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nerent la grace de la nouveauté, en s'at

PORSIE tribuant la gloire de l'invention. Saint Gelais, felon Coletet (1) fit paffer le Sonnet d'Italie en France. Clement Marot & Joachim du Bellay contribuerent avec faint Gelais à mettre à la mode ce nouveau genre de Poéfie. Colletet fait un grand éloge des Sonnets de du Bellay lorfqu'il dit que de tous ceux qui parurent dans le feizieme fiecle il n'y a gueres que ceux de ce Poëte qui aient forcé le temps: & il remarque que les connoiffeurs prifent beaucoup les Sonnets de du Bellay fur les antiquités de Rome, & ceux qu'il a appellés fes Regrets. Joachim du Bellay, parent du Cardi

al de ce nom, apprit à nos Poëtes à finir le Sonnet par une pointe. Gombaud, Maynard & Malleville lui donnerent plus de dignité: mais on donna le prix à la belle matineufe de Mallevillela plupart des Poëtes excités par cet exemple, compoferent des Sonnets fur le même fujet : Malleville eut toutefois l'avantage fur les antagonistes, au ju gement des connoiffeurs (d). Voiture

n. 6

(3) Traité du Sonneté au fur les Sonnets

pour la belle Matineuse.

& Benferade porterent enfuite le Sonnet à une plus grande perfection en y POESIE. faifant entrer les fentiments: l'Uranie & le Job de ces deux fameux champions amuferent la Cour, & la partagerent en deux cabales de beaux efprits. Voiture eut pour lui de redoutables défenseurs; Benferade eut auffi les fiens: mais malgré les efforts des Uranistes, la décision de M. le Prince de Conti donna gain de caufe aux Jobelins, par cet Arrêt fi célebre qui paroît dicté par la Nature:

L'un eft plus grand, plus achevé: Mais je voudrois avoir fait l'autre *** Ces Sonnets ne furent pourtant pas à l'abri d'une bonne critique. Defpréaux dans fon art poétique (chant 2.) cenfura indirectement le Sonnet de Voiture, en fe moquant des Poètes qui ne favent que fe charger de chaines, adorer leur prison & bénir leur martyre: Et Sarrafin attaqua le Sonnet de Benferade par une ingénieuse Parodie, qu'il adressa à M. Efprit.

* Sonnet de Voiture.
**Sonnet de Benferade.

POÉTIQUE.

I

Ly a de bons & de mauvais Poëtes, & dans le plus beau Poëme tout ne plaît pas également. Il eft donc néceffaire d'en faire un difcernement judicieux, & d'examiner, fuivant les regles du vrai, & du beau, les ouvrages même des grands maîtres. Ces regles font immuables étant fondées fur la nature, & ce qui leur eft conforme doit plaire chez toutes les nations & dans tous les temps. Il a donc fallu, pour former l'efprit par rapport à la poéfie, mettre en méthode la nature, & réduire en principes le bon fens.

C'eft juftement ce qu'a prétendu Ariftote dans fa Poétique : il a cherché dans le goût épuré & délicat des honnêtes gens d'Athênes, ce qui étoit le plus généralement approuvé dans Homere, dans Sophocle; & dans les autres Poë

tes; il en a pefé les raifons: il eft remonté aux principes, & de toutes ces PO E TIobfervations, il en a formé ce corps QUE. admirable de préceptes, fi propres à faire connoître le différent caractere des Poëmes, & à conduire à la perfection de la Poéfie. Horace fit pour les Romains ce qu'Ariftote avoit fait pour les Grecs il abrégea la doctrine de ce Philofophe, & la mit à la portée des grands Seigneurs de Rome, qui se mêloient alors de faire des vers.

On ne voit rien parmi les Grecs & les Romains fur cette matiere dans les temps poftérieurs. On a feulement un petit livre fort bien fait d'un Hephestion d'Alexandrie, qu'on met fous Marc-Aurele, fur la différente mefure des vers, de Re Metrica (g). Mais quand on eut apporté les Œuvres d'Ariftote de Conftantinople en Italie, après la ruine de l'Empire d'Orient, il s'éleva dans le feizième fiecle une foule de Grammairiens, qui écrivirent de longs Commentaires fur fa Poétique. François Robertel & Pierre Verrori s'attacherent d'abord à en expliquer la lettre. Le pre

(g) M. de Tillemont, Hift, des Empereurs, tom, 2. pag. 454.

QUE.

mier, au jugement de Giraldy (h), furPOETI- un des meilleurs Poëtes.de fon temps, & Balzac qui ne prodiguoit pas les louanges, dit du bien des remarques du fecond (i). Vida fi connu par fa Chriftiade, fans fe borner à la qualité de Commentateur, mit au jour un Art poétique qui vaut fon prix, & qui eft divifé en trois livres. Cet ouvrage feroit parfait, fi fon auteur verfé en belle littérature n'avoit pas préféré l'agrément du ftyle à une inftruction approfondie. Caftelvetro vint enfuite: fa vanité, & la haute eftime qu'il avoit de lui-même le à contredire fon auteur, porterent cet efprit chagrin chercha moins à éclai rer les lecteurs d'Ariftote, qu'à répandre des nuages fur le texte de ce grand homme.

&

Picolomini traduifit en Italien Ariftote, & il montra beaucoup d'habileté, & une critique sûre dans les notes, dont il accompagna cette verfion. François Patrice, André Gili, Ricobon, Minturnus, & Voffius commenterent auffiAriftote en différents temps; mais Patrice fournit fa tâche en hiftorien, Gili en

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