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rimens & des mouvemens d'orgueil; ni de nous élever au-deffus des autres hommes, qui naiffent & qui meurent comme nous; & fachant qu'il y a audeffus de nous un arbitre fouverain de toutes nos actions, nous tâcherions de garder la paix & l'équité avec nos freres, afin de l'avoir avec lui.

Mais outre que toutes ces idées femblent prefque effacées de l'efprit des hommes, rien ne contribue encore tant à les en effacer de plus en plus, que la conduite de ceux à qui nous découvrons les déreglemens de notre vie, & qui devroient nous en retirer par le rétablissement & l'application de ces vûes.

La facilité avec laquelle ils donnent Fabfolution aux pecheurs, fans s'étonner des plus grands crimes, dont ils promettent le pardon de la part de Dieu à ceux mêmes qui y perfiftent toûjours; nous fait d'autant plus volontiers entrer dans les fentimens de ceux que nous regardons comme nos maîtres, que nous nous portons naturellement à toutes les opinions commodes & conformes à nos inclinations; & que nous fommes bien-aifes de nous dégager d'une chofe auffi incommode

commode & auffi pénible que la

crainte.

Au lieu qu'ils devroient veiller fans ceffe avec beaucoup de foin à notre falut, & mettre affez bon ordre à notre conduite, pour empêcher que nous ne tombions dans la negligence & la létargie ordinaire des pecheurs; ils nous y engagent plus eux-mêmes que toute autre chofe,fous prétexte de charité & de bonté, par une douceur & une indulgence également déreglée & pernicieuse, qui n'applique jamais de grands remedes aux plus grandes maladies; qui ne porte le fer & le feu dans les plus profondes & plus dangereufes plaies. Ils travaillent feulement à nous ôter le fentiment de nos maux; & ils nous perfuadent que nous fommes gueris quand nous n'en fentons aucun, quoique notre peril n'en foit alors que plus grand & plus extrême.

Car comme nous ne penfons point à guérir des maladies dont nous nous croyons exemts, elles s'entretiennent & s'augmentent même dans la fauffe affurance & le pernicieux repos où nous nous tenons: & elles nous menent d'autant plus infailliblement & malheureufement à la mort, que nous Tome I. Ddd

ne nous en appercevons aucunement: ( C'est la jufte punition & l'effet naturel de l'attache que nous avons à nos maladies mêmes auffi-bien qu'à ce qui les forme en nous, & à ce qui éloigne de nous la grace de la lumière de Dieu. Nous aimons beaucoup de chofes très-contraires à fa divine volonté, qui attirent fa malediction fur nous; & loin de la détourner par une véritable & fincere penitence, nous ne pensons qu'à nous maintenit dans les paffions mêmes qui nous la caufent. Cela nous fait chercher des directeurs conformes à nos defirs; & quand Dieu permet que nous en rencontrions de tels, il ne fait que nous accorder ce que nous fouhaitons ardemment.

Mais comme c'est le plus grand malheur qui puiffe nous arriver, c'eft auffi le plus effroyable effet de la colere & de l'indignation de Dieu:il n'eft jamais plus irrité contre nous que quand il nous traite felon les defirs de notre cœur, ainfi que le prophête le déclare.

Il faut donc que nous y renoncions entierement, comme à la fource d'une infinité de maux, & à la caufe trèscertaine de notre perte ; & que travail

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lant ferieufement à notre falut, nous tâchions d'entrer dans la voie de la verité, dans laquelle feule nous pouvons trouver la vie, au lieu que toute autre voie nous meneroit à la mort.

Il faut que nous cherchions des guides qui nous aident à entrer & à marcher dans cette voie de falut; & qui fans flater nos paffions, réduifent tous nos mouvemens & toute notre conduite aux regles de Dieu. Il faut que nous les lui demandions à lui-même avec des prieres continuelles & ferventes, comme une de ses plus grandes graces; & qu'après les avoir obtenues de fa mifericorde, nous foumettions toutes nos volontez, tous nos fentimens, & toute la difpofition de notre vie à leur direction, fans penfer qu'à executer les ordres qu'ils nous donneront de la part de Dieu.

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DE LA

SAINTE

COMMUNION

CHAPITRE 1.

S

I toutes les actions de

Jefus-Chrift, fon incarnation, fa prédication,' fes fouffrances, font autant de preuves de l'amour infini qu'il a pour nous; on peut dire que la fainte Euchariftie eft particulierement le myftere, le facrement & la perfection de cet amour incomprehenfible.

I. Le Sauveur du monde a aimé les fiens toute fa vie,

toute forte de biens;

en leur faifant

mais à la fin de

fa vie il les a affurez de cet amour fingulier, par le gage le plus précieux & le plus divin qu'il leur en pouvoir donner; puifque ce gage oft fon pre corps & fon propre fang.

pro

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