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Quelques perfonnes fe fantifient par le frequent ufage du facrement de l'Euchariftie; quelques autres en s'en approchant rarement.

8. Ly a des perfonnes qui ne voyant rien dans leurs fautes qui leur en donne beaucoup d'apprehenfion, ne font pas difficulté de communier fou vent, & efperent de trouver en JefusChrift, les forces qu'ils n'ont pas en

core.

Il y en a d'autres qui ne faifant pas plus de fautes que les premiers; mais les difcernant avec plus de lumiere en font tellement touchez, qu'ils difent comme faint Pierre: Retirez-Luc 5.8. vous de moi, Seigneur, car je fuis un pecheur; & n'oferoient s'approcher fouvent de la fainte table. mais s'apliquent entierement à fe purifier par les exercices de la peni

tence.

Un fage directeur laiffera les uns & les autres fuivre la voie où Dieu les conduit. Il faiffera communier fou vent les premiers, pourvû que le pain célette qu'ils mangent leur profite

& que leur ame en devienne plus forte. Il laiffera auffi les autres fuivre l'inftinct de la grace, & il ne doutera point que portant toûjours,comme ils font, Jefus-Chrift crucifié dans leur cœur, & participant tous les jours à fa paffion, la chair de l'agneau fans tache ne les fanctifie, quoiqu'ils n'en ufent pas fi fouvent. C'est ainfi que dans les premiers temps de l'Eglife un grand nombre de folitaires, qui communioient très-rarement, n'en étoient pas moins faints, parce qu'ils confervoient fi bien la grace de leur communion, que Jefus Chrift étoit toujours en eux, agiffant & operant une infinité de bonnes œuvres & les tenant toujours dans une vie de mortification & de priere.

,

Qu'il eft utile de fe priver quelquefois -de la fainte communion, pour travail- ler à guerir quelque peché d'attache.

Es perfonnes les plus reglées s'ap

de certaines attaches dangereufes à leur falur, & alors s'ils fe fentent portez

à les rompre entierement, & à y travailler autant de temps qu'il eft neceffaire pour achever une œuvre fi importante à leur perfection. Un directeur fait fagement de les fuivre dans le delfein que Dieu leur donne; & il ne faut pas douter que quand ils employeroient des années entieres pour brifer leurs chaînes, pour fe dégager tout-à-fait de la fervitude où ils font, & pour entrer dans la parfaite liberté des enfans de Dieu, ils n'y gagnaffent beaucoup; car ils jettent par cette humiliation volontaire les fondemens d'une vertu folide, & fe mettent en état de renouveller en eux-mêmes, l'efprit de Dieu; de guerir leurs foibleffes, & de s'unir plus intimement & plus parfaitement à Jefus-Chrift.

Ggg iij

13.5.

Les perfonnes qui communient rarement ne doivent pas s'élever au deffus des autres; mais plûtôt s'hamilier.

10.

CE

Eux qui font touchez de cer efprit de crainte, de leur indi gnité & de refpect envers JefusChrift, ne doivent pas avoir la hardieffe de condamner les perfonnes qui s'en approchent plus fouvent dans la fainte communion; car ils perdroient par-là tout le fruit de leur penitence, & leur humilité feroit entierement fauffe, fi au même temps qu'ils gemiffent de leurs fautes, ils cenfuroient la conduite de leurs freres, & s'ils fe fcandalifoient de leurs frequentes com

munions.

1. Cor. La charité qui n'a point de mauvais foupçons, & qui ne penfe mal de perfonne, leur doit faire croire au contraire que les perfonnes qui communient plus fouvent, ne le font que par le confeil de leur directeur, & par le mouvement de leur confcience. Quand même ils verroient en quelque action extericure un peu

moins reglée, ils ne doivent pas juger du fond de leur coeur : étant certain que quelquefois une grande vertu est comme couverte & cachée fous des foibleffes qui paroiffent affez grandes ; de même qu'un fort mauvais fonds eft fouvent caché fous un exterieur fort reglé. Enfin il faut avoir toujours devant les yeux cette regle de faint Paul, & l'obferver exactement: Que celui Rom. 147 qui mange, ne méprise point celui qui 3.&c. ne mange pas; & que celui qui ne mange pas, ne condamne pas celui qui mange: Is qui manducat, non manducantem non fpernat; & qui non manducat manducantem non judi

cet.

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11.

Communions particulieres.

Oommunions particulieres, ni

N ne doit point defirer des

en demander à fon directeur, que lorfqu'on en a quelque raifon folide, comme feroit de communier le jour de fon batême, de fa confirmation du patron, le jour que l'on auroit reçû quelque grande grace de Dieu, ou forfqu'on s'y fentiroit porté par quelGgg iiij

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