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DE

LA FREQUENTE

CONFESSION

Omme ce traité n'est destiné que pour des perfonnes très-foumifes à l'Eglife, & très-perfuadées de toutes

ni

fes veritez, il n'eft pas néceffaire de leur prouver que la confeffion eft une partie du Sacrement de penitence, de répondre aux fauffes raifons que les herétiques oppofent à ce dogme de la foi. Il en faut donc fuppofer la verité, dont tous les veritables chrétiens font affez convaincus par leur propre experience; puifque s'ils fe font quelquefois convertis à Dieu, s'ils font fortis de leurs défordres, & s'ils ont fait quelque progrès dans la vertu c'eft en confeffant leurs pechez; & ainfi ils ne peuvent ignorer que cette confeffion humble & fincere ne foit le premier pas que l'on fait pour entrer dans la voie du falut.

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par

En effet, Jefus-Chrift ayant communiqué aux Apôtres & à tous leurs fucceffeurs la même puiffance, de lier ou délier les ames, qu'il a reçûë de fon pere; ayant déclaré qu'il ne nous fuffit pas d'être reffufcités comme Lazare, la converfion de notre cœur; mais que nous devons encore être comme lui dégagés de nos liens par les miniftres de l'Eglife; & les ayant revêtus de fa divine puiffance pour les rendre nos juges, il nous a en cela d'autant plus obligés de leur expofer fidelement nos defordres, qu'ils ne peuvent exercer le miniftere qu'ils ont reçû de Jefus-Chrift, qu'au regard des pechez que nous leur faifons connoître, & dont nous nous accufons devant eux.

Les criminels à qui on fait le procès dans le monde ont grand fujet de cacher leurs crimes aux juges, & ils n'ont point d'autre moyen d'en éviter la punition. Mais les pecheurs n'ont pas le même fujet de cacher leurs fautes aux Prêtres, ni de craindre la rigueur de ces juges fpirituels, qui n'en ont que contre les crimes, & qui ne l'exercent que pour fauver les perfonnes. Ainfi au lieu de regar

der comme une cruauté l'obligation qu'on impofe de faire penitence, quelque grande qu'elle foit, on la doit regarder comme une faveur & un avantage auffi confiderable, que le malheur de ceux qui mourront dans leurs crimes fera extrême, lorfqu'ils les porteront devant un juge qui les jugera fans mifericorde, & qui punira avec une terrible severité les pechez qu'ils n'auront pas punis eux-mêmes pendant leur vie.

Quiconque, vraiement touché de fes 'defordres, confidere la punition qu'il merite, & la rigueur de ces terribles paroles: Allez maudits dans le feu éternel, recevra avec joïe tout ce qu'on lui ordonnera pour fatisfaire à la juftice de Dieu, par les fruits d'une digne penitence, comme des moyens d'acquerir la vie éternelle. Or il ne fçauroit fe mettre en cet état qu'en fe fouvenant de fes pechez dans l'amertume de fon cœur, & s'en accufant 'devant les miniftres de Jefus-Chrift. S'ils font les veritables medecins de nos ames, il faut leur en découvrir les playes, non-feulement afin qu'ils en foient touchez, & qu'ils compatif fent à nos maux; mais encore afin

qu'à l'exemple du Samaritain, ils prennent foin de les nettoyer & de les bander, après y avoir répandu l'huile & le vin d'une conduite également douce & forte.

C'étoit au fouverain Prêtre de l'ancienne loi a juger de ceux, que l'on croyoit atteints de la lepre corporelle; & cela les obligeoit de fe montrer à lui, quoiqu'il ne pût les en guerir. Les Prêtres de la nouvelle loi font les juges & tout enfemble les medecins de la lepre fpirituelle, & il n'y en a point qu'ils ne puiffent guérir, puifqu'ils ont entre les mains le remede fouverain du fang de notre Sauveur. Nous devons donc avoir d'autant moins de honte de leur découvrir tout ce qu'il y a de corrompu en nous, qu'il n'y a d'incurable que ce que Forgueil & l'amour propre nous fe

roit cacher.

Quoique Jefus-Chrift feul foit la fageffe de fon Pere, & qu'il foit appellé dans l'Ecriture fainte, l'Ange du grand confeil; quoiqu'il n'appartienne qu'à lui d'être la lumiere qui éclaire tous les hommes, & qu'il les conduife interieurement par fon efprit, il a néanmoins établi les Prêtres pour

être les anges visibles, les fages [conducteurs & les fideles confeillers de fon peuple. C'est donc à nous à les confulter fur toutes les affaires de notre falut, afin que fi nous fommes dans les tenebres, ils nous montrent la lumiere veritable,& que,fi nous croyons être dans la lumiere, nous évitions leur fecours le malheur de ceux qui font d'autant plus aveugles, que s'eftimant très-éclairés, ils fe fient davantage à leur propre efprit.

par

Comme nous avons en nous un fonds incroyable & incomprehenfible de corruption, il en naît une infinité de pechez, dont chacun enferme fes tenebres particulieres ; & tout cet amas de tenebres produit une nuit, qui féparant les pecheurs de Dieu, les réduit à une captivité déplorable. Lorfque dans un tel état nous entreprenons de fonder & de confiderer notre cœur, nous y trouvons un abîme fi vafte, fi profond & fi obfcur, que nous ne pouvons que nous y perdre, pendant que notre amour propre, notre orgueil, notre ignorance & nos autres paffions nous flattent & nous cachent peut-être la plus grande partie de nos fautes; le peu que nous

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