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O D E.

ta

U vas commencer ra carrière;

Ranimant d'un regard les Cieux, les Champs,

les Mers:

Père de la chaleur, Père de la lumière
Tu fembles créer l'Univers.

A tes premiers rayons la nuit vaincuë expire:
Ton feu détruifant fon Empire,

Eteint fes pâles feux autour des Cieux èpars;

Mais tout entier il fe décèle,

Déja tout fon éclat fur mon œil étincele

Et c'arme contre mes regards..

Globe terrible, énorme goufre, Plein de feux allumez par le fouffle des Dieux, Océan embrafé de bitume & de foufre,

Tu n'as de bornes que les Cieux,

7

Mon efprit que confond ta monftrueufe mafse

Toute entière, à peine l'embrasse :

La Terre difparoit quand je l'oppose à toi. Dieux ! que l'ineffable diftance,

Qui déguise aux Mortels ton étenduë immense, A mes yeux épargne d'effroi,

Qui renouvelle ta matière

Phénomène éternel? (4) L'excès de ton ardeur Va-t-il à chaque inftant l'absorber toute entière,

Et c'immoler à ta fplendeur?

Prodige! Il entretient ta maffe renaiffante
Ta flamme active & nourriffante

D'un double & prompt effort dévore & reproduit.

Toûjours nouveau, toûjours le même, Tu cèdes fans décroître à ta chaleur extrême, Confumé fans être détruit.

En frémiffant je fuis ta route:

(a) Cette Epithete n'eft mife que poëtiquement.

Quel cercle affreux ! fans borne à mes yeux

il s'étend :

Je m'y perds. Quel chemin, fous la célefte

voute,

Tu dévores à chaque inftant!

Ah! moins prompts mille fois, de l'un à l'au

tre Pole,

Volent les fils bruyans d'Eole,

Plus lente mille fois la Foudre fend les airs. Mais quoi! ta viteffe infenfible..... Mortels, pour en juger, fondons, s'il eft poffible,

L'immensité de l'Univers.

Mais, Dieux! avec quelle jufteffe

Incapable d'erreur dans ton rapide cours,
Tes regards partagez font fucceder fans ceffe

Les jours aux nuits, les nuits aux jours!
Sans ceffe variant leur durée inégale,
Après un égal intervale,

Tu fçais la ramener aux termes arrêtez

Ordre utile, ordre inaltérable;

Dont je connoîtrois moins la conftance admi

rable

Sans ces fixes variétez !

Par cette apparente inconstance, Fidèle à parcourir tes fublimes maifons;

Sur cent climats divers ton heureufe influence Promène à ton gré les faifons.

Pour partager entre eux tes utiles largeffes, Sources de toutes les richeffes

Par un nouveau chemin tu voles chaque jour. Ainfi variant la Nature,

A nos befoins divers que ta route mesure, Sage, tu pourvois tour à tour,

Içi la verdure naiffante

Revêt la Terre au gré de ta douce chaleur. Flore, qu'elle embellit, t'offre, reconnoiffante Ton image dans chaque fleur.

Là ton feu, de Cérès dore au loin le Domaine; Sur une côte peu lointaine,

De Bacchus, de Pomone il meurit les tréfors

Plus loin, par ta vertu moins vive,

Sous les glaçons, la terre, en apparence oifive, Prépare de nouveaux efforts.

Mais, dois-je croire que tranquile; Quand tu fembles voler dans la Sphère des Cieux,

Source du mouvement, & toûjours immobile, Tu féduifes mes foibles yeux ?

Centre de l'Univers, du fein de l'indolence

Vois-tu dans leur carrière immense

La Terre & les Mortels rouler au tour de toi? Arrête, Raifon téméraire,

De l'ouvrage des Dieux refpecte le Mystère : J'en jouis: c'eft affez pour moi.

Avec la Terre intéreffée,

Quel commerce entretient ta féconde chaleur ! Tul'échauffes: vers toi, de tous côtez pouffée, S'élève une lente vapeur.

Inutile tribut! Ton ardeur bienfaifante

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