Ranimant contre nous fon ardeur amortie, Ne refpirat que rage & qu'un fanglant cour roux, Et me fit éprouver de fi funeftes coups? Pour aigrir nos malheurs, pour accroître fes crimes, N'ai-je donc enfanté que de triftes victimes? N'ai-je donc mis au jour de malheureux enfans Que pour éternifer fes exploits triomphans ? O difgrace! à jamais me verra-t-on en proye રે Aux maux qu'a dû finir la ruine de Troye, Ou de nouveaux encor me font-ils réservez ? Si c'eft peu, Dieux, frappez, vangez vous, achevez. Mais, helas! quand du Ciel la juftice foudaine Raffembleroit fur moi tous les traits de fa haine; Qu'elle m'accableroit des maux les plus pref fans: Pourroient-ils égaler tous ceux que je reffens? Non, Polixène, non, ma douleur eft extrême, En t'arrachant à moi, l'on m'arrache à moi même : Quand Pyrrhus t'a frappée ; oüi, mon cœur a rêçû Le coup qui m'a fait voir tout ton fang répandu. Si l'on me voit furvivre au malheur qui m'entraîne ; Si l'on me voit gémir fous le poids de ma chaîne, Ce n'eft que pour t'offrir, pour la dernière fois, Ce que peut ma tendreffe, & ce que je te dois. Tu t'attendois à voir, au Tombeau de tes Pères, Mêler un jour ta cendre à des cendres fi chères; Mais, non, c'est un bonheur dont nos fiers ennemis Pour toujours t'ont privée, & privé tous mes fils. Moi-même quels honneurs à ton corps puis-je rendre? Je n'ai fur ton Tombeau que des pleurs à ré pandre; Ma fille, reçois-les, en coulant de mes yeux; Elle embraffe la Tombe, & la couvre de fleurs. Quis talia fando temperet à lacrymis ? DISCOURS |