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En rofée, en pluye abondante;

Bien-tôt le lui renvoye au gré de mes fouhaits. Des Dieux j'admire en toi l'Image,

Qui de befoins exemts, n'acceptent notre hom

mage

Que pour le changer en bienfaits.

Mais tout à coup quels voiles fombres Forme cette vapeur entre mon ceil & toi?

Je te perds, je te cherche : impénétrables

ombres,

Qu'annoncez-vous à mon éffroi ?

Les Autans, dont l'haleine enfante les orages, Entaffent fous toi les nuages;

La foudre gronde, éclate & fond de toute part La terre difparoît fous l'onde;

Mais tu luis, l'air s'épure; & pour calmer le

Monde

Il ne c'en coûte qu'un regard.

Ta Sœur brille de ca lumière:

Elle n'a de rayons que ceux qu'elle en reçoit

L'ingrate

L'ingrate ofe pourtant, bizarre en fa carrière;

Te ravir ce qu'elle te doit.

Semant l'ombre & l'horreur, fa vafte & lourde maffe

(4) Entre la Terre & toi fe place ; Dans l'éternelle nuit le Monde eft-il plongé ? La Nature en eft confternée;

Mais déja loin de toi ta Sœur eft entraînée
Un plus vif eclat t'a vangé.

A l'aide d'un Criftal fidèle,

Uranie affrontant tes plus vives clartez, Dans ton fein lumineux découvre & me décèle De mobiles obfcuritez.

Des ombres dans ton fein! Dieux! qui l'eût ofé croire ?

Mais, quoi! loin de ternir ta gloire, Elles la font briller à mon hardi regard. Quel eft l'éclat qui les efface,

Si pour

les dévoiler ma curieufe audace

Epuife les efforts de l'Art?

(a) Eclipse de Sulcil.

1732.

B

Que jufqu'aux voutes infernales,

Pour creér des tréfors, pénètre ton ardeur.
Forme dans le fécret de ces fombres Dédales
Mille rivaux de ta fplendeur.

Qu'à la terre arrachez par une main avide
(*) L'un du fort des Mortels décide;
Qu'en fecret peu de cœurs èchapent à fes Loix.
Que des (b) autres l'éclat fuprême,

Plus précieux encor, pare la Beauté même,
Et brille fur le front des Rois.

Flambeau divin, Père des âges,

Qui depuis que tu luis, les vois au gré du fort; Par d'éclatans revers fignaler leurs outrages, Tu triomphes de leur effort,

Tandis que tout reffent leur fatale puiffance; Brillante Emblème de la France,

Tu les vois refpecter ton luftre & fa gran

deur.

Du haut de la voute azurée,

(a) L'Or.

(*) Les Diamans.

Tu verras fon Empire égaler ta durée; Comme il égale ta fplendeur.

Ame de l'Univers, fource vive & féconde De tous les biens du Monde.

1

Quinaut, Opera de Phaet.

L'ENNUI,

FA

O D E.

Atal au bonheur de ma vie ; Quel eft le Démon envieux > Dont la redoutable furie

Me rend à moi même odieux ?

Dieu des Vers, c'eft toi que j'implore

Contre l'ennui qui me dévore,
Seul tu peux m'offrir un appui.

L'Enfer ne te fut point rebelle; (a)
Mais ta gloire feroit plus belle,
Si tu triomphois de l'Ennui,

En vain la Fortune propice S'offre à m'èlever aux grandeurs, Mon cœur, imitant fon caprice, N'eft plus touché de fes faveurs

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(a) Orphée, fils d'Apollon, triompha des Enfers.

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