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gagea

à embraffer une vie aufli fain

te que retirée, mortifiée & peni

tente.

C'eft ainfi que le peu d'inftruction que la fille dont nous parlons, recevoit de fon Curé, forma dans fon ame les commencemens d'une pieté qui s'eft augmentée fans interruption jusqu'à la fin de fa vie, & qui l'a dégagée de toutes les tentations où elle a été expofée dans une hôtellerie, aư milieu de la Ville de Geneve ; c'est-àdire, dans le lieu du monde le plus propre pour perdre la pureté de fa foi, & de fes mœurs.

que

Cet exemple avec plufieurs autres femblables, montrent clairement que quelquefois J. C. eft le Pafteur de ceux qui n'en ont point, ou qui n'en ont de très-méchans; au lieu que fou vent il n'eft point Pasteur de plufieurs ames à qui il en accorde de très-bons. Il y a des ferviteurs qui fçavent trèsly bien la volonté de leur maître, fans que cette connoiffance ferve à autre chofe qu'à les rendre plus coupables, parce qu'ils ne la fuivent jamais; & il y en a d'autres qui n'apprenant la volonté de Dieu que par la pratique deviennent enfin plus fçavans que tous

les hommes du monde parce qu'ils fe contentent de fçavoir faire ce que Dieu demande d'eux.

Comme nous voyons des perfonnes qui ayant beaucoup d'efprit pour les affaires & les fciences du monde, ne comprennent rien de tout ce qu'on leur dit des chofes de Dieu, & regardent comme une folie les plus faints myfteres de la religion;nous en voyons au contraire d'autres qui n'ont d'ouverture que pour les chofes de leur falut, qui n'en ont aucune pour celles du fiecle, & qui ait le cœur fermé à tout ce qui les pourroit détourner de Dieu. Les plus mechans confeffeurs ne leur nuifent point parce qu'ils s'approchent du confeffional avec tant de componction & d'humilité, que ceux à qui ils s'addreffent, quelques corrompus qu'ils foient, n'ont pas la hardieffe de leur tenir de mauvais difcours; car une grande vertu étonne ceuxmêmes qui n'en ont point, & les contraint de parler, non felon la conception de leur cœur, mais felon la fainteté de leur miniftere, & felon les pieux fentimens de ceux qui les écoutent. Jefus-Chrift qui eft le fouverain Pafteur, voulant inftruire fes brebis

par leur entremife, les empêche de dire le mal qu'ils voudroient, & leur fait dire le bien qu'ils ne veulent

pas.

Du malheur des ames, qui étant toutes remplies de tenebres & de foibleffes trouvent des conducteurs aveugles & corrompus.

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L paroît par ce que nous venons de dire , que Dieu eft admirable dans fes faints, & que les ouvrages de fa grace font incomprehenfibles. Il n'agit pas neanmoins toûjours en cette maniere,puifque nous voyons d'ordinaire dans le monde, que les, peuples font gouvernez par des pafteurs, tout femblables à eux; & que ces aveugles trouvant des conducteurs aveugles,les fuivent avec une entiere fatisfaction. Ils vivent felon les defirs de leur cœur,' & après avoir rencontré de faux prophêtes qui les flattent dans leurs paf fions, ils marchent d'autant plus hardiment dans cette voie d'égarement, qu'elle femble droite à leurs guides, auffi-bien qu'à eux-mêmes, quoiqu'el le les mene à la mort.

Si nous examinions toutes les con 'ditions des gens du monde, & la maniere dont ils fe conduifent, nous en trouverions très-peu qui ayent quelque deffein de vivre en chrétien; & parmi ceux-mêmes qui ont ce deffein, nous en trouverions encore moins qui l'executent veritablement. Cependant parmi un nombre infini de gens-d'affaires, de marchands, d'ouvriers, de plaideurs, de foldats, il n'y en a point qui ne rencontrent des confeffeurs tels qu'ils les fouhaitent; ni que ces confeffeurs ne laiffent en paix dans toutes leurs mauvaifes habitudes.

Quand les hommes ne fe confefferoient jamais, & qu'on les laifferoit au feul jugement de leur confcience, elle leur reprocheroit affez leurs pechez,parce qu'il n'eft pas facile d'éteindre entierement toutes les lumieres de la raifon non plus que d'ignorer cette regle de la loi naturelle répandue partout; qu'il ne faut pas faire aux autres ce que nous ne voudrions pas qu'on nous fît.

En effet ce feul principe, fi le peché ne l'avoit point effacé de notre cœur, où Dieu l'avoit gravé de fon doigt, arrêteroit une infinité d'injufti

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ces & de defordres qui fe commettent dans la guerre, dans la marchan· dise,dans l'administration de la justice, parmi les artifans, les maîtres & les Terviteurs.Si nous nous fouvenons que Dieu voit toutes nos actions, qu'il récompenfe les bonnes, & qu'il punit les mauvaifes, nous aurons honte de commettre devant lui des crimes que nous n'ofons pas même commettre devant les hommes: & la jufte apprehenfion des fupplices éternels, retiendroit ceux qui s'y portent avec plus de pente & d'ardeur. Si nous confiderons la brieveté de la vie prefente & l'éternité de la future, nous mépriserions tellement tous les biens & les maux de la terre, que nous ne nous laifferions jamais aller à aucun peché pour des chofes qui passent si vîte : & nous n'aurions point d'autre plaifir ni d'autre joie que d'acheter les biens éternels par la perte de tous les avantages temporels, & par la fouffrance de toutes les miferes du monde.

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Si nous reconnoiffions le néant d'où nous fommes fortis, & l'état où nous entrerons par notre mort, il nous feroit impoffible de concevoir des fen

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