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peur

que grand fentiment de pieté ; de que ce defir ne vienne d'orgueil de legereté d'efprit, de fingularité, & d'eftime de foi-même.

Sentiment de faint François de Sales; touchant la communion de tous les buit jours.

ON doit confiderer comme une

excellente regle ce que dit

faint François de Sales dans fon introduction, que pour communier tous les huit jours, il faut être exemt de tout peché mortel; n'avoir aucune affection ou inclination au peché veniel; & fentir un très-grand defir de communier. On eft exemt de peché mortel, ou parce qu'on a confervé l'innocence de fon batême, ou parce qu'on a effacé par une veritable penitence ceux qu'on avoit commis; & que par la mifericorde de Dieu on n'y retombe plus, étant bien fondé & enraeiné dans la charité.

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Il eft difficile de favoir fi on a de l'attache au peché veniel, ou fi on n'y en a pas.

M

Ais il eft difficile de reconnoître fi l'on n'a plus d'affection au peché veniel; car il y a beaucoup de perfonnes qui ont cette affection, & qui ne le favent point; qui font liez & qui ne fentent point leurs liens: & d'autres au contraire qui fe perfuadent trop aifement, qu'ils ont de l'affection & de l'attache pour toutes les fautes qu'ils commettent, quoiqu'ils ne les commettent que par foibleffe.

On eft attaché à toutes les fautes que l'on fait contre la charité, quand on y demeure longtemps; qu'on n'a pas foin de les réparer auffi-tôt qu'on le peut, & qu'on n'obéit pas au pré

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cepte de faint Paul, qui nous ordon-Ephef. ne de ne laiffer pas coucher le foleil fur notre colere. Si,par exemple, nous nous emportons par impatience con tre notre frere; fi nous lui parlons eu fi nous parlons de lui avec aigreur & avec emportement ; fi nous en avons

conçû legerement de mauvais foup çons; fi nous en avons jugé felon ces foupçons; fi nous avons beaucoup de peine à fupporter fes humeurs, fes ma nieres d'agir, fes moindres défauts, & que nous nous fcandalifions fans raifon, ou pour de très legeres raifons; fi après des années entieres nous nous échauffons encore aifément en naus fouvenant de quelque injuftice qu'on nous aura faite, ou de quelque mépris qu'on aura eu de nous, & qu'à la moindre occafion nous recommençions à en parler & à nous en plaindre tout de nouveau; fi faifant ces fautes nous fouffrons impatiemment qu'on nous en reprenne; fi nous nous blef fons de ce qu'on y trouve à redire ; fi nous demeurons un temps confiderable dans ces fentimens ; que nous les défendions & les excufions avec chaleur ; fi nous avons beaucoup de peine à en être convaincu, à nous en humi. lier & à les réparer; il eft fans doute que nous y avons une affection fixe, & que notre cœur y eft attaché.

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Des fautes contre l'obéissance.

L faut dire de même des fautes contre l'obéiffance. Si nous refiftons à nos fuperieurs ou à notre directeur; & fi par répugnance nous ne nous rendons pas à ce qu'il nous commande, & que nous demeurions quelque temps dans notre opiniâtreté, c'est une marque de l'attache que nous avons à notre propre volonté. Si lorfque l'on nous ordonne quelque chofe, notre amour propre nous fournit beaucoup de mauvaifes raifons, de faux prétextes, beaucoup d'adreffe pour nous en exemter, que nous perfiftions longtemps dans cet efprit; c'eft notre attache qui nous y fair perfifter.

&

Lors donc que nos fuperieurs s'appercevant de nos fautes, nous en reprennent, nous avertiffent, & les improuvent, nous nous en indifpofons contr'eux, au lieu d'ouvrir les yeux pour les connoître; c'eft que l'affection que nous avons pour ces déregle mens nous aveugle.

Fautes d'immortification d'esprit.

T

Outes les perfonnes qui demeu
rent dans de certaines delicatef-
fes d'efprit, dont ils fe juftifient, &
dont ils ne s'efforcent point de fortir,
font remplis d'amour d'eux-mêmes
& font très-attachez à cet amour dé-
reglé.

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Tels font ceux qui dans des com-
munautez où ils font
engagez ne fe
peuvent jamais réfoudre d'entrer dans
de certaines obéiffances qui ne font
pas felon leur cœur, & qui s'y con-
duifent très-mal, fi on les y met fans
avoir égard à leur répugnance.

Tels font encore ceux qui ne fe peuvent accorder avec de certaines perfonnes contre qui ils ont de fecrétes averfions, & qui ne veulent s'affocier qu'avec ceux qui font felon leur humeur, qui ont de la complaifance pour eux, & fur lefquels ils dominent. On peut dire que comme les veritables difciples de Jefus-Chrift, en ne fe Gal.6.2. laffant jamais de porter les fardeaux de leurs freres, accompliffent la loi d'une parfaite charité; ceux au con

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