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traire qui ne veulent rien fouffrir de leurs freres, accompliffent la loy de 'immortification de leur efprit, & y font attachez comme des efclaves.

Fautes d'immortification des fens.

On voit d'autres perfonnes qui

fans avoir aucune incommodité, ni aucune maladie, par pur amour de leur propre chair, & comme s'ils lui étoient redevables, s'exemptent, autant qu'ils peuvent, de tout ce qui les incommode; & fe donnent, fans en avoir befoin, la liberté de fe traiter mollement & délicatement en toute chofe.

Quand ils ne reconnoiffent point ce défaut ; qu'ils n'en gemiffent point; qu'ils ne font rien pour en fortir; qu'ils y demeurent long-tems, on ne peut douter qu'ils ne foient attachez aux defirs de leur chair, & que leur attache ne foit dangereufe, quoiqu'ils ne foient attachez qu'à des chofes qui paroiffent petites.

Préfomption d'Efprit.

On voit auffi des perfonnes qui

ont peu d'efprit, ou qui ont plus d'efprit que de jugement, qui préfument tant d'eux-mêmes, qu'ils n'écoutent rien de ce qu'on leur dit, & ne prennent jamais confeil dans les affaires mêmes les plus importantes; s'imaginant qu'ils ont plus de lumiere & de raifon que ceux qu'ils pourroient confulter; & ne fe fouvenant point combien de fois en leur vie la fauffe confiance qu'ils ont eu en euxmêmes les a trompez. Que peut-on juger de ces perfonnes, finon que l'attache qu'ils ont à leur propre efprit, eft comme un conducteur aveugle qui les jette tous les jours dans de nouveaux précipices?

Demeurer long-tems volontairement & avec plaisir dans une faute, marque de l'attache.

L paroît par ce que nous venons de dire, qu'on eft attaché aux fautes dans lefquelles on demeure longtems, où l'on prend plaifir de de, meurer, où l'on eft arrêté, non par la néceffité de la nature, ou par de certains engagemens prefque inévitables qui fe trouvent dans toute forte de conditions; mais par le choix pleinement libre de la volonté. Sur-tout il paroît manifeftement que nous fommes attachez à nos fautes, & que nous les aimons beaucoup; fi nous réfiftons à ceux qui nous en reprennent; fi nous fupportons avec impa tience qu'on nous humilie, ou même qu'on nous en parle ; fi nous ne nous rendons point aux avis de nos fuperieurs, ni même à leurs commande

mens.

Il y a divers degrez dans ces pechez d'attache. Quelques perfonnes font fi attachez à leurs fautes, qu'ils ne fe rendent prefque jamais aux ré

prehenfions qu'on leur en fait, & qu'ils s'emportent même contre ceux qui les avertiffent. Il y en a qui ne cedant qu'en apparence, trompent les hommes par une feinte foumiffion, & confervent toute leur mauvaise dif pofition dans leur cœur. Il y en a qui ont des attaches très-violentes & trèsdangereufes, & d'autres n'en ont que de peu d'importance.

Quelques-uns ne reviennent jamais à eux-mêmes; d'autres cedent enfin à la raifon il y en a qu'il faut traiter avec beaucoup de douceur pour les gagner, & d'autres contre lefquels il faut employer la force, & qui ne font touchez que par la crainte. Mais nous devons éviter avec beaucoup de foin les moindres de ces pechez, puifqu'ils peuvent beaucoup fouiller notre ame, & fuffifent pour nous mettre hors d'état de nous approcher fouvent de Jefus - Chrift dans la fainte Communion, felon la doctrine de faint François de Sales.

Le

Le defir de communier peut être bon; & peut être mauvais.

Q

Uand le même faint ajoûte qu'il faut avoir un grand defir de communier, il faut remarquer que ce defir, cette faim, cette foif doit être l'effet d'une vertu folide, d'une bonne fanté interieure, d'un grand amour pour Jefus-Chrift, d'une vie fainte & remplie de bonnes œuvres ; car il eft certain que fi nous avons peu de vertu, & que nous faffions très-peu de chofe pour en avoir davantage, & que nous ne laiffions pas d'avoir de grands defirs de communier, ils ne nous viennent pas de l'ef prit de Jefus-Christ, mais du notre & ils ne font que les effets d'un zele aveugle & déréglé. C'eft pourquoi bien loin d'y avoir égard, nous avons fujet de croire que nous fommes d'autant plus indignes de la table de Jefus-Chrift, que nous avons d'empreffement de nous en approcher.

Il eft vrai qu'il faut éviter une autre extrémité, qui eft le dégoût, la tiedeur & l'indifférence. Ce n'eft

Tome I.

pas

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