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nonçoit un enfant Hebreu comme l'en nemi de fes Rois? Ofarphis par cette conduite imprudente ne fe rendoit-if pas évidemment fufpect auxEgyptiens?

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» D'ailleurs on ne veut pas que Moyfe ignore fa naiffance, fon fort » & fa Religion. Sa mere, dit-on » étoit toujours auprès de lui, & peut» on fupofer qu'elle ne l'en auroit pas » inftruit, pour le garantir des fauffes erreurs des Egyptiens?« M. l'Abbé N. répond que l'Ecriture n'ayant rien dit de l'âge auquel Moyfe apprit fon état & fa famille, il a pû profiter de ce filence, pour placer dans les convenances théatrales ce détail d'inftructions, qui a dû exciter dans l'ame de Moyfe tant de mouvemens différens. Mais P'Auteur me paroît confondre deux chofes l'Ecriture à la vérité ne dit rien du tems auquel Jocabel découvrit à Moyfe fon état; mais il eft bable qu'elle l'inftruifit de la véritable Religion, auffi-tôt qu'il eut l'u fage de la raifon. La Providence (comme dit la Perfonne éminemment refpectable) qui avoit deftiné la Mere de MoySe pour fa Nourrice, ne l'avoit fait, qu'afin de lui apprendre de bonne heure la Res Ligion

pro

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d'en

L'Auteur a profité des réfléxions qu'on avoit faites fur l'indécence, tondre parler Moyfe des faux Dieux & de leur culte, & il dit qu'il a fupprimé tota tement les endroits où il lui échapoit d'en parler. Cependant Ofarphis dans la fcéne IV, preflé par Phanés GrandPrêtre d'Oliris, de jurer l'obeiffance à la Loy du Pays, répond:

Oui, par le Ciel auteur de nos deftins profpe

res,

J'efpere d'obéir à la Loi de mes Peres,
Je fçai que le premier je dois m'y conformer.

Si ce n'eft là qu'une équivoque, estelle digne de Moyfe?

رو

» Il n'eft pas moins indécent, ajoute"t'on, de repréfenter Moyfe, le plus » doux de tous les hommes, vindica»tif, amoureux, & ambitieux. » Cette objection n'embarraffe point le Poëte. Qu'y oppofe- t'il la lépre de Marie fa fœur, la punition terrible de Coré & de fes complices. enfin l'ordre fanglant donné aux enfans de Levi. It eft étonnant que s'agiffant du caractere perfonnel du faint Legiflateur, M. l'Abbé Nadal cite des faits où il n'a été que le Miniftre du Tout-Puiffant ? Outre ces endroits répréhenfioles, il

m'a paru que Jocabel après avoir appris la naiffance à Ofarphis, ajoute peu fenfément,

Sans les troubles cruels dont l'Etat eft rempli
Ce fecret languiroit dans l'ombre enfeveli.

Quoi, fi Ofarphis eût paisiblement régné, Jocabel lui auroit éternellement caché fon état ? Un tel fentiment eft-il placé dans les convenances du caractere de la mere? Je trouve encore froide la fcéne où Tharbis vient trouver Ofarphis, après que fon Amant a été condamné à la mort. Elle étoit fuf ceptible des mouvemens les plus vifs.

Âu refte la reconnoiffance de Moyle eft très-bien conduite; fon caractere quoique défectueux, eft affez beau. On s'intereffe encore à Tharbis, à Amenophis, & à Jocabel. Mais les caracteres. d'Aaron & de Phanès ne font point développés. N'est-ce pas une équippée dans le premier, d'aller fe livrer à Pha

nés

s, pour être immolé à la fureur du Peuple, qui le croit cet enfant Hebreu ennemi des Rois d'Egypte ? A l'égard de Phanés, c'eft un perfonnage équiil est tantôt vertueux & tan

voque ;
tôt fcélerat.

Lettre au

de goût.

La verfification, affez bonne en plu fieurs endroits, eft quelquefois embarraffée & louche ; il y a quelques inverfions dures, & quelques endroits trop ampoulez. Un peu plus de force & de précifion dans certains fentimens bien amenés en auroit relevé la beauté, II ya quelques coups de théatre, qui font un bel effet. En général la piéce m'a paru bien conduite, & comparable en ce point à nos bonnes Tragé dies. J'aurois pourtant voulu qu'elle eût fini par la ceffion du trône, & qu'on eût fupprimé la fuite de Moyfe.

Croiriez-vous qu'un Geométre, un fujet des Phyficien, auroit entrepris de réfuter fort ferieufement Les effais fur le Gour de M. l'Abbé C. dont je vous ai rendu compte dans les75&77 Lettres? Ce qu'il y a de remarquable, eft que la Logique de l'un & de l'autre eft à peu près pareille on a de la peine à décider le quel des deux a l'imagination plus bondiffante, & le style plus découfu. Je Vous avoue pourtant qu'il s'en faut bien que le Cenfeur écrive avec autant de chaleur & d'agrément, que l'Au geur ingenieux qu'il attaque. Ce font deux beaux-efprits finguliers, dont l'un

eft trifte, dur & amer, autant que l'au tre eft gai, plaifant & folâtre. Comme celui-ci avoit témoigné beaucoup de mépris pour les Anciens, celui-là, pour les venger, ufe de reprefailles fur les Modernes, & croit peut-être les avoir tous terraffez, en imprimant de wives morfures fur l' Ecrivain célébre, qui eft à leur tête, & que la dent critique a depuis long-tems pris le parti judicieux de refpecter. Ce nouvel écrit eft intitulé: Lettre de Monfieur *** à Madame la Princesse de *** au sujet des Effais hiftoriques & critiques fur le Goût, A Paris chez Prault 1736. Brochure de 26 pages.

L'Auteur de cet Ecrit, après avoir combattu l'illuftre Auteur de l'Origine des Fables, ainfi que fon jeune & hardi Commentateur, prétend » qu'il eft faux » que du tems d'Homere on n'eût pas, » & qu'Homere n'ait pas eû les idées les plus fpirituelles de la fageffe, de la » justice, de la bonté, de la verité, de » la vertu même, & de la fainteté. Il est faux, ajoute-t-il, qu'un Poëme, com me l'Iliade, puiffe être fait par un efprit Crotoniate, qui ne connoiffe ≫rien de plus beau que d'affommer un bœuf d'un coup de poing, & qui n'ait point les idées fpirituelles de

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