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Num.

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2. Nous ne pouvons affez haïr & fuir toute forte de pechez, puifque les moindres mêmes attiediffent la charité que Dieu nous a donnée, qu'ils éteignent en partie le feu que JefusChrift a apporté du ciel & qu'ils attristent le faint Efprit qui eft en nous; ils font comme un poids qui nous empêche de courir dans la voie de Dieu auffi vîte que nous le devons; & ce poids, fi nous affectionnons nos pechez, fe change en chaînes, qui nous rendent captifs de beaucoup de mauvaises habitudes, dont nous fortons très-difficilement.

3. Nous condamnons la groffiereté 15 de ces Ifraelites, qui étoient fi charnels que de defirer les oignons & la graiffe d'Egypte, & d'avoir du dégoût de la manne celefte, dont Dieu les nourriffoit; mais nos pechez, quoique veniels, fi nous nous y abandonnons, nous réduifent en un état bien plus miferable que celui où étoit ce peuple. Le pain de l'iniquité nous femble fort bon, nous trouvons de la douceur dans les alimens les plus amers, & nous n'avons que du dégoût pour le pain de Dieu qui fait les delices des faints. Nous en avons auffi beaucoup pour les plus

pures

pures veritez; nous ne prenons point
de plaifir dans les bonnes œuvres, &
c'eft inutilement que le prophete nous PL. 33 95
exhorte à goûter combien le Seigneur

eft doux; car il ne l'eft qu'à ceux qui
l'aiment plus que toute chose

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&

nous n'avons prefque point de cet

amour.

4. Nous devons reconnoître que ce font ces mêmes pechez qui font que nous fommes fi peu fideles à fuivre Jefus-Chrift, fi lâches & fi pareffeux à travailler à fon ouvrage, fi peu affectionnez à répondre à l'amour infini qu'il a pour nous, & que nous faifons fi peu de chofes pour embraser notre cœur du feu celente de la chari, pour lui en faire un facrifice

té,

fait.

par

Nous devons nous répresenter qu'encore que chacun de ces pechez ne faffe pas de grandes & de mortelles playes à notre ame, ils lui font tous enfemble beaucoup de mal; ils la couvrent d'ulceres ils la rendent foible & malade, ils la réduisent à une fi extrême langueur, qu'elle ne peut s'acquitter des moindres exercices de pieté fans beaucoup de peine. Nous devons fans doute avoir une grande Tome I. G

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compaffion de notre ame lorfque nous la confiderons dans un état fi miferable; mais fi nous jettons les yeux fur Jefus-Chrift, & que nous le voyons tout couvert de fang, comme le déala. 53. peint le prophete Ifaïe, il eft fans doute que nous en devons être extrêmement touchez: & puifque nous ne pouvons guérir les bleffures que nos pechez ont faites à cet agneau fans tache, que par nos regrets, nos gémiffemens, nos larmes, le brifement & l'humiliation de notre cœur ; demandons-lui qu'il nous donne ces faintes difpofitions, & qu'il nous fafse la grace de mener une vie cachée, humiliée, crucifiée & penitente comme la fienne.

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75

EXAMEN

DES PECHEZ.

N

,

Ous offenfons Dieu en tant de manieres, & nous commettons tant de differens pechez, qu'il eft impoffible d'en faire le dénombrement. Ce que nous favons par notre propre experience, c'eft qu'il n'y a rien en nous, tels que nous fommes, nez d'Adam, qui ne foit ou un principe, ou un instrument de peché. Notre efprit notre volonté, notre raifon, notre imagination, nos fens interieurs & exterieurs ont fait une alliance étroite avec la mort: nous offenfons Dieu par Ifaïe 28. notre science & par notre ignorance, 15.& 18. par nos paroles & par notre filence par nos actions & par nos penfées. Tout nous eft occafion de peché; nos affaires, nos emplois, notre loifir, notre maladie, notre fanté, la pauvreté, les richeffes, les mépris & l'eftime, l'humeur de nos freres, leur haine & leur mauvais traitement nous

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font des tentations,& encore plus leur Pf.18.13. faveur & leur bonne volonté. Del & quis intelligit?

Pour examiner parfaitement & exaêtement nos devoirs, il faudroit bien connoître nos obligations, être inftruit des deffeins de Dieu fur nous de nos forces & de nos foibleffes. Il faudroit bien écouter Dieu, pour difcerner dans toutes les occafions de cette vie ce qu'il nous commande de faite. Il faudroit par une lumiere toute celefte, voir tous les pieges que notre ennemi invisible nous tend, & ne rien omettre pour les éviter.

Mais puifqu'il eft impoffible d'expliquer en combien de manieres nous offenfons Dieu, il fuffira d'en marquer quelques-unes des principales,qui nous ferviront à découvrir les autres,

Quelque fujet que nous ayons de nous humilier, fachant que nous ne fommes que tenebres & que corruption, quelque commandement que nous en ayons reçû, & quelque exemple que Jefus-Chrift nous en ait donné; il n'y a rien neanmoins de fi commun parmi les hommes, que d'avoir bonnet opinion de foi-même ; & quelque raifon que nous ayons de nous anean

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