de LE TRIOMPHE DE L'AMITIÉ, DAMON ET PYTHIAS; POEME, QUI A REMPORTÉ LE PRIX. Syracufe gémit fous un joug rigoureux ; Denis remplit d'horreur fon féjour malheu reux; Il fait fuir devant lui la vertu qu'il opprime : Il fut Roi par le crime, il fait règner le crime Mais dans les noirs accès dont fon cœur eft at teint, Il n'ofe envisager la vérité qu'il craint;... Damon la lui fait voir; Philofophe sévère, Il fonge à l'éclairer, & non pas à lui plaire; Il ne la revêt point de ces vains ornemens, Dont on fçait la voiler pour la cacher aux Grands. yeux, Il l'expose à fes fans fard & fans nuage; mis. Cette image l'effraye, & fa fureur extrême Veut le punir des maux qu'elle a fait elle même ; Oui, je fuis un Tyran que l'on doit abhorrer Dit-il, c'eft par ta mort, que je vais le mon trer, Murmure, en l'éprouvant, contre mon injuftice. Je fouferis, dit Damon, fans peine à mon fupplice ; Mais fufpendant le fort que tu m'as destiné, Permets-moi de revoir les Lieux où je fuis né; Je dois à ma Patrie un fi funefte hommage: Pythias dans ces lieux te fervira d'ôtage. Tu fçais combien je l'aime, & tu connois fa foi: Te livrer cet ami, c'eft t'affûrer de moi. Que penfe Pythias dans ces tristes momens? Mais le danger preffant d'un Ami qu'il déplore. Heureux, fi pour Damon il pouvoit s'y livrer! |