CONCLUSIO N.

De l'ordre

que les Pilotes doivent mettre dans la Réduction de leurs Routes, & dans la forme de leur Journal.

Es obfervations de la latitude que nous faifons en

,

LM il n'en eft pas de même à l'égard de notre longitude, puifque le plus fouvent nous ne réuffiffons à la trouver que par la réduction de nos routes, encore d'une maniere approchée; nous ne faurions donc être trop attentifs à n'en pas perdre le fil. Les Pilotes fe partagent en deux troupes pour faire le Quart, de même que tout l'Equipage & chaque troupe veille alternativement. On écrit avec de la craie fur une efpece de tableau, qu'on nomme Table de Loch, le nombre de nœuds qu'on fait, le rumb qu'on fuit, la force & la direction du vent, & les autres circonstances. effentielles. C'eft à cette Table que les Pilotes qui fe repofoient ont recours, lorfqu'ils viennent se charger à leur tour du foin d'observer toutes les circonftances de la Navigation. On réduit toutes les routes chaque jour ordinairement d'un midi à l'autre, & le Pilote en fait entrer au moins le résultat dans fa relation journaliere.

indépendantes les unes des autres; mais

La forme du Journal eft indifférente à bien des égards; mais on trouvera un avantage confidérable à le diftribuer par colonnes on s'épargnera beaucoup d'écriture, & on aura la commodité dans un autre tems de retrouver beaucoup plus aifément, & d'un fimple coup-d'œil, les chofes qu'on voudra y chercher. La Table fuivante peut fervir de modele; nous allons en parcourir les différens titres.

On fpécifie à la tête du Journal, toutes les circonftances qui caractérisent le Navire dans lequel on eft; comme fa grandeur, le nombre de pieds qu'il enfonce dans l'eau par l'avant & par l'arriere; & on indique auffi la deftination du voyage, autant qu'on le peut. Si l'on ne donne que 12 colonnes aux Tables, on aura au moins le foin de laiffer à côté un affez grand efpace pour pouvoir y marquer une infinité de différentes particularités, dont il eft à propos de conferver la note. Nous nous fuppofons actuellement en pleine Mer.

Q 2

La premiere colonne de notre Table indique le quantieme du mois; nous marquons dans la feconde les qualités du vent on voit, par exemple, vis à-vis du Mercredi 4, que le vent a été NE, affez fort; & de la maniere dont nous comptons les jours, il faut que ce vent ait régné depuis le midi du Mardi 3 jusqu'au midi du jour fuivant. Ainfi lorfqu'il fe fait quelque changement, nous le mettons fous un jour ou fous l'autre, felon qu'il arrive avant ou après midi,

La troifieme colonne fpécifie le nombre des voiles qui font déployées, & la maniere dont elles font orientées.

Les trois colonnes fuivantes ont rapport à la variation de la Bouffole, dont la connoiffance doit fervir à rectifier les rumbs de vent marqués dans la feptieme colonne, Ces trois colonnes auront ordinairement de grands vuides parce qu'on n'obferve pas en Mer la variation auffi fouvent qu'on le fouhaiteroit, On fe reffouvient qu'il faut obferver à combien de diftance le Soleil fe leve ou fe couche de P'Eft ou de l'Oueft de la Bouffole (443), & qu'on compare cette diftance avec celle que fournit le calcul: l'une eft l'amplitude obfervée & l'autre l'amplitude calculée. Les amplitudes occafes, marquées vis-à-vis du Mercredi 4, appartiennent au Mardi au foir, à caufe de notre maniere de compter les jours, tandis que les amplitudes ortives appartiennent au Mercredi matin,

La feptieme & la huitieme colonnes marquent le rumb & le chemin eftimés & réduits. On fait prefque chaque jour, d'un midi à l'autre, plufieurs petites routes; mais elles font équivalentes à une feule. On a marqué 142 milles à l'ON O 5° 15' O, vis-à-vis du Mercredi 4, parce que toutes les petites routes qu'on ne rapporte pas en détail, mais qu'on a faites depuis le Mardi 3 à midi jufqu'au 4 à midi, font équivalentes à une feule route de 142 milles courus fur l'OÑO 5° 15' O. Nous pouvons nous difpenfer de répéter que la quantité du chemin de chaque route particuliere a été mefurée avec le loch, & que le rumb de vent, que nous regardons comme eftimé a cependant déjà été corrigé de l'erreur de la dérive & de celle que produit la variation de la Bouffole. Nous le nommons eftimé, malgré toutes ces corrections, parce qu'il peut encore fe trouver fujet à de très-grandes erreurs, de même que la quantité du chemin,