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comme la bâze de la crainte & de l'efperance religieuze qui doivent dominer dans notre conduite; c'eft pour cela, que j'ai ramaffé depuis plufieurs anées, les veües les plus propres pour perfcctionner tous les jours cctte importante partie de la police humaine.

En général les hommes reffemblent un peu à 27. ou 28. ans â ce qu'ils ont été à 17. ou 18. ans, Au fortir du Colege.. J's As reflemblent vieux à ce qu'ils ont été à 28. ou 30. ans, les objets, les afaires, les fituations de fortune changent, mais les habitudes fubfiftent, il eft vrai, que de dix en dix ans nous aquerons quelquefois de nouvelles habitudes, bonnes ou mauvaizes, mais déz que l'âge, dans lequel les paffions font plus vives, & les illuzions plus grandes, eft paffés les habitudes raizonables, les ma

ximes de prudence, que l'on a prizes durant ces premiers dix ans d'exercices, reprenent a la fin afféz ordinairement les deflus dans les motifs de nos actions, & commencent à regler notre conduite, foit pour notre propre bonheur, foit pour notre propre malheur, foit pour le bonheur, foit pour le malheur de ceux avec qui nous avons à vivre.

Ainfi il eft de la derniere importance tant pour les particuTiers jeunes, que pour leurs Concitoyens futurs, c'est-à-dire pour l'Etat avenir, que la Jeuneffe prene durant ces dix anées d'Education de fortes habitudes à la prudence & à la raizon, pour choizir ce qui peut le plus contribuer à éviter les maux, & à augmenter leurs biens, & par confequent, il eft abfolument nécéffaire, que les Ecoliers les Ecoliers prenent une habitude la plus forte qu'il

fera poffible, pour l'obfervation de la juftice, pour la pratique de la bienfaizance, pour la pratique de la patience & du pardon dans les injures, qui eft la principale partie de la bienfaizance, & que l'efprit aquiere l'habitude à l'aplication, qui cft l'unique fource de tous les grans talens propres à augmenter confiderablement notre bonheur & le bonheur des autres..

Si l'on veut conoître avec feureté quelles regles font les plus importantes à pratiquer & à faire pratiquer dans les Coleges, il eft abfolument nécéffaire, que ceux qui les dirigent, aient tou jours devant les yeux, le but qu'ils doivent fe propofer dans l'Education de la Jeuneffe, & les moyens généraux les plus propres pour ariver à ce but..

Il est même nécéffaire, que les Directeurs de ces Coleges

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conoiffent le degré d'eficacité & de facilité de chacun de ces moyens généraux, afin qu'ils donent dans le cours de l'Education, plus de tems & plus d'atention à les employer pour faire aquerir aux Ecoliers à force de répetitions diferentes, les habitudes qui leur font les plus importantes, qu'à les employer pour leur faire aquerir des habitudes ou des conoiffances incomparablement moins importantes, ce qui eft le principal défaut de notre Education préfente..

Fexpoferai donc dans la premiere partie, le but général de l'éducation, qui eft de rendre l'enfant plus prudent, & par conféquent plus moderé, plus retenu, plus temperant, acoutumé à déliberer, 2. de le rendre plus jufte, 30. de le rendre plus bienfaizant, & par conféquent plus patient dans les injures,. 40. de le

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rendre plus circonfpe& dans fes jugemens, plus atentif à raizoner jufte, 5°. de le rendre plus apliqué à cultiver fa mémoire & à la remplir des faits & des maximes les plus utiles dans la focieté: j'y exa minerai donq ces cinq moyens généraux.

Je ferai dans la feconde partie plufieurs obfervations fur les mciens particuliers les plus comodes & les plus éficaces pour mètre en euvre ces moïens généraux, & pour faire aquerir aux enfans, au plus haut degré, les cinq habitudes les plus impor

tantes.

Dans la troifiéme, je donerai par les réponses aux objections, les éclairciffemens les plus neceffaires au fujet.

Rendre les hommes beaucoup plus vertueux & beaucoup plus hureux qu'ils ne font, en perfectionant de beaucoup, l'éducation

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