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eerner aux hommes les diftinctions, qui font les plus precieuzes des moins precieuses, c'eft à elle à leur enfeigner de combien les unes font plus eftimables que les autres.

La prudence eft ce que l'on nome Sajeffe, bon Efprit, conoiffance de fon plus grand interet, c'eft de toutes les conoiffances la plus importante. Les très prudens font très rares.

On eft temperant, jufte,bienfaizant, apliqué, laborieux par prudence, ainsi la pratique de la temperance, ou la moderation dans les plaifirs prefens, pour, n'en pas payer trop cher, les excès eft une partie de la prudence.

L'habitude à la prudence fert à l'ho-, me par diverfes reflexions devenues familières à diminuer les illuzions des paf-; fions, qui nous font paroitre certains biens & certains maux les uns beaucoup plus grans & plus longs, les autres beaucoup plus petits & plus courts qu'ils ne font en effet,& ces erreurs & ces illuzions nous engagent par confequent a choizir des partis très-imprudens, qui vont contre notre but, puifqu'ils augmentent fort nos maux & diminuent fort nos biens.

CHAPITRE

II I

SECOND MOIEN

Habitude a la Justice.

'Ecolier fera plus hureux, lui,

fest

L parens, & fes citoiens à propor

eft

ze

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tion qu'il aura aquis plus d'habitude a juger que, l'obfervation de la juftice incomparablement plus avantageuzo que la pratique de l'injuftice; or qui ne voit que l'observation exacte & generale de la juftice dans tous les citoiens eft le fond du bonheur de tou te focieté dezirable.'

cette

Il y a deux motifs pour pratiquer premiere regle de l'équité, 10. Li crainte des punitions temporéles d'être meprizé, d'être hai, &c. 20. La crain te de déplaire à Dieu,& des punitions éternelles, tous motifs de prudence propoles à l'home par la providence du Createur pour le détourner de l'inju ftice.

i

Ces motifs, ces refforts de nos ac

tions fe fortifieront par l'uzaje frequent & journalier que l'on en fera faire à l'Ecolier durant les anées de fon Edu cation, & par les peintures vives & frequentes des malheurs des injuftes.

CHAPITRE IV.

Troisième Moien.

Habitude à la Bienfaizance.

Plus Lus les enfans aquiereront au Co lege d'habitude à pratiquer la bienfaizance, plus ils feront hureux le refte de leur vie, & ils feront plus propres à contribuer au bonheur de ceux avec qui ils auront à vivre, ce qui eft le but de la bone Education, voici la regle: Faites du bien aux autres, comme vous voudriez qu'ils vous en fiffent fuposé que vous fuffiés a leur place, & qu'ils fuffent à la vôtre.

Il y a deux motifs pour pratiquer cette regle, 10. Le dezir des recompenfes temporelles d'être plus eftimé, plus aimé plus deziré que les autres

&c. 20. Le defir de plaire à Dieu, & d'obtenir des recompenfes immenses & éternelles, tous motifs de prudence, & de vrai interêt; ces motifs fe fortifieront à proportion du nombre des actes repetés de bienfaizance, à proportion que ces bones actions feront loüées, & à proportion que les Regens peindront vivement & fouvent aux Ecoliers les recompenfes magnifiques de la feconde

vie.

Les difcours de politeffe, les actions de liberalité, & fur tout de patience, & de pardon des injures font les prin cipales branches de la bienfaizance.

CHAPITRE V.

Quatrieme Moien,

Habitude au difcernement de la
Verité.

E bonheur de l'Ecolier, de fa fa

Lmille & de fa patrie augmentera

à proportion qu'il aura aquis plus d'ha bitude à bien difcerner la verité, ce

qui peut fe faire en quatre manieres: 1o. Habitude à difcerner les realités des imaginations.

Le difcernement poura s'aquerir par diferentes comparaizons des chozes exiftantes aux chofes purement poffibles ou imaginaires.

20. Habitude à difcerner dans les propofitions la certitude qui vient de l'évidence de la certitude, qui vient de l'habitude à juger dèz l'enfance de la même maniere, & de l'exemple de ceux qui nous environent.

Ce difcernement fe facilitera ro. par des comparaizons frequentes avec des principes ou propofitions évidentes par elles mêmes ou du moins evidament & infeparablement liées avec d'autres propofitions évidentes par elles mêmes. 20. par montrer la force du prejugé de l'Education, & de l'exemple dans les fauffes religions, qui donent de la certitude, & une grande certitude à des propofitions, qui n'ont nule évidence, & dont l'erreur eft même Evidente.

30. Habitude à la jufteffe du raizone. ment, c'eft-a-dire à juger furement, que la confequence eft evidenment liée avec le principe.

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