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ariver à cette fublime prudence des enfans de Dieu, & telles font les habitudes, que l'on doit prendre dans une fainte & fublime Education.

I'

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Explication du fecond Moien.

Habitude à la Justice Crètiéne.

L faut faire fouvent remarquer aux enfans, que les homes, qui ont une plus grande habitude à obferver la juftice n'ofenfent perfone, font moins o fenféz, & font par conféquent moins malhureux que les autres; au licu, que comunément les plus injuftes, les méchans le font beaucoup d'enemis, & font les plus malhureux, cela fe fera fentir par les comparaizons entre l'EcoHer patient & jufte, & entre l'Ecolier impatient & injufte, & leur faizant remarquer, que la plupart des malheurs qui arivent à l'injufte font cauzés par fon injuftice, ainfi prèfque tous les exemples de malheurs dévienent des exem

ples précieux, & des experiences im

portantes.

&

Quand le Regent, quand le Precep eur ne trouvera point dans fa claffe 'exemples de malheurs cauzés par l'inJuftice il en empruntera des autres claffes; mais pour faire des impreffions plus profondes, il faut aux homes, ur tout aux enfans, qu'ils foient aidés par les fens, il faut qu'ils conoiffent, il faut qu'ils voyent les malheurs & les malhureux, & s'il fe peut dans leur afliction. C'eft ce qui nous eft prefenté par nos fens, qui fait le plus d'impreffion fur nous.

Il faut fouvent faire remarquer à l'Ecolier qu'il a deux moiens pour conoitre fi ce qu'il a dit, fi ce qu'il a fait, eft injufte; le premier, c'eft lorfque quelqu'un s'en plaint & s'en trouve ofenfe, le fecond c'eft fe demander à foi-même, voudrois je qu'un autre en fit, ou en dit autant contre moi.

Il faut donq, que fur chaque plainte, que le Regent reçoit, il comence par faire convenir l'ofenfeur devant 6. ou 7. de fes pareils, qu'il a efectivement tort, qu'il a comis une injuftice, qu'il feroit faché qu'un autre en uZat, ain

fi à fon egard & qu'il doit reparer le chaa grin qu'il a cauze

Alors c'eft à l'ofenfé à uzer de gé nerozité & à demander que l'ofenfeur ne foit point puni, & à le tenir quite de toute réparation, il eft à propos de faire remarquer à l'ofensé qu'il eft de fon interêt de pardoner aux autres leurs fautes, afin qu'en récompenfe ils lui pardonent un jour les fieres, & c'cft même un confeil de prudence.

Mais à dire la verité tout pardon eft quelque chofe de plus que la juftice, c'est une veritable bienfaizance, car enfin c'eft faire un bien, un plaifir, que l'on ne doit pas : nous alons en parler plus au long dans l'article fuivant.

Ne pas s'aquiter de ce que l'on doit à fes maîtres, à fes parens, à fes fuperieurs, à fes camarades, à fes pareils, à fes inferieurs, & à tous les autres hommes, c'eft faire des injuftices.

Il faut pour l'inftruction de l'Ecolier lui faire lire une lifte detaillée de chacun de fes devoirs expofés avec ordre & marquer les cas les plus importans, pour leur aprendre à diftinguer la diferente grandeur des diferentes injuftices; voilà ce qui doit

faire une grande partie de leurs leffons, & de leurs repetitions journalieres.

Il faut que le Regent acompagne toûjours les preceptes & les corections de deux motifs. 10. La punition temporelle, qui eft la fuite naturelle de Finjuftice, haine, mépris, mauvaize reputation, 29. La punition éternelle & certaine, fi on ne repare pas les injuftices, & fi en compenfation on ne pratique pas fouvent la bienfaizance.

Les preceptes, les confeils, les corections auront d'autant plus de force, que les enfans fentiront qu'il s'agit de leur propre malheur & leur propre bonheur, & qu'ils véront que les mechans, & les injuftes font ordinairement où hais où mépriféz dèz cète vie, & qu'il eft encore de la Juftice Divine, qu'ils foient punis dans l'autre, lorfque le nombre & la grandeur de leurs bienfaits, ne furpaffent pas à la mort le nombre & la grandeur de leurs injuftices, & que le mal emporte le bien dans la balance du juge fouverainement jufte.

Il eft vrai, que ces moiens pour pro. curer aux Ecoliers une forte habitude à la juftice par les diferens exercices,

E

& par les diferentes reflexions, qu'on leur fera faire tous les jours démandent de la part du Regent, & des precepteurs beaucoup de peines, d'atention à les voir jouer, manjer, etudier, enfemble, à s'informer de leurs difputes, de leurs demelés, & à leur repeter inceffament la même regle, & fur tout - les mêmes motifs fous diferentes manicres, fous diferens exemples, car d'un côté fans de frequentes repetitions, il ne faut point efperer de fortes habitu des, & d'un autre côté il faut de la diverfité dans les manieres, dans les exemples dans les reflexions pour empêcher que les Ecoliers ne s'aperçoivent des repetitions.

C'est par un nombre prefque inombrable de coups de marteau , qu'un or fevre vient à bout de bien faire un vaze d'argent, mais il a la confolation de voir au bout d'une heure, au bout d'un jour un effet vifible de tous fes coups de marteau, au lieu que le pre cepteur n'a pas cète confolation, me fait penfer, qu'il eft dificile, y ait pour lui un reffort, un motif fufizant pour fe doner toutes ces pes, fi ce n'eft la confideration, qu'il

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