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Je conviens qu'avec un Precepteur habile un enfant dans l'Education do

meftique poura faire plus de progrés du côté de l'efprit & de la mémoire, mais que lui fervira ce progrés s'il eft plus fier, plus vain, plus préfomptueux plus impatient, plus quere. leur, plus défiant, plus menteur, plus incomplaizant, plus impoli, plus indifcret, plus méprizant, moins fociable, qu'il n'eut été s'il eut été élevé au Colege, où il y a beaucoup de pareils qui s'entrecorigent, & s'entrepoliflent journellement & nécéffairement les uns les autres dans leur comerce a peu près comme des caillous raboteux, fe poliffent & s'arondiffent dans la mer par leur frotement jour nalier & reciproque.

Je croi que les chambrées ne doi vent point être moins nombreuzes, que de fix & plus nombreuzes que de huit compris le Prefet où Repetiteur, un Repetiteur ne fufiroit pas a plus grand nombre pour faire les repetitions & pour veiller à entretenir la paix, le filence & fur tout l'inocence, d'un autre côté fi le nombre étoit plus petit il n'y auroit pas fufizamment de

quoi faire naitre l'émulation ni affez d'exemples de punitions & de recompenfes.

De la il feroit aizé de démontrer que les enfans des Rois & des Princes pour être beaucoup mieux élevés devroient fuivre l'exemple du grand Cyrus, qui profita fi bien des avantages de l'Education publique, & peut-être que quelque Salomon Rol pacifique & Pacificateur de l'Europe fera un jour bâtir pour les enfans, & pour les Princes de fon fang, & pour fa principale Nobleffe un Colege dans le voizinage de fon palais, pour les faire jouir jeunes de tous les avantajes des exercices publiqs en confervant dans fon Colege, le Gouverneur & le Precepteur & autres Oficiers choifis de fes enfans, mais je fais plû. tot des vœux que je ne done de confeils.

De ces confiderations un home fenfé conclura facilement que l'Education que l'enfant prend dans les chambres comunes de fept à huit Ecoliers eft de beaucoup plus préférable à celle qu'il prendroit à beaucoup plus grans frais dans une chambre particuliere.

dans une

Peut-être qu'avec un excelent Precepteur qui eft un domestique trèsrare, l'efprit d'un enfant croitra un peu davantaje au Colege dans chambre particuliere, & avancera plus du côté des talens, mais il y a feurement beaucoup plus à perdre pour lui du côté des talens, des mœurs & des habitudes à la vertu, qui font les plus importantes au bonheur, car que fert l'efprit, que fervent les talens à l'home impatient, infociable, injufte, menteur, fourbe, efcroq, inpoli ?

Ii perdroit du côté de l'émulation,du de l'habitude à côté ladiscipline,àla regle du côté del'habitude à la patience,à lapo liteffe, à la véracité, à la difcretion, toutes habitudes que les Ecoliers prenent

dans les chambres comunes.

Il y perdroit du côté des exemples de juftice, de douceur & d'autres vertus recompenfées par les louanges pu bliques du Prefet comun, il y y per. droit du côté des fautes de pareffe, d'opiniatreté, dinpatience, de colere punies par des blames, par des reproches où par des ridicules publiqs donés par le Prefet de la chambre co

mune.

L'enfant de la chambre comune s'acoutume plus à la vie dure, à vivre avec égalité, & à ne diftinguer fes camarades & à n'en être diftingué que par des qualitez eftimables' & aimables, au lieu que l'enfant de la chambre particuliere eft plus fujet à être gaté par les refpects & par les complaizances de fes domeftiques, il a plus fes aizes, & s'acoutume à la moleffe & à la vanité, en un mot l'Education des chambres particulieres à une partie des dèzavantajes de l'Education domestique.

Ce que l'on pouroit faire en confideration d'un Prince du fang, qui travailleroit dans une chambre comune ce feroit d'y mètre un Prefet mieux choifi, un domeftique de plus & des camarades choifis parmi les plus vertueux, mais toûjours chambre comune pour lui procurer le long du jour le grand avantaje d'une émulation perpetuelle.

CHAPITRE XIV.

Education des Filles.

Dans les Coleges comme Saint Cyr, où dans les Monaftéres.

E But de l'Education des filles

Left le même que le but de l'Educa

tion des garfon, les cinq molens géneraux, où les cinq principales habitudes font egalement propres pour réuffir dans l'Education des filles, il ne s'agit que d'en faire l'aplication, mais il faut avouer que jufques ici ceux qui gouvernent les états n'ont pas imaginé combien les Coleges des filles étoient nécéffaires, & combien leur bone Education importe à la grande augmentation du bonheur de la focieté.

Nous les negligeons dans notre police, comme fi elles ne devoient pas faire la moitié des, familles, comme fi une mere de famille, qui par fa bone Education eft dévenue prudente,

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