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voix, commandées la raifon ou par la paffion c'eft-à-dire, que l'accent oratoire fuffit. «Une prononciation va»riée, pour obéir à des fyllabes maté» rielles, fera-t'elle plus mélodieuse, » qu'une prononciation variée, pour » obéir aux mouvemens de l'ame ? » Comment faifoient les Grecs, lorf » qu'il arrivoit (ce qui paroît n'avoir pas été impoffible) que l'accent profodique fe trouvât en contradiction » avec l'accent oratoire? » Je le conçois aifément, & cette queftion me paroît un peu inutile. La Langue Italienne à un accent profodique, qui ne nuit point à l'accent oratoire. Il eft remarquer, qu'il eft impoffible de parler fans quelque accent oratoire. Une perfonne, qui parleroit quelque tems, fans employer cet accent, paroîtroit d'une froideur ftupide.

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à

دو

Par rapport à l'aspiration, « plufieurs » de nos Grammairiens, dit l'Auteur, » ont fait des regles, qui apprennent quand l'H eft afpirée ou non. Mais »ces regles font & difficiles à re» tenir & fujettes à beaucoup d'excep» tions. Non, ces regles ne font point difficiles à retenir & ne font point fujettes à beaucoup d'exceptions car il n'y a fur cela qu'une feule re

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gle. Tous les mots François dont l'è
tymologie eft Latine, & qui commen-
cent par une H, ne font point aspirez:
ceux au contraire dont l'origine eft bar
bare, ont une aspiration. Pour voir que
cette regle eft fimple & fare, on n'a
qu'à jetter les yeux fur la lifte des mots
afpirez, dreffée par l'Auteur même.
Cette regle n'eft point fujette à beaucoup
d'exceptions. Il eft vrai qu'on afpire l'H
dans hauteur, qui vient d'altus, dans ba
leter qui vient d'halitus, dans Heros,
qui eft un mot tout Latin. Voilà à
quoi fe réduifent toutes les exceptions:
Car à l'égard du mot befiter, que le
Dictionnaire de l'Académie infinue
qu'on doit
prononcer avec afpiration,
cette décision eft en vérité ridicule &
contraire à l'ufage le plus commun &
à l'analogie, à laquelle il faut tout rap-
porter, autant qu'il eft poffible, dans
les Langues. Il eft plus fur, dit l'Aca-
démie, de prononcer ce mot avec
l'afpiration. Eh! pourquoi cela eft-il
plus fur? Seroit-ce parce qu'elle est
de cet avis? Ces exceptions font fondées
en raison. Si l'on n'afpiroit pas l'H
dans hauteur, cela feroit une équivo-
que par rapport au mot auteur: d'ail-
leurs l'H n'eft point dans le mot La-
tin. Le mot Haleter, fans H afpirée,

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feroit moins expreffif; à l'égard du mot Heros, outre qu'il eft originairement Grec, il eft juste qu'un mot qui exprime un objet grand & admirable, fe prononce avec cette efpéce d'effort qui eft dans l'afpiration. Mais pour ce qui eft en général des mots que nous avons empruntez des Langues Barbares, c'est-à-dire, du Celtique, du Teutonique, & du Gothique, l'ufage eft invariable, & l'H eft toujours afpirée. Qu'il y a d'ufages dans notre Langue, que, faute de l'avoir bien étudiée, nous traitons injuftement de caprices! Sans être Académicien, je puis me glorifier d'avoir découvert un certain nombre d'usages analogiques, sur les quels je pourrois donner des regles certaines, ignorées de nos Grammairiens, & dont j'ai fait part à mes amis, lorfque l'occafion s'eft préfentée. M. l'Abbé d'O.... me permettra de n'être pas de fon avis, par rapport aux préceptes qu'il donne dans cet Article de l'a piration. Je vous épargne une difcuffion qui feroit trop longue. Je dirai feulement, que je fuis furpris de voir des décifions fondées ou fur le Jargon des Lingeres, comme l'Auteur l'avoue, ou fur celui des femmes de Chambre, ou plûtôt fur la molleffe de nos Da

mes, que l'afpiration fatigue, & qui ont accoutumé nos oreilles pareffeufes à de ridicules exceptions, dont la reforme poliroit beaucoup notre Langue; & feroit digne des nobles travaux de l'Académie Françoise.

Pour ce qui eft de l'opinion de l'Ab bé de Dangeau par rapport aux cinq terminaifons, an, en, in, on, un qu'il appelle de vraies voyelles, je ne crois pas qu'on en puiffe douter raifonnablement. Mais à l'égard de ce Vers de Quinault:

Ah j'attendrai long-tems: La nuit eft loin

encore.

Il me paroît que l'Abbé de Dangeau a formé fnr cela un doute mal fondé,

On prononce & il faut prononcer loi

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n-encore comme Divi-n-amour. La preuve eft que dans le chant, où l'on cherche la plus grande melodie, on ne prononce point autrement. Si vous prononcez loin comme loing, fans faire fentir l'N, quelle rudeffe! c'est un vrai hiatus, toujours profcrit dans la verfification. Suivant l'opinion de l'Abbé de Dangeau oin eft une vraye voyelle, c'eft-à dire, un for fimple, & je fuis de fon avis. Donc fi vous ne faites pas fentir l'N comme

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confone dans le Vers de Quinaut, il y aura deux voyelles de fuite, & par conféquent un hiatus défagréable : Donc il faut toujours prononcer en Vers mai-n-avare, divi-n-amour, &c. Or fi l'on prononce ainfi en Vers, pourquoi l'Euphonie ne me fera-t'elle pas prononcer de même en Profe? C'est gâter la Langue que d'établir de pareilles differences. Vous pardonnerez à un Normand de plaider pour l'N, & de tâcher de lui conferver fon rang de confonne ou de fon compofé, au moins dans les terminaifons fuivies d'une voyelle. En chantant il faut prononcer cam - p- ennemi, & non pas cang ennemi, & je foutiens qu'en dé clamant des Vers, il faut fuivre le même ufage. Je crois auffi que M. Ref taut, dont la Grammaire eft fi métho dique & fi inftructive, n'a pas raison fur l'N. Paffion aveugle, prononcé comme s'il y avoit paffion-n-aveugle, eft bien plus agréable à l'oreille, que fi I'N dans paffion, étoit prononcée comme voyelle nazale. Je ne fçai ausfi pourquoi il prétend qu'examen doit toujours fe prononcer comme Amen, même lorfque le mot fuivant commence par une confonne. Cette prononciation à mon gré fent le Collège.

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