, que les perfonnes les plus plongées dans les vanitez du fiécle. Ils tiennent une conduite toute oppofée à celle de JefusChrist, & leur aveuglement leur donne une malheureufe affurance dans une voie fi dangereuse.

« AnteriorContinuar »