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patience de fouffrir cette humiliation paffagere. Il faut nous perfuader que c'eft communier indignement que de n'avoir pas Dieu pour notre unique x. Cor, but. Or quiconque, dit l'Apôtre, man11. 26. gera ce pain, ou boira ce calice du Sei

&c.

gneur indignement, il fera coupable di corps & du fang du Seigneur .... il mange & boit fa propre condamnation ne faifant pas le difcernement du corps du Seigneur.

Une feule Communion faite faintement eft préferable à plufieurs faites avec negligence.

4.

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N doit confiderer que comme une feule communion faite faintement, & avec les difpofitions neceffaires,eft une fource de graces & de fainteté. Celles au-contraire qu'on ne fait que par coûtume, ou pour fuivre fon propre efprit, & fans y apporter les conditions neceffaires caufent les langueurs & les maladies qu'on remarque dans les perfonnes fort imparfaites, & qui les jettent

fouvent dans d'extrêmes dangers de leur falut, felon cette parole de faint Paul: c'eft pour cette raifon; c'est-à-di- 1. Cor

nement

corps

de Je

re, parce qu'on ne fait pas le difcer- II. 30, l'on doit du que fus-Chrift, qu'il y en a plusieurs parmi vous qui font malades & languiffans, & que plufieurs dorment du fommeil de la

mort.

Le pain de Fefus-Chrift n'eft que pour Les fains; les malades doivent chercher une autre nourriture.

Omme ce pain des Anges

S n'eft que pour les fains &

pour les forts; fi nous reconnoiffons que notre ame foit foible & malade nous ferons fagement de nous en abftenir pour quelque temps; mais il faut avoir foin de fuppléer en même tems au défaut de cette nourriture celefte par quelqu'autre qui foit proportionnée à notre infirmité. Il faut alors avoir recours à la penitence, aux larmes, aux humiliations, à la priere. felon le confeil de notre Directeur

negliger de tout ce qui peut fervir à nous redonner la fanté & la fainteté qui nous eft neceffaire, pour nous reconcilier avec Jefus-Christ, & nous rendre dignes d'être affis à fa table, & d'y manger le pain des enfans.

Abftenons-nous par refpect de cette viande fainte qui n'est que pour les faints; purifions-nous par la penitence des pechez qui nous en rendent indignes: ayons une grande faim & une ardente foif de toute juftice: pratiquons avec un grand defir toute forte de bonnes œuvres raflafions-nous enfuite pleinement des faintes délices de la table du Seigneur.

6. S'il arrive que notre directeur nous prive de la fainte communion pour des fautes que nous ne connoiffons pas, nous devons recevoir cette humiliation modeftement, fans murmurer & fans nous en plaindre; confiderant que Dieu même, fans l'ordre duquel rien n'arrive, nous fait retirer de fa table, pour des fautes que nous connoiffons, & pour d'autres encore que nous ignorons. Il faut croire même que nous avons befoin d'être éprouvez en cette maniere; & fi nous portons cette humiliation com

me

me il faut, elle ne nous fera pas moins utile que la communion même, & nous fervira d'une bonne préparation pour communier enfuite plus dignement.

Les perfonnes qui communient ne doivent point juger celles qui ne communient pas; ni celles qui ne communient pas fouvent, celles qui le font fouvent.

7. N ne doit point fe scandalifer de voir des perfonnes être quelque temps dans la privation de la fainte communion; & lorfque cela arrive il ne faut point rechercher avec curiofité, ni avec empreffement quelle en peut être la caufe. C'est affez de favoir en general que ce n'eft point à nous à nous mêler de ce qui regarde la confcience des autres; & qu'outre les grands pechez, il y a plufieurs raifons qui peuvent obliger les ames les plus vertueuses à fe retirer de l'autel. Saint Auguftin remarque que Zachée qui convioit Jefus, Chrift à venir en fa maison; & le centenier qui le prioit de n'y point Tome 1. Ggs

venir, étoient également vertueux, Zachée aimant beaucoup Jefus Christ, cherchoit avec une extrême ardeur de l'avoir pour fon hôte. Le centenier n'ayant pas moins d'amour, étoit penetré d'un extrême refpect pour ce divin maître ; & la vûë de fon indignité lui infpiroit cette parole, qui a été confacrée par le faint Efprit, & que tous les fideles difent autant de fois qu'ils s'approchent de la fainte communion, en changeant feulement Luc 7. un mot: Domine, non fum dignus,ut fub teclum meum intres, fed tantum dic verbo, & fanabitur anima mea : SEIGNEUR, je ne fuis pas digne que vous entriez dans mon logis ; mais dites feulement une parole, & mon ame fera guerie. De ces deux exemples faint Auguftin conclut, qu'il peut être également louable de s'approcher fou vent, ou de s'approcher rarement de la fainte communion; pourvû que ceux qui s'en approchent fouvent, & ceux qui s'en approchent rarement; fuivent également l'efprit de Dieu.

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