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ECCLESIASTIQUE..

Pour fervir de continuation à celle de Monfieur
l'Abbé FLEURY.

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Chez JEAN MARIETTE, rue Saint Jacques,
aux Colonnes d'Hercule.

M. D C C. XX V I.

Avec Approbation & Privilege du Roy.

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Q

PREFACE.

UOIQUE ce ne foit

pas ici le lieu de faire l'éloge de l'Hiftoire Ecclefiaftique, de parler de l'utilité & des avantages qu'on en peut tirer, tant pour la régle des mœurs, que pour les devoirs de la focieté, comme a fait M. l'Ab- M. Fleury difc. bé Fleury, dont on donne ici la continuation : il ne fera pas premier. inutile de repeter après lui, que rien n'eft plus propre à nous confirmer dans la foi, que de voir la même doctrine qu'on nous enfeigne aujourd'hui, enfeignée dès le commencement par les Martyrs, & confirmée par tant de miracles: que d'y voir encore les exemples des Saints qui nous font connoître en quoi confifte la folide pieté, & détruifent nos mauvaises excufes, en montrant que la perfection chrétienne eft poffible, puifqu'ils l'ont effectivement pratiquée. Voilà pour ce qui regarde le reglement

des mœurs.

Mais j'ajoûterai que le but de l'Hiftoire tend encore à former des hommes raifonnables, nez pour la focieté, en leur mettant devant les yeux les défauts de ceux dont on décrit la conduite afin qu'ils en profitent. Ainfi lire l'Hiftoire, ce n'eft pas charger sa memoire d'un grand nombre de dattes, de noms & d'évenemens; beaucoup de gens fe croient habiles en ce genre, pourvû qu'ils puiffent feulement redire ce qu'ils ont lû ou entendu dire, & penfent dès-lors qu'ils peuvent paffer pour favans. Le veritable ufage de cette étude eft pluftôt de connoître les hommes, & d'en juger fainement; d'étudier leurs motifs, leurs opinions, leurs paffions, pour en découvrir tous les refforts, les tours & les détours, les illufions qu'elles font à l'efprit, & les furprises qu'elles font au cœur ; c'eft de reflechir naturellement & fans art fur ce qu'on y trouve de plus remarquable, afin que la lecture qu'on en fait, puiffe nous rendre & raisonnables & chrétiens: qualitez qui font inféparables, quand il s'agit de la vraie probité.

En effet, que fert-il de favoir en general que les hommes font & vicieux & vertueux, qu'ils font fujets à beaucoup de paffions & à de forts grands défauts, que les uns par le fecours de la grace les ont corrigez, que d'autres ont perfeveré & font morts dans

leurs defordres ; fi cette connoiflance ne nous donne pas un moïen de ne point reflembler à ceux-ci, & d'imiter ceux-là: & ce moïen ne peut être que d'étudier toutes les manieres dont on peut tomber dans ces vices, dont on y tombe ordinairement, & dont on fe releve en homme chrétien. Or, il n'y a que l'Hi-ftoire Ecclefiaftique qui puiffe nous fournir la matiere de cette étude. Ce n'eft que dans ce grand nombre d'actions differentes qu'elle reprefente, & qui viennent prefque toutes, ou de ces défauts, ou de la vraie vertu, qu'on doit s'exercer à reconnoîtse toutes les especes d'actions ou louables ou blâmables, qui font à imiter, ou à fuir. C'est-là qu'en confiderant la qualité, l'âge & l'interêt des perfonnes qui ont fait ces actions, ce qui les a préccdé, & ce qui les a fuivi, la conjoncture du temps & du lieu; enfin toutes les autres circonstances mêmes les plus legeres que les bons Hiftoriens rapportent fi foigneufement dans les occafions fingulieres ; c'est à la faveur de ces diverfes lumieres, qu'on peut, en reflechiffant fur toutes ces chofes avec ordre, penetrer les fecrets des cœurs, reconnoître dans quel efprit on a agi en ces rencontres, & en former un jugement clair & certain. Ce font là les premieres idées que le celebre Auteur que je vais continuer a cûës, en compofant l'Hiftoire des quatorze premiers ficcles de l'églife; & ce font auffi celles que je me propofe de fuivre dans la fuite de fon ouvrage, quoique je ne fente que trop l'extrême difference qui fe trouvera entre ce qu'il a fait, & ce que je puis faire. Qu'on en juge par l'hiftoire de fa vie & de fes utiles occupations dont je vais donner ici l'abregé qui ne peut que faire plaifir aux lecteurs.

