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ce inceffament & comme invinciblement vers ce but, c'eft-à-dire qu'ils font portéz par leur nature à chercher le plaifir, & à éviter la douleur, & par confequent, vers les objets qu'ils croient devoir kur procurer du plaifir, & les exemter de la douleur; or comme il n'eft pas poffible de changer la nature des hommes, il ne s'agit, que de bien diriger ce penchant invincible en diminuant leurs erreurs fur ce qu'ils prenent pour des biens & pour des maux, & particuliérement leurs illufions, fur ce qu'ils prenent pour des maux futurs les uns plus grans & plus durables, les autres moins grans & moins durables, qu'ils ne font en effet.

Leur penchant naturel vers le bonheur, vers le plaifir en general eft bon; leur averfion naturéle pour la douleur pour le malheur en general eft raifonable.

vraye

,

Mais comme ils fe trompent fouvent dans les jugemens qu'ils font fur la valeur des objets par raport à leur bonheur réel, on peut facilement dès leur enfance rectifier leurs jugemens avec le fecours de leurs reflexions fur leurs propres fentimens, lorfque ces

fentimens & ces reflexions font fouvent répetées.

Je fai bien, que l'Ecolier ignore dans fon enfance que l'augmentation de fon bonheur dépende pour la plus grande partie de l'atention, qu'il aura à diminuer les maux & à augmenter les biens de ceux avec qui il vivra par l'obfervation de la juftice, envers les uns & par la pratique de la bienfaizance envers les autres; mais c'est à cette ignorance, que la bone Education fuplée & doit fupléer par les bones habitudes, que fes maitres lui do

neront.

II.

Augmenter le bonheur de l'Ecolier

c'eft augmenter le nombre, & la grandeur de fes biens, & diminuer le nombre, & la grandeur de fes maux, non feulement par raport a la vie prefente, mais encore par raport a la vie future, pour laquelle il s'agit d'aquerir en cette premiere viele plus de feureté qu'il eft poffible, d'éviter une feconde vie très malheureufe ; & d'en obtenir une trèz-heureuse; voila ce qui

regarde le bonheur perfonel de l'Eco

lier.

A

III.

L'égard de l'augmentation du bonheur des parens & des autres Citoiens, qui peut venir des bones habitudes, que l'Enfant peut prendre dans le Colege, cela ne regarde ordinairement que le bonheur de leur vie prefente, mais par la grande bonté du Créateur, il arive que les habitudes à l'ob fervation de la Juftice, & à la pratique de la bienfaizance le tout dans la crainte de déplaire à l'être fouverainement jufte, & dans le defir de plaire à l'être fouverainement bienfaizant, font en même tems les meilleurs moiens de contribuer à l'augmentation du bonheur des parens, & des Citoiens, & les moiens les plus propres pour affurer à l'Enfant même la premiere vie beaucoup plus tranquile & plus heureuse, & la feconde vie remplie de delices d'une durée infinie.

Cette verité, qu'il y a une feconde vie pour punir les injuftes, & pour récompenfer les bienfaizans, doit mètre une diference prefque totale dans toute

la conduite des hommes ; & par confequent dans leur éducation; de la il fuit nécéffairement que dans leur premiere jeuneffe, & dans le refte de leur premiere vie, ils n'ont rien de plus important & de plus preffé à faire que d'aquerir des habitudes aux Euvres les plus vertueuzes, pour s'affurer de plus en plus la beatitude de la feconde vie. C'eft particulierement depuis la publication de l'Evangile que cette verité s'eft repandüe, mais la raizon humaine, qui la démontre à quelques hommes d'un éfprit cultivé & fuperieur, n'étant pas encore afféz eclairée dans notre fiècle pour le commun des autres hommes, & fur tout dans les enfans pour leur faire fentir cette fublime verité, comme démonftration, ils peuvent avec le fecours de la foi fuccer cette verité comme on dit avec le lait en atendant qu'ils puiffent la voir avec evidance, comme bien démontrée avec le progrez des raizonemens concluans, c'eft-à-dire avec le fecours de la raizon fortifiée & perfectionée.

Quintilien celebre Romain, qui nous a laiffé des obfervations fi raizonables fur l'Education des Enfans, n'avoit

point encore decouvert, que ce qu'il y avoit de plus important dans l'Educa tion des Enfans etoit de leur aprendre à être juftes & bienfaizans pour plaire à Dieu, & pour en obtenir la vie éternelle; il ne connoiffoit point cette ve rité des deux vies, ou du moins il ecrivoit comme s'il ne l'eut point conüe, la raizon humaine n'étoit pas encore affèz eclairée de fon tems pour la lui faire apercevoir, ainfi il n'eft pas éto nant, qu'il n'en ait pas tiré pour FEducation des Enfans toutes les confequences importantes, que nous en devons tirer, nous, dont la raizon eft devenüe, depuis ce tems là beaucoup plus éclairée, témoin les nouvelles démonstrations de l'Exiftence de Dieu, & de fes perfections; témoins les demonftrations de l'immortalité de l'ame, & de l'indestructibilité de la matiere, démonftrations qui comencent à devenir communes à ceux qui font uzaje de leur raizonement, & que l'on peut faire fentir peu à peu, & très fortement aux jeunes Etudians, fi l'on s'y prend de bone heure; & lorsqu'ils comencent a diftinguer les raizonemens folides & concluans des raizonemens frivoles & inconfèquens.

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