Monfieur l'Abbé Fleury étoit Parifien, fils d'un Avocat originaire de Rouen, & vint au monde le 6. Decembre 1640. Il fut d'abord destiné au barreau qu'il fréquenta pendant neuf ans, donnant toute fon application à l'étude de la jurifprudence & des belles lettres : mais une inclination naturelle pour un genre de vie plus tranquille, lui fit quitter cette profeffion, pour paffer à celle de l'état ecclefiaftique dans lequel il reçût l'ordre de prêtrife. Dès-lors, fon devoir lui fit tourner fes principales études du côté de la Théologie, de l'Ecriture-fainte, de l'Histoire Ecclefiaftique, du Droit canonique, & des faints Peres; il se renferma dans ces feules fciences, perfuadé qu'une érudition plus partagée, en donnant plus d'étenduë à l'efprit, le rend auffi moins profond. En 1672. il fut choifi pour être Précepteur des Princes de Conti que le Roi faifoit élever auprès de Monfeigneur

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le Dauphin fon fils. La fidelité avec laquelle il remplit fes devoirs, lui procura un autre éleve. En 1680. on lui confia la conduite du prince de Vermandois Amiral de France, après la mort duquel le roi le nomma en 1684. à l'Abbaïe de Loc-Dieu ordre • de Cîteaux diocèfe de Rhodez; & cinq ans après, c'est-à-dire en 1689. Louis XIV. jetta les yeux fur lui pour le faire Sous-précepteur des Ducs de Bourgogne, d'Anjou, aujourd'hui Roi d'Efpagne, & de Berry fes petits-fils. Enfin l'Academie Françoife le choifit auffi en 1696. pour être un de fes membres ; un choix fi jufte étoit dû au merite de M. l'Abbé Fleury, & faifoit honneur à l'Academie.

Les études des trois princes étant finies, l'an 1706. le roi lui donna le Prieuré d'Argenteuil ordre de faint Benoît diocèfe de Paris. M. Fleury exact obfervateur des canons dont il avoit fait une étude particuliere, donna alors un rare exemple de defintereffement, en remettant à Sa Majesté l'Abbaïe de Loc-Dieu. Dès-lors délivré des embarras de la cour où il n'avoit pas laiflé de vivre comme dans une parfaite folitude, ne fe mêlant que des devoirs de fon emploi, & donnant tout le reste de fon temps au travail, il ne penfa plus qu'à emploïer fes talens & fon repos au fervice de l'Eglife. Dès l'année 1674. il avoit fait imprimer fans y mettre fon nom, une hiftoire du Droit François, qu'on a depuis mife à la tête de l'Inftitution au Droit François compofée par feu Monfieur Argoud Avocat au Parlement. L'an 1681. il compofa le traité des Maurs des Ifraëlites, qui eft comme une introduction à la lecture de l'Ancien Teftament; & il fit fuivre de près celui des Mœurs des Chrétiens, qui donne une grande idée de la vie fainte des premiers difciples de Jefus-Chrift, & de ceux qui ont vécu après eux dans les premiers fiecles. Son Catechifme Hiftorique avoit déja paru en 1679. pour donner une idée de T'hiftoire de la Religion depuis la création jufqu'à Jesus-Chrift, & depuis Jefus-Chrift jufqu'à nous. Cet ouvrage fut depuis traduit en plufieurs langues. La vie de la Mere d'Arbouze Réformatrice du Val-de-Grace,parut en 1684. & en 1686. le Traité du Choix & de la Méthode des Etudes, que M. Dupin regarde comme la clef de tous les ouvrages de M. Fleury. Après y avoir fait l'Hiftoire des études de toutes les fciences depuis le commencement de l'Eglife jufqu'à prefent, il y donne des confeils fur la méthode d'étudier parrapport aux differentes perfonnes. L'année suivanteil publia l'Inftitution au Droit Ecclefiaftique, qui eft un abregé de la pratique du droit canonique, & de la maniere qu'elle eft

